法语助手
2025-04-13
Au début du XXᵉ siècle,
la Joconde n'est pas encore la star du musée du Louvre.
Elle va le devenir
après qu'un ouvrier italien,
Vincenzo Peruggia la dérobe.
Cette brusque disparition
donne lieu à une interminable enquête,
qui s'étale sur des années.
Cette affaire va passionner le grand public,
et contribuer à faire de ce tableau,
le plus célèbre du monde.
À l'été 1911,
une vague de chaleur s'abat sur la France.
Paris n'est pas épargnée par la canicule,
mais s'apprête à connaître
un autre gros coup de chaud.
Le 21 août 1911, à 6 h du matin,
le vitrier italien Vincenzo Peruggia,
29 ans, quitte sa petite chambre
située rue de l'Hôpital Saint-Louis,
dans le 10ᵉ arrondissement.
Vêtu de sa blouse de travail,
il marche dans l'aube déjà tiède,
et atteint 30 minutes plus tard
la rue de Rivoli,
qui longe le musée du Louvre.
Nous sommes lundi, aujourd'hui,
le célèbre monument est fermé au public.
Mais ses portes restent ouvertes
pour les ouvriers de la maison Gobier,
une entreprise de verrerie.
Le Louvre, dont plusieurs toiles
ont été récemment victimes de vandalisme,
a décidé de protéger ses 1 600 pièces
les plus importantes.
Employé chez Gobier,
Vincenzo a passé les derniers jours
à installer des verres protecteurs sur les toiles du Salon Carré.
Une petite salle située au premier étage.
En arrivant au Louvre,
le vitrier échange quelques mots avec ses collègues.
Puis il pénètre dans le musée,
et traverse la grande galerie,
avant de continuer jusqu'au Salon Carré.
À l'intérieur, il n'y a personne.
Vincenzo est seul.
Seul avec quelques tableaux
et son projet insensé.
Dans cette salle, les jours précédents,
il a mis sous-verre plusieurs toiles de maîtres italiens.
Pour un patriote comme lui,
cette mission a été douloureuse.
Il ne se résigne pas
à voir ces chefs-d'œuvre
accrochés aux murs d'un musée français.
Alors, c'est décidé,
il va s'emparer de l'un de ces tableaux,
pour le ramener à la maison.
Mais lequel ?
Un tableau retient son attention,
il est de petite taille, 77 cm de hauteur, 53 de large.
Il présente l'avantage d'être facile à manipuler.
C'est une œuvre du célèbre Léonard de Vinci.
Le portrait de Mona Lisa,
qu'on appelle aussi la Joconde,
dont il a eu le temps d'admirer l'énigmatique sourire.
Il décroche le portrait,
et sans perdre une seconde,
il se faufile dans un escalier du musée.
Là, à l'abri des regards,
il retire la vitre et le cadre.
Il ne conserve que le panneau de bois
sur lequel Léonard de Vinci
a peint Mona Lisa,
et il le glisse sous sa blouse.
Puis Vincenzo sort tranquillement du musée,
en tenant, serré contre son buste,
le tableau du maître florentin.
Une fois chez lui,
il le cache dans le double fond d'une valise.
Un peu plus tard dans la matinée,
un gardien effectue sa ronde habituelle.
Il remarque bien l'emplacement vide du tableau.
Mais il pense que l'œuvre a été déplacée par les conservateurs.
Sans doute, le temps d'une restauration
ou d'une photographie.
Il ne juge pas nécessaire de prévenir la direction.
Je rappelle, en 1911,
la Joconde n'a pas la renommée
dont elle jouit aujourd'hui.
Ce portrait du XVIᵉ siècle
représente une femme florentine,
Lisa Gherardini, que l'on appelle aussi
Monna Gherardini.
Monna avec deux n,
abréviation de Madonna qui signifie dame ou madame.
La Joconde, comme on l'appelle également,
est un diminutif du nom de famille de son époux,
Francesco del Giocondo.
