法语助手
2024-04-29
L'État est complice d'un génocide agricole.
Début 2024, agriculteurs et agricultrices manifestent.
On ne s'en sort plus.
Qui accepterait de travailler 40-50 heures par semaine
pour 600 € par mois ?
On n'a plus envie.
On a franchement plus envie.
Hausse du prix du gasoil, retards de paiement.
C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, pour cette profession qui,
d'après l'INSEE, est déjà dans une situation critique.
En 2021, 15 % d'entre eux ne dégagent
aucun revenu de leur activité.
Pourtant, sur ces mêmes données, le revenu moyen
par personne est de 1 800 € par mois.
Alors, quels sont vraiment les revenus des agriculteurs ?
Et quelle réalité cachent tous ces chiffres ?
Pour bien comprendre ces réalités, je suis allée rencontrer
les premiers concernés : les agricultrices et les agriculteurs.
On a parlé de leur installation, de leurs conditions de travail
et surtout de leur argent.
Bon, quand on parle de revenus agricoles, on pense forcément
à la vente des productions.
Sauf que l'agriculture regroupe des métiers très différents.
Je suis céréalier dans l'Eure.
Je suis éleveur allaitant dans les Alpes, en Isère.
Et je suis maraîchère en Bretagne.
En France, en 2022, on compte environ 400 000 exploitants
agricoles sur près de 290 000 fermes.
51 % font des cultures, 37 % de l'élevage
et 12 % un mélange des deux.
Je fais principalement des grandes cultures, c'est-à-dire des céréales.
On a à peu près 45 mères charolaises, les veaux, les bœufs, les génisses.
Je produis une quarantaine de fruits et légumes.
Toujours en 2022, les recettes des ventes atteignent
en moyenne 250 000 € par exploitation.
Mais en fonction de la filière, il y a de grandes disparités.
Les éleveurs porcins, par exemple, ont des recettes de 860 000 € en moyenne,
contre 220 000 pour les céréaliers ou 109 000 pour les éleveurs bovins.
Ces recettes dépendent fortement du prix de la production,
des volumes produits, mais aussi du mode de vente.
Quand je vends au magasin de producteurs, à la ferme, dans mes paniers
ou sur le marché, je décide de mes prix.
L'idée, c'est d'avoir un prix de vente qui permet de se rémunérer
ou au moins de faire fonctionner la ferme tout en restant à peu près au niveau
de ce qui se fait à côté.
Ce n'est pas comme moi, où je peux le stocker et je choisis que le 24 février, c'est là
où il est le plus haut, je peux le vendre.
Donc en gros, tous les jours, la première chose que je fais
en me levant, en prenant mon café, c'est que je regarde les cours.
Là, je peux vendre du blé pour l'année prochaine si je veux.
La fluctuation des prix est déterminante pour les revenus.
Sur l'année 2022, les éleveurs porcins ont par exemple
bénéficié d'une hausse spectaculaire du prix du porc.
La filière porcine est assez habituée à avoir des vagues de prix assez fluctuantes
et donc en porc, il y a des très bonnes années et des très mauvaises.
Pour assurer des recettes minimum et garantir la sécurité
alimentaire des Français, les agriculteurs ont aussi droit à des aides.
Il y a la PAC.
PAC pour Politique agricole commune.
Depuis les années 60, les pays européens
ont mis en place des subventions à l'agriculture.
La majeure partie de ces aides est proportionnelle
à la surface agricole.
Or, selon les filières, les surfaces utilisées
sont très différentes...
Un hectare et demi en tout.
Un petit peu moins de 100 hectares répartis sur 7 communes différentes.
300 hectares sur l'exploitation.
En 2022, la surface agricole
utilisée par les maraîchers est en moyenne 10 fois plus petite que
celle utilisée pour la production de céréales ou de betterave.
Et on retrouve cette disparité dans le montant des aides directes
distribuées par la PAC.
Du coup, plus on a grand, plus on gagne.
Donc, elle pousse à l'agrandissement des fermes
et pas forcément à être performant sur cette surface.
Mais à faire la course aux hectares.
Mais la surface n'est pas le seul critère.
Après, il y a des aides qui sont modulées par rapport à tes pratiques
et ce que tu fais sur l'exploitation.
Parmi ces autres aides, il y a les écorégimes, mis en place en 2023.
Il s'agit de subventions qui récompensent les pratiques
vertueuses pour l'environnement.
Par exemple, si j'ai assez de haies ou de couverts végétaux ou de jachère,
j'ai le droit à des aides.
Et il y a ensuite les aides au développement rural.
Par exemple, mon père a fait des installations de panneaux photovoltaïques.
Moi, j'ai acheté certains types de matériel pour réduire les intrants et donc là,
j'ai eu des aides grâce à ça.
Ces aides permettent aussi de maintenir l'activité
dans certaines zones rurales isolées.
J'ai notamment l'indemnité compensatoire de handicaps naturels.
Ici, tout est en pente.
C'est beaucoup des petits prés.
Les vaches ont un vrai rôle d'entretien de la montagne ici.
Enfin, certaines aides ponctuelles viennent soutenir les filières en difficulté
ou compenser les pertes liées aux aléas climatiques,
comme par exemple pour la tempête Ciaran en 2023.
Sur les 7 tunnels que j'avais, il n'y en a que 2
qui sont restés debout et intacts.
Les autres ont été arrachés ou écrasés par la tempête.
Si on reprend la répartition des recettes des exploitations en 2022,
on voit que les aides représentent 1/3 des recettes des producteurs de viande bovine,
alors qu'elles représentent moins de 5 % des recettes en maraîchage.
