法语助手
2022-08-08
Ce mec en culotte de fourrure s’apprête à faire quelque chose
qui va changer le destin de l’humanité.
Il va maîtriser le feu.
Ça, c’était il y a 400 000 ans, et ça nous a permis de développer notre gastronomie…
« Moi ce que j’aime, c’est les faire sur le feu, à la maison, tranquillement.»
… d’abréger les fêtes de famille…
… et de nous débarrasser des culottes de fourrure.
Beaucoup, beaucoup plus tard, l’humain parvient à faire l’inverse.
Maîtriser le froid.
Ce que l’on sait moins, c’est que cette seconde découverte a aussi beaucoup changé notre planète.
« C’est un des trucs super à Dubaï. Et ça marche très bien. »
1902, New York, dans une imprimerie.
Le directeur à un problème : l’humidité déforme le papier en cours d’impression.
Et le résultat est super moche.
La solution, elle vient de cet ingénieur, qui, contrairement à son voisin, n’a pas
encore de grosse moustache parce qu’il sort à peine de l’école.
Il invente pourtant cette grosse machine…
… dont on n’a pas le temps d’expliquer le fonctionnement.
Le truc, c’est qu’en modifiant l’humidité, cette grosse machine refroidit l’air.
Le jeune ingénieur décide de miser là-dessus.
Et ça marche.
Au départ, le climatiseur est très cher.
Mais il intéresse les cinémas qui sont alors, en gros, de grands hangars où l’on meurt de chaud dans le noir.
En été, autant dire qu’ils sont déserts.
Bref, la clim, c’est bien pratique pour vendre des places à ce moment-là.
Dans les usines aussi, il fait chaud, très chaud.
Pas grave, on se dit qu’un ouvrier qui transpire, c’est un ouvrier qui travaille dur.
Pour convaincre les patrons américains d’acheter des clims, les fabricants diffusent une étude qui tombe à pic :
elle montre que la productivité des fonctionnaires augmente de 24 %
avec une clim dans leur bureau.
L’air conditionné a donc au départ un intérêt économique et c’est ce qui favorise son développement.
Entre parenthèses, c’est d’ailleurs toujours le cas aujourd’hui.
La clim est utile aux gens qui travaillent, mais aussi aux machines.
Sans la clim vous ne pourriez peut-être pas regarder cette vidéo.
Puisque pour fonctionner, Internet a besoin qu’on refroidisse les serveurs.
Bref, dans les années 1950, plus petites, et moins chères, les clims envahissent ensuite les maisons des particuliers…
puis leurs voitures.
Au début des années 1960, 10 % des ménages sont équipés. Ils sont 90 % dans les années 2000.
Aux États-Unis, on ne peut plus s'en passer.
Les conséquences sont énormes :
La clim pousse à vivre davantage chez soi, ce qui a favorisé le développement de la télévision.
A l’inverse, on se déplace moins au stade pour regarder les matchs de base-ball.
Plus étonnant encore, la clim a des conséquences démographiques.
Avant, on observait une baisse du nombre de naissances exactement neuf mois après les périodes les plus chaudes.
Pas possible de procréer.
La diffusion de l’air conditionné a gommé une partie de ces variations saisonnières.
Plus de bébés, mais aussi moins de morts :
la clim a fait chuter la mortalité pendant les canicules.
Pour ceux qui veulent en savoir plus, vous retrouverez toutes ces études
dans les sources de cette vidéo. Mais on continue.
La clim a même changé le visage de l’Amérique, et surtout de cet endroit :
la Sun Belt, dans le sud du pays.
Jusque dans les années 1960, les Américains avaient plutôt tendance à partir travailler dans le Nord.
Eh bien la clim a aidé à rendre la Sun Belt vivable et même dynamique.
Sans rafraîchisseur d’air, des villes comme Miami ou Las Vegas n’auraient pas pu se développer.
C’est aussi ce qui s’est passé à Singapour ou à Dubaï.
Mais revenons aux Etats-Unis. La climatisation y a aussi des conséquences politiques.
Elle aurait même contribué à l’élection du président républicain Ronald Reagan, en 1980.
Pour ce politologue américain, une grosse partie des gens qui ont migré du nord vers le sud, grâce à la clim,
sont des personnes âgées, souhaitant passer leur retraite au soleil
Or, les personnes âgées aisées ont davantage tendance à voter pour les républicains.
Et des Etats-clés comme l’Arizona, le Texas ou la Floride, à majorité démocrate
au milieu du siècle, sont peu à peu devenus républicains.
Les villes aussi ont changé avec la clim.
Pour rester au frais, on construisait traditionnellement des maisons dans ce genre :
sol surélevé, porches ombragés et pièces en enfilade pour faire passer l’air.
Aujourd’hui, même sous le cagnard, on construit ça [gratte-ciel] :
Des tours de verre en plein soleil qui, sans la clim, seraient juste bonnes à faire pousser des tomates.
Alors, voilà, quand il fait chaud comme ça, on est bien contents de vivre au frais.
Sauf que ça, ce n’est pas sans risque.
D’abord, pour fonctionner, les climatiseurs utilisent des substances toxiques qui abîment la couche d’ozone.
Ensuite, les climatiseurs recrachent de l’air chaud.
À Phoenix, une étude a montré que la nuit, ils seraient responsables d’une augmentation des températures extérieures de 1 à 2 degrés.
Ce qui oblige, à l’intérieur, à les faire tourner encore plus.
Dernier point, les climatiseurs consomment une énergie folle pour fonctionner.
Un constat : aux Etats-Unis, l’énergie consacrée aux climatiseurs est la même que la consommation énergétique totale de l’Afrique.
Et le problème, c’est que ça va aller en s’aggravant.
Les ventes explosent dans les pays émergents, comme l’Inde, la Chine ou l’Indonésie.
Chaque seconde, 10 climatiseurs sont vendus dans le monde.
En 2050, on en comptera près de 6 milliards. Trois fois plus qu’aujourd’hui.
Willis Carrier, lui, est mort en 1950 avant d’avoir connu tout ça.
Mais l’entreprise qu’il a fondée à la suite de son invention, compte, elle, aujourd’hui 55 000 salariés.
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