法语助手
2022-09-02
0 mm, pas de pluie, ça devient catastrophique.
Un climat sec, ensoleillé et chaud qui n'en finit plus.
Et impossibilité d'arroser car il n'y a plus assez d'eau.
Je vais perdre 25 % de rendement sur 60 hectares.
Ce scénario récurrent va s'aggraver.
Cette carte représente l'évolution de l'indice de sécheresse des sols entre 1970 et 2055 prévue par Météo France.
Les sols seront de plus en plus souvent secs.
Or, sans eau, pas d'agriculture possible.
Alors comment faire pour, malgré tout, continuer de cultiver, et donc de se nourrir ?
Voyons d'abord ce qui se passe avec le climat.
S'il y a davantage de sécheresses, ce n'est pas forcément parce qu'il pleut moins.
Non, c'est parce que depuis une trentaine d'années, en France, il fait nettement plus chaud.
Dans la dernière décennie, plus d'un degré de plus que la température moyenne enregistrée entre 1961 et 1990.
Or, plus l'air est chaud, plus il a besoin d'eau pour son équilibre.
C'est physique.
Avec un climat tempéré comme en France, cela accentue l'évaporation de l'eau des sols.
Autre conséquence, la pluie a davantage tendance à tomber en hiver.
En plus, comme il y a plus d'eau dans l'air, il y a plus d'épisodes de pluies intenses.
Et ce phénomène accentue les longues périodes sans pluie et les vagues de chaleur.
Tout cela menace notre production de nourriture.
Des chercheurs ont fait le calcul à l'échelle de l'Europe et ont trouvé que les pertes agricoles liées aux vagues de chaleur et aux sécheresses ont triplé au cours des cinq dernières décennies, passant d'environ 2 % à 7 % entre 1991 et 2015.
Que faire pour limiter les pertes ?
Regardons comment les agriculteurs travaillent.
5 % d'entre eux pratiquent l'irrigation, tandis que 95 % dépendent complètement de la pluie.
Or, avec les sécheresses plus fréquentes, l'irrigation risque d'être amenée à se développer.
Mais pour irriguer, il faut des réserves d'eau.
Ce sont notamment les cours d'eau, les barrages ou les nappes souterraines alimentées par les eaux de pluie.
Sauf que quand il ne pleut pas du tout pendant longtemps, ces réserves sont à sec.
Alors pour contourner ce problème, une solution est déployée.
Il s'agit de construire des grandes retenues comme des piscines géantes et de les remplir en hiver, quand les nappes sont censées être pleines.
Quand vient l'été, ce stock d'eau est utilisé pour irriguer.
Dans les Deux-Sèvres, la construction d'une dizaine de retenues est à l'étude,
mais elles sont controversées, et ce pour deux raisons principales.
Pomper l'eau en hiver reviendrait à maintenir les nappes souterraines à un niveau bas toute l'année et à fragiliser les milieux aquatiques qui sont reliés à ces réserves, dont le Marais poitevin, la deuxième plus grande zone humide de France.
Ce qu'on voit à ce niveau-là, c'est la limite entre la tourbe et l'argile, entre cette accumulation de matière végétale et ces sédiments d'origine marine.
Et jamais, jamais, l'eau à cette saison ne devrait être en dessous de ce niveau de tourbe.
Dès lors qu'on est au niveau de l'argile, ça signifie que la végétation en surface ne peut plus s'alimenter par simple capillarité.
Dans une région exposée à une forte pression sur la ressource en eau,
les opposants reprochent aux retenues d'eau de n'être qu'un pansement, car l'autre critique porte sur l'efficacité du système.
Ces installations sont accusées de favoriser le maintien d'une agriculture trop gourmande en eau, ce qui renforcerait la vulnérabilité des exploitations en cas de sécheresse.
Cette opposition a donné lieu à une première en France,
un protocole d'accord dans lequel les agriculteurs qui veulent bénéficier des retenues d'eau s'engagent à adopter des pratiques plus respectueuses de l'environnement, notamment ce qu'on appelle l'agriculture de conservation des sols.
Elle permet justement de cultiver autant avec moins d'eau.
En quoi ça consiste et est-ce que ça marche ?
Là, ils sont heureux.
Florence Richard pratique l'agriculture de conservation des sols sur une centaine d'hectares.
Cela consiste en trois piliers : le couvert végétal, la rotation des cultures et le non-labour.
Parlons d'abord du couvert végétal.
Cela veut dire avoir des plantes dans les champs presque toute l'année et rien que ça, ça fait baisser la température des sols.
C'est comme si on portait un chapeau dans le désert.