Le tableau a été peint en Italie,
probablement entre 1503 et 1506.
Il arrive en France en 1516,
à l'occasion de la venue de Léonard de Vinci au Clos-Lucé,
sur invitation du roi François Iᵉʳ.
Plus tard, le roi achète le tableau
qui, une fois entré dans la collection Royale,
voyage entre Fontainebleau, le Louvre, les Tuileries et le château de Versailles.
La Joconde est présentée
pour la première fois au public en 1798
au Louvre, devenu musée national.
Jusqu'au début du XXᵉ siècle,
le portrait de Monna Lisa
est une œuvre qui n'intéresse
que les connaisseurs, les galeristes,
les critiques d'art et les artistes.
Et justement, le lendemain du vol,
le mardi 22 août, Louis Béroud,
un peintre copiste accrédité par le Louvre,
se rend sur place pour faire un croquis
de sa prochaine toile.
Monna Lisa.
Il se rend donc au Salon Carré
et quand il arrive, il est très déçu.
Devant lui, le mur est vide.
Il se renseigne, les gardiens lui rétorquent
que le tableau se trouve sans doute
dans l'atelier photographique.
"Y en a-t-il pour encore longtemps ?"
Demande le copiste.
Lui aussi, aimerait bien tirer le portrait de Monna Lisa.
Les gardiens répondent qu'ils vont se renseigner.
Les heures passent,
et lorsque Louis Béroud
sollicite à nouveau les surveillants,
ceux-ci sont un peu gênés.
Le tableau n'est pas chez les photographes.
Mais alors, où se trouve-t-il ?
Il faut bien se rendre à l'évidence :
la Joconde a disparu.
À 11 h, la Préfecture de Police est prévenue.
Une soixantaine d'agents débarque,
envoyée par le préfet Louis Lépine.
On donne aussitôt l'ordre de fermer le musée
pour une semaine et on le passe au peigne fin.
On retrouve le cadre et la vitre protectrice
abandonnée, dans un petit escalier
qui mène à la cour Visconti.
Le criminologue Alphonse Bertillon,
féru de science et pionnier dans l'identification judiciaire,
relève sur la vitre une empreinte de pouce.
C'est un indice capital.
Le préfet Lépine jubile et en est convaincu,
l'affaire sera résolue dans les prochaines 24 heures.
La police prend les empreintes
de 257 personnes qui travaillent au Louvre.
Mais la technique est encore balbutiante,
et l'empreinte relevée sur la vitre
insuffisamment précise.
Coup de chance pour Vincenzo Peruggia,
qui passe entre les mailles du filet.
Lépine fulmine, le directeur du Louvre démissionne.
Et l'affaire commence à prendre de l'ampleur.
La presse s'en empare
et le public entend parler de ce tableau.
D'autant que les promesses de récompenses sont lancées ici et là.
La Société des Amis du Louvre,
par exemple, promet 250000 francs
à qui retrouvera la Joconde.
La revue L'illustration, 500000 francs.
La notoriété de la Joconde
grimpe en flèche, et son emplacement vide
commence à attirer des visiteurs
venus du monde entier.
Certains n'hésitent pas, parfois
à y déposer quelques fleurs.
Pendant ce temps, l'enquête piétine,
et conduit à de nombreuses impasses.
On ne compte plus les mythomanes
qui revendiquent le vol,
comme l'écrivain italien Gabriele d'Annunzio.
On perd également un temps précieux
sur de fausses pistes, comme celle
qui mène au célèbre poète Guillaume Apollinaire.
On est arrivé jusqu'à lui car après le vol,
le musée a fait l'inventaire de ses pièces
et a découvert avec stupéfaction
qu'il lui en manquait près de 300.
Parmi elles, des statuettes qu'un escroc
du nom de Gabriel Pierret a vendu
à son ami Apollinaire en 1907.
Pierret n'est plus en France,
mais Apollinaire, lui, est emprisonné le 7 septembre 1911.
Il n'a plus les statuettes,
il les a revendues à un autre artiste,
un certain Pablo Picasso,
interrogé à son tour.
