法语助手
2025-08-11
J'ai vécu avec quelqu'un,
mon père, qui était gentil.
Et ça m'a beaucoup gênée.
Il était chef d'entreprise
et je le trouvais trop gentil
et moi j'aurais voulu qu'il affirme du pouvoir,
qu'il soit méchant,
et j'ai mis des années, des années, des années à comprendre que
bien sûr c'était lui qui avait raison
et c'est quand j'ai plu mon père que, évidemment,
le deuil fait réfléchir et je me suis dit,
je me suis plantée toute ma vie.
J'ai cru qu'être gentille,
c'était une faiblesse,
et que ce n'était pas classe,
et que ce n'était pas comme ça qu'il fallait se faire respecter,
en plus moi j'étais très rebelle,
donc plutôt assez violente,
donc j'ai mis à peu près toute ma vie
à comprendre la personne qu'était mon père et à me dire que,
ben non, la plus grande force, c'était d'être un gentil.
Mais voilà, j'ai compris un peu tard,
mais moi j'ai fini par comprendre,
donc j'ai écrit ce livre,
j'ai écrit ce livre pour ça.
Le livre dont parle la philosophe Laurence Devillairs, le voici.
Son objectif, réhabiliter la gentillesse.
C'est de ça dont on discute dans ce brut philo.
Il y a vraiment des philosophes qui se sont intéressés à ce sujet, la gentillesse ?
Ah, oui et non, c'est-à-dire il y a énormément de philosophes,
moi je dirais presque tous,
qui se sont intéressés à la question morale,
c'est quoi bien agir,
c'est quoi une bonne action
et c'est quoi être quelqu'un de bien,
donc il y en a énormément
qui ont essayé de faire le portrait de celui qui agit bien
ou tout au moins
décrire ce que c'est qu'une bonne action.
Donc ça, il y en a beaucoup.
Mais quand même,
j'ai été frappée de voir qu'il y avait très peu de philosophes
qui utilisaient le mot gentil.
Certain utilisaient le mot méchant.
Alors le grand philosophe de la morale,
c'est Quentin, philosophe des Lumières du 18ème siècle,
il utilise le mot méchant, il n'utilise pas le mot gentil.
La gentillesse, ça dépend forcément d'un rapport à l'autre,
c'est-à-dire qu'on n'est jamais gentil seul,
on est gentil par rapport à quelqu'un
ou dans un cadre social.
Comment vous la définissez, vous, la gentillesse,
ça veut dire quoi, faire le bien ?
Définir la gentillesse,
est-ce que je peux commencer par dire ce que ça n'est pas ?
Oui.
Ce qui est une manière de la définir.
Très souvent, presque systématiquement,
mais ça aussi vous avez dû le voir,
quand on dit de quelqu'un il est gentil,
immédiatement après on dit " Oui, non mais attends, c'est un compliment."
ou alors on dit "Oui, mais c'est un vrai gentil."
Bon alors, en quoi ça ne serait pas un compliment,
pourquoi on a besoin de le préciser,
et est-ce qu'il y aurait des vrais et des faux gentils ?
En tout cas, ce qui est intéressant,
c'est de voir que quand on essaie de définir la gentillesse,
donc de désigner quelqu'un comme étant gentil,
on est très embêté parce qu'on a l'impression
qu'on ne fait pas vraiment un compliment.
C'est vrai que le terme vrai gentil revient souvent.
Ça revient très souvent, vrai gentil, mais ça voudrait quoi ?
Qu'on peut mimer la gentillesse, qu'on peut être faussement gentil ?
Moi, je pense qu'on dit vrai gentil
parce qu'on veut dire que là, c'est un compliment,
c'est pas tant qu'il est vrai
parce qu'il y aurait défaut gentil,
c'est pour dire que la gentillesse,
c'est quelque chose de vrai.
Alors moi je pensais que c'était
parce qu'on peut imaginer que quelqu'un est gentil
parce qu'il attend quelque chose en retour,
il est gentil de manière utilitariste.
Je pense que ça, c'est la 2ème explication,
parce qu'on veut dire c'est un vrai gentil,
il l'est pas par intérêt, il l'est de manière,
il calcule pas d'être gentil,
il est gentil parce que ça s'impose à lui.
Maintenant on se dit effectivement qu'être gentil,
on se fera pas respecter.
C'est un peu un principe de Machiavel,
mieux vaut se faire craindre que se faire aimer.
Moi, je pense qu'on peut se faire craindre,
qu'on peut avoir de l'autorité,
qu'on peut susciter le respect
en restant parfaitement gentil,
avec ce qu'on a mis dans la gentillesse,
le fait d'être juste, le fait d'être ferme,
on peut être juste et ferme, le fait de...
d'être courageux.
Le gentil c'est aussi celui qui a quelque chose à défendre
et donc quelque chose à perdre,
c'est celui qui agit au nom de principes
plus important que sa petite personne,
donc c'est quelqu'un aussi qui ne va pas céder
sur certaines choses,
ce n'est pas du tout le bonasse qui va dire oui à tout,
c'est pas ça du tout le gentil,
il peut avoir une extrême fermeté.
J'ai le sentiment qu'aujourd'hui,
on parle abondamment de bienveillance plus que de gentillesse,
alors qu'en vérité,
on veut parler de gentillesse,
mais on ne dit pas le terme.
Alors, merci de me parler de la bienveillance,
parce que je crois qu'il y a quelques mots comme ça qui me font,
qui me donnent des réflexes de rage philosophique.
Je pense qu'on parle de bienveillance
parce qu'on ne sait pas parler de gentillesse.
Et donc on dit bienveillance
parce qu'on a l'impression que
ça n'a pas le défaut de la gentillesse,
que la gentillesse n'a pas pour moi,
mais ce défaut de faiblesse, de gentil,
parce qu'il peut pas être autre chose,
encore une fois c'est une erreur,
donc on pense qu'en disant bienveillance,
on évite tout ce qu'on attribue comme défaut à la gentillesse.
Pour moi, c'est comme un art martial,
la gentillesse, c'est vraiment une force,
c'est un art martial,
c'est une force qui renonce à la force,
c'est ça, le véritable art martial,
c'est comment vous utilisez votre force
pour que vous n'ayez pas besoin de la déverser ou de l'épuiser.
Pour moi, la gentillesse, c'est un art martial,
c'est comment utiliser la force
au nom de quelqu'un d'autre que moi,
au nom de plus grand que moi,
au nom de la justice,
au nom de la bonté,
et comment l'utiliser pour qu'elle ne passe pas par le fait de détester,
de dire sa détestation
et d'écraser ou d'humilier.
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