Ça nous évite d'attraper une insolation et ça descend la température.
Et là, c'est un petit peu le cas également sur le sol.
Il y a donc un premier effet, c'est que les végétaux font de l'ombre.
Le deuxième, c'est que la couleur claire des feuilles renvoie les rayons du soleil davantage que la terre nue, plus sombre.
Et ça aussi, ça aide à garder les sols plus frais, et donc à limiter l'évaporation de l'eau.
Deuxième pilier.
Du blé, de l'orge.
Ces plantes qui se succèdent sur une parcelle doivent varier.
De la lentille, du sarrasin.
C'est la rotation des cultures.
Un de ses avantages, lutter contre les mauvaises herbes.
Sur les parcelles où on sème toujours la même chose, les mauvaises herbes s'adaptent et peuvent proliférer.
En variant les cultures, leur développement est perturbé.
C'est une plante indésirable.
Mais pas assez pour se passer complètement d'herbicide.
On en a besoin pour certaines choses, mais pour d'autres, on peut diminuer ou s'en passer.
On a de l'observation et c'est en fonction de la cible qu'on adapte notre dosage.
Le labour permet aussi de maîtriser les mauvaises herbes.
Mais ça, Florence Richard veut l'éviter absolument, car le non-labour, c'est le troisième pilier de l'agriculture de conservation des sols.
Ça, c'est un champ labouré.
La terre est retournée pour préparer le sol au semis.
Quand on ne laboure pas, il faut semer là-dedans.
Pour ça, il y a des outils spécifiques, comme ce semoir.
La graine descend dans ces tuyaux et les disques vont ouvrir un tout petit sillon.
Vous avez une petite lanière qui permet à la graine de retomber bien au fond du sillon.
Le premier avantage de ne pas la bourrer, c'est que les restes végétaux de la culture précédente sont laissés au sol, ce qui ralentit l'évaporation de l'eau.
Deuxième avantage, les micro-organismes,
les insectes et les vers de terre prospèrent car on ne touche pas à leur milieu.
Ils transforment les restes de végétaux en matière organique et les vers de terre travaillent et structurent les sols de manière verticale.
Tout ce réseau permet à l'eau de s'infiltrer en profondeur et de rester plus longtemps dans les sols, alors qu'un seul travailler est structuré horizontalement.
Avec une structure horizontale, l'eau s'infiltre moins bien, elle reste à la surface, s'évapore ou s'écoule à l'extérieur des champs.
C'est en quelque sorte de l'eau perdue.
Tout l'enjeu de la conservation des sols, c'est d'optimiser l'eau qui tombe dessus.
Ces pratiques que nous venons d'expliquer améliorent nettement la capacité d'infiltration de l'eau des sols, selon les premiers résultats de ce programme de recherche de l'INRAE. Cette eau reste davantage dans la terre avec une capacité de rétention de l'eau du sol améliorée de 10 à 15 %.
Petit bémol, ces améliorations varient en fonction des sols et sont peu marquées sur des sols sableux ou argileux indiqués en vert sur cette carte.
Mais ces pratiques ont un autre avantage.
Elles permettent d'absorber dans le sol une certaine quantité du CO2 contenu dans l'air.
Voilà comment ça fonctionne.
Le couvert végétal absorbe du CO2 pour grandir.
Lorsqu'il meurt, il s'intègre en partie dans le sol et y reste.
Le carbone se retrouve ainsi capturé sous terre.
C'est un levier non négligeable pour diminuer les émissions de CO2,
donc atténuer le changement climatique.
On calcule qu'on pourrait stocker en plus chaque année dans les sols de l'ordre de 30 millions de tonnes de C02, ce qui compenserait 6 à 7 % des émissions françaises de gaz à effet de serre, tous secteurs confondus.
À ce rythme, le stockage pourrait être efficace pendant une trentaine d'années.
Sans eau, pas d'agriculture possible, même en agriculture de conservation des sols.
Mais ces pratiques augmentent la résilience des exploitations, tout en participant à atténuer les causes même du changement climatique.
Pourtant, seules 5 % des surfaces agricoles utilisées en France sont engagées dans cette démarche.
L'agriculture de conservation suppose plus d'observation, d'adaptation aux conditions momentanées ou locales, plus d'intervention.
On remet en question tout ce que l'on a appris à l'école.
On remet en question toute notre observation.
Le sol ne réagit pas du tout de la même manière.
Les applications, il faut les voir différemment, à des stades différents.
Il ne faut plus avoir en tête de travailler en fonction des voisins, mais vraiment travailler en fonction de sa ferme.
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