Après une rapide enquête,
tout le monde est relâché.
Mais le mystère de la Joconde reste entier.
Alors, où peut-elle se cacher ?
Eh bien, toujours dans le double fond d'une valise
que Vincenzo Peruggia
a simplement planqué sous son lit.
Le voleur n'a pas quitté Paris.
Mais le 29 septembre, l'inspecteur Brunet
frappe à sa porte, sans grande conviction.
Celui-ci a entrepris d'interroger
à nouveau des ouvriers présents le jour du vol.
On ne sait jamais.
"Et ce jour-là, monsieur Peruggia, vous n'avez rien remarqué de spécial ?"
L'italien ne panique pas face à l'inspecteur,
il s'efforce de paraître le plus naturel possible.
Pourtant, il sait que là, sous le lit,
se trouve l'objet que la Préfecture de Police
cherche depuis plus d'un mois.
Le tableau va-t-il enfin être découvert ?
Non.
Le policier repart,
content d'en avoir rapidement fini
avec ce suspect de pacotille.
Deux ans passent.
Deux années durant lesquelles
Monna Lisa reste introuvable,
alors qu'elle n'est qu'à 3 petits kilomètres du Louvre.
Le musée semble même avoir fait son deuil du tableau.
À son emplacement, on a accroché le portrait de Balthazar Castiglione,
une toile de Raphaël.
Mais l'affaire va connaître un rebondissement.
En 1913, Vincenzo quitte la France
pour Florence et bien sûr, il emporte le tableau avec lui.
Monna Lisa fait enfin son retour en Italie,
et bien cachée dans le double fond d'une valise.
Peu de temps après,
sous le faux nom de Leonardo,
il prend contact avec l'antiquaire florentin Alfredo Geri.
Il lui révèle qu'il est en possession du célèbre tableau,
et qu'il est prêt à le lui vendre.
Comme quoi, les motivations patriotiques
de Vincenzo n'expliquent pas tout.
Le voilà à deux doigts de s'en mettre plein les poches.
Avant de passer à la caisse,
Alfredo Geri souhaite cependant faire authentifier le tableau.
En douce, il fait appel
au directeur de la galerie des Offices,
le grand musée de Florence.
Et le verdict tombe,
il s'agit bien de la Joconde.
Mais Alfredo Geri sait parfaitement
que le tableau a été volé à Paris.
Comme il ne veut surtout pas d'ennuis,
il dénonce Peruggia
qui est arrêté sur le champ,
dans sa chambre d'hôtel.
Fin de la partie.
Le voleur n'est condamné qu'à une peine de 7 mois de prison.
Ses explications nationalistes
lui valent beaucoup d'indulgence en Italie,
où Monna Lisa a le droit à une grande tournée d'adieu.
Florence, Rome, Milan,
où elle est exposée au public.
Finalement, le 31 décembre 1913,
elle est de retour au musée du Louvre,
où elle est accueillie en grandes pompes.
La Joconde est devenue si célèbre
que toutes les mesures de sécurité sont prises,
pour éviter un nouveau vol.
Durant la Première Guerre mondiale,
comme une grande partie des collections du musée,
elle est transférée dans un lieu secret
à Bordeaux puis à Toulouse.
Elle réintègre le musée parisien en 1918.
On lui trouve alors une place de choix
dans la Grande Galerie.
En 2005, le tableau change de place.
Monna Lisa s'installe dans la salle des États,
sur une cimaise indépendante.
Un traitement particulier
pour fluidifier le flot de visiteurs
qui viennent parfois au Louvre
avec une seule idée en tête :
Voir la Joconde.
Avec 200000 visiteurs quotidiens,
elle est au XXIᵉ siècle,
l'objet d'art le plus visité au monde.
Cette célébrité,
Monna Lisa la doit bien sûr à son sourire
énigmatique, mais aussi en grande partie
à sa mystérieuse disparition,
un beau jour de l'été 1911.
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