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Pas de panique les amis, ça,
c'est un film : "Armageddon", sorti en 1998.

Bruce Willis, Liv Tyler et Ben Affleck font face à un astéroïde
grand comme le Texas qui fonce droit vers la Terre.

L'humanité a 12 jours pour agir.

Un vrai cauchemar.

[en anglais] "Vous avez 12 jours"
C'est une fiction, bien sûr.

Mais ce scénario catastrophe pourrait-il se produire dans la réalité ?

Et que se passerait-il si un gros caillou, venu de l'espace, frappait réellement notre planète ?

Qui pour nous sauver ?

[en anglais] "Je jure devant Dieu que je le ferai"
En 1999, un an après la sortie d'Armageddon,
on découvre un nouvel astéroïde en orbite autour du Soleil.

Son petit nom : "Bénou".

C'est un oiseau de la mythologie égyptienne.

Sa taille avoisine les 500 mètres de diamètre : un beau bébé
Bénou est ce qu'on appelle un "astéroïde géocroiseur".

Tous les six ans, sa trajectoire coupe l'orbite de la Terre
à la vitesse phénoménale de 100 000 km/h.

Et à cette occasion, il se rapproche dangereusement de nous à moins de 300 000 km.

Si proche, que les astronomes pensent que ce monstre pourrait nous percuter dans quelques années.

Ça fout la trouille.

Mais avant d'en dire plus, il faut être bien au clair sur ce dont on parle quand on dit "astéroïde".

D'où viennent ils ?

A quoi ressemble t il ?

Posons la question à quelqu'un qui a l'habitude d'en voir beaucoup.

Un extraterrestre...

"Ah non, moi je suis astrophysicien."
Ah... Pardon !

"Un astéroïde, c'est une sorte de caillou qui vole dans l'espace.

C'est les restes de la formation du système solaire,
il y a 4,6 milliards d'années.

C'est intéressant parce qu'elles ont la composition qu'avait le système solaire quand il s'est formé.

Et la plupart des astéroïdes se trouvent dans la Ceinture d'astéroïdes,
entre Mars et Jupiter."
Et là, on va tout de suite
apporter une précision très importante : les astéroïdes ne sont pas des comètes.

"Les comètes ont une composition différente :
elles sont composées principalement de glace, de gaz, de poussière et de roche.

Quand elles s'approchent du soleil, cette glace va fondre et former des belles queues qu'on peut observer.

La principale différence aussi, c'est l'endroit d'où elles proviennent : la plupart des comètes viennent
d'un endroit qui s'appelle "le nuage de Oort", qui se trouve très, très loin, aux confins du système solaire.

C'est pour ça que certaines mettent des centaines de milliers d'années avant de revenir.

C'est des longs voyages."
Bon, on l'a compris :
rien à voir.

Alors, revenons à nos astéroïdes.

Ils ont vraiment... une drôle de tête.

Regardez à quoi ils ressemblent : il y en a des ronds, des longs, des tordus.

Ces objets cosmiques doivent leur aspect irrégulier
aux impacts et aux collisions qu'ils ont subis durant des milliards d'années.

Leur taille est aussi très variable.

Certains sont aussi massifs que des planètes naines ;
d'autres, sont de gros cailloux qui ne dépassent pas quelques centaines de mètres.

Tous ces rochers faits de carbone, de roche et de métal ne posent aucun problème...

Tant qu'ils restent à leur place.

Mais lorsqu'ils ont la mauvaise idée de s'en échapper,
certains peuvent fondre sur nous et pénétrer sans passeport ni visa dans notre atmosphère.

"Là déjà, ils vont changer de nom :
on va appeler ça un "météore".

Et ce qui est intéressant, c'est que l'atmosphère va le réchauffer.

Donc la plupart du temps, ces astéroïdes vont se désintégrer, former une belle boule de feu
qui va traverser le ciel, ce qu'on appelle communément des "étoiles filantes" et qui est quelque chose de
très beau à observer, qu'on peut voir régulièrement dans nos cieux."
Mais il arrive aussi que ces météores atteignent le sol.

Dans ce cas, on les appelle des "météorites".

On estime que chaque année, 100 000 à 200 000 tonnes de ces objets tombent sur Terre.

Bref, il en pleut tous les jours.

Pas de panique, la plupart du temps : il n'y a pas de danger.

Ouf !

Mais parfois, ces cailloux venus de l'espace font quelques dégâts.

Regardez : le 15 février 2013, par exemple,
ce météore de 15 à 17 mètres s'est fragmenté dans l'atmosphère
entre 20 et 40 km d'altitude au dessus de Tcheliabinsk, en Russie.

L'onde de choc a été telle qu'elle a blessé plus d'un millier de personnes.

Pas de mort, mais il s'en est fallu de peu.

Il y a 66 millions d'années, les dinosaures, eux, ont eu beaucoup moins de chance.

Il faut dire que l'astéroïde qui aurait provoqué leur disparition était d'un tout autre calibre.

Un véritable monstre.

Ces reptiles règnent en maîtres absolus depuis près de 200 millions d'années.

Rien ni personne ne semble être en mesure de menacer leur existence...

Sauf cette bombe rocheuse venue du ciel !

Un astéroïde géant de 12 km de diamètre,
responsable de l'extinction d'une grande partie des dinosaures.

Les scientifiques le surnomment "l'impacteur de Chicxulub".

Pas facile à dire, ça.

Il a frappé notre planète ICI, au niveau de l'actuelle
péninsule du Yucatan, au Mexique, avec une force inimaginable.

La collision a eu lieu en pleine mer.

Elle est si puissante qu'elle provoque une vague géante d'environ 1 500 mètres de hauteur.

Wow !