Bon, tout ce qu'on a vu, c'est de l'argent qui rentre.
Mais en face, bien sûr, il y a des dépenses
et elles sont importantes.
La tenue d'une ferme représente chaque année des charges fixes.
L'eau, l'électricité, par exemple,
des taxes foncières pour les terres, la certification bio par exemple,
ça coûte à peu près 500 € par an.
Tout ce qui est cotisations.
Sauf que nous, c'est pas l'URSSAF, c'est la MSA quoi.
À cela s'ajoutent des dépenses d'approvisionnement pour la production.
Ça va être tout ce qui est semences ou plants.
Les produits phytosanitaires, les engrais.
Et après des charges courantes d'entretien du matériel,
de gasoil.
Et pour certains s'ajoute le fermage, c'est-à-dire la location
des terres cultivées.
Ces charges pèsent plus ou moins lourd dans le budget des agriculteurs.
Ces dernières années, c'est particulièrement important
pour les éleveurs de porcs et de volailles nourris au grain.
Suite à la guerre en Ukraine, on a triplé le prix des engrais
et on a doublé le prix des céréales.
La mécanisation a aussi rendu les agriculteurs particulièrement vulnérables
aux variations du prix du pétrole.
Au printemps, on a une dizaine de lots de vaches
à gérer en permanence.
Pas mal de dénivelé aussi à faire avec les tracteurs,
donc ça consomme un peu.
Et quand le gasoil était l'an dernier à 2 € du litre,
ça fait vite monter la note aussi.
En vrai, moi, je suis coincé entre les deux.
C'est soit le pétrole, c'est-à-dire qu'on passe
avec plusieurs fois dans nos champs pour essayer de réduire la chimie,
ou c'est la chimie et on réduit le pétrole.
Mais ce qui pèse aussi beaucoup dans les dépenses,
ce sont les emprunts réalisés pour débuter l'activité agricole.
Là encore, il y a de nombreuses disparités.
J'ai eu la chance d'avoir un prix familial, on va dire ça comme ça.
Je reprends l'exploitation à mon père, c'est-à-dire que je lui rachète
une partie de l'exploitation.
Et pour se lancer dans l'élevage,
les ressources nécessaires sont encore plus élevées.
Il y en a pour 2 à 3 000 € par vache.
Donc on est vite à des montants d'investissements qui sont lourds.
Enfin, les charges de personnel sont très grandes
dans les cultures peu automatisées comme le maraîchage.
Je vais employer quelqu'un un peu plus d'un mi-temps
et ça fait un petit peu comme si je devais payer 2 fois
mon emprunt tous les mois.
Bon, reprenons les recettes moyennes des exploitations en 2022,
déduisons les charges.
Il reste le bénéfice annuel qu'il faut encore rapporter
au nombre de personnes à la tête de l'exploitation.
On obtient le solde disponible.
On constate que certaines filières, comme le maraîchage et l'élevage de bovins,
peinent plus que les autres à dégager des bénéfices.
On va dire qu'aujourd'hui, on se fait un SMIC à peu près à 1000...
1200-1300.
Ce n'est pas trop mal.
Après, il est arrivé qu'une année, on n'avait pas assez de vaches à vendre.
Pendant 6 mois, on a choisi de ne pas se prélever de l'argent.
Donc cette année, qui va être ma troisième saison vraiment complète,
je commence à me rémunérer.
Et en année 5, l'idée, c'est d'arriver à peu près à un SMIC.
L'équivalent du SMIC, mais pour un temps de travail
particulièrement élevé.
En 2019, les agriculteurs déclaraient
travailler 55 h par semaine en moyenne.
Avec une contrainte et une responsabilité H24.
Si on regarde les revenus en fonction de la taille des exploitations,
toutes filières confondues, on se rend compte que plus elles sont grandes,
plus les bénéfices sont importants.
Je trouve que moi, depuis que je suis arrivé dans le milieu agricole, on
augmente toujours pour pouvoir en vivre et donc ça pousse les gens
à racheter des terres et à toujours avoir plus gros, plus gros, plus gros.
Et avec les bénéfices de leur ferme, les agriculteurs doivent encore
arbitrer entre se rémunérer et investir.
En tant que céréalier, on n'est pas les moins bien lotis.
En gros, moi, je me sors un SMIC et le reste, même si j'ai
un peu plus d'un SMIC, je le réinvestis.
Par exemple, pour acheter du matériel, des terres,
des animaux, des bâtiments.
Mais il y a des choses qui sont aussi payées par la ferme.
La plupart de mon carburant, mes abonnements de téléphone.
Malgré cela, certains agriculteurs
choisissent d'exercer une autre activité pour s'assurer un minimum de revenus.
Selon la Sécurité sociale agricole, en 2020,
plus d'1/3 des nouveaux agriculteurs était pluriactif.
Ce sont des activités qui ne sont pas toujours très rémunératrices
dans les premiers temps et ils ont besoin de garder une certaine stabilité.
Les revenus des agriculteurs sont donc très inégaux.
Certains s'en sortent relativement bien, d'autres peinent à se payer
et les moyennes nationales reflètent difficilement
la diversité de cette situation.
Enfin, il faut garder en tête que ces revenus
peuvent varier du tout au tout.
Tous les ans, on jette les dés et on voit ce qu'on va faire, quoi.
Covid, guerre, sécheresses, inondations peuvent à tout moment
chambouler les revenus du monde agricole.
Une situation qui risque de s'aggraver
avec le réchauffement climatique.
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