"L'impact a généré une énergie
équivalente à plusieurs milliards de bombes atomiques.

Ça a créé un cratère de 150 km de diamètre, et évidemment,
ç'eut un impact énorme sur la faune et la flore, avec des incendies qui sont apparus,
un immense nuage de poussière qui a fait que pendant plusieurs mois, ça s'est refroidi,
parce qu'il n'y avait plus de lumière du soleil.

On a eu ce qu'on appelle un "hiver d'impact" et c'était pas terrible pour la biodiversité à l'époque.

[en anglais] C'est ce qu'on appelle un cataclysme mondial.

C'est justement cet hiver d'impact
qui serait à l'origine de l'extinction de plus de 75 % des espèces terrestres.

C'est la plus récente des cinq extinctions massives,
si l'on exclut celle qui est en cours à cause du réchauffement climatique.

Cette collision, donc, marque un véritable tournant dans l'histoire de notre planète,
car elle a une conséquence complètement inattendue : elle ouvre la voie au développement des mammifères,
ce qui permet à Homo sapiens de faire son apparition sur Terre des millions d'années plus tard.

Sans Chicxulub, nous n'existerions probablement pas.

Mais cela peut-il vraiment se produire à nouveau ?

Rien n'est impossible.

Vous vous souvenez de lui ?

C'est Bénou, l'astéroïde géocroiseur dont je vous ai parlé tout à l'heure.

Il s'approche régulièrement de la Terre, si près, qu'une collision n'est pas à exclure.

Alors, est ce qu'elle pourrait vraiment faire disparaître l'humanité ?

"Probablement pas parce que Bénou est
quand même bien plus petit que l'astéroïde qui a fait disparaître les dinosaures.

Mais après, c'est toujours difficile.

C'est difficile de prédire les conséquences d'un tel impact."
Histoire d'anticiper,
les scientifiques ont effectué un calcul très précis de l'orbite de Bénou et de ses futures trajectoires.

Ils ont aussi calculé le risque de collision entre aujourd'hui et l'an 2300.

Les résultats sont plutôt rassurants.

La probabilité d'un télescopage est faible.

Une chance sur 1750.

Je ne voudrais pas paraître pessimiste, mais les personnes qui jouent à l'Euromillions
ont une chance sur 140 millions d'emporter le jackpot.

Ça fait réfléchir.

Les chercheurs sont allés encore plus loin, en déterminant une date possible pour un éventuel impact.

Il s'agit - sortez bien vos agendas -
du mardi 24 septembre 2182, dans l'après-midi.

Bénou pourrait nous tomber sur le coin de la tête dans 157 ans,
ce qui nous donne un sérieux avantage par rapport à Bruce Willis
qui, lui, n'avait que 12 jours pour réagir.

Dans "Armageddon", quand le héros fait exploser un astéroïde
avec une tête nucléaire pour éviter une collision fatale : c'est du beau spectacle.

Je dirais même : c'est de la bombe.

Mais est-ce une bonne idée ?

Hmmm, pas sûr.

Pour la plupart des scientifiques, ce serait une grave erreur
car dans la réalité, les débris gigantesques générés par une telle explosion
pourraient retomber sur Terre, et à nouveau multiplier les risques d'impact.

Ce serait ballot, quand même.

A la NASA par exemple.

on a réfléchi à une autre option, tout aussi spectaculaire mais moins risquée.

Il ne s'agit pas de faire exploser un astéroïde menaçant, mais de dévier sa trajectoire.

Un peu comme au billard, quand une boule en percute une autre.

Ils sont trop forts, ces Américains.

Pour vérifier si c'est possible, l'Agence spatiale américaine n'a pas hésité à précipiter
une sonde de la taille d'une petite voiture sur un astéroïde.

C'est la mission D.A.R.T. : "Double Asteroid Redirect Test".

L'astéroïde en question, le voici.

Baptisé "Dimorphos",
il gravite autour d'un autre astéroïde plus massif à 11 millions de kilomètres de la Terre.

Dimorphos est moins grand que Bénou,
seulement 160 mètres de diamètre. L'impact entre lui et la sonde
a fait... Comment dire... Des étincelles.

"L'impact a été vraiment impressionnant.

La sonde arrivait à 22 000 km/h, elle est rentrée dans l'astéroïde.

ça a arraché 37 rochers, ça a déformé l'astéroïde et ça a même changé sa trajectoire.

Ça montre qu'aujourd'hui, on est capable de dévier un astéroïde.

Ça a été photographié par plusieurs télescopes, notamment le télescope Hubble
et aussi le télescope spatial James Webb."
Mais ne crions pas victoire,
car l'espace peut toujours nous réserver de très mauvaises surprises.

La plupart des astéroïdes géocroiseurs du type Bénou
sont surveillés comme le lait sur le feu par les astronomes.

On sait précisément où ils se trouvent et comment ils se comportent.

Mais il existe d'autres corps célestes, comme les comètes,
qui sont beaucoup moins prévisibles, et donc potentiellement plus dangereux que les astéroïdes.

La preuve : ça s'est produit il y a tout juste 30 ans
chez la voisine : Jupiter. Entre le 16 et le 22 juillet 1994,
les fragments d'une comète que l'on n'avait pas vus venir se sont écrasés à sa surface.

"Shoemaker-Levy" - c'est son nom - n'a été repéré qu'un an avant l'impact.

Un temps bien trop court pour réagir si elle s'était dirigée vers notre planète.

La rencontre, qui a été photographiée par les astronomes, a été d'une violence inouïe.

La même chose sur Terre... et on finissait comme les dinos.

Et c'est précisément cet événement qui a motivé les scientifiques à trouver
des solutions miracles au cas où le ciel déciderait de nous tomber sur la tête.