法语助手

Si vous avez la chance d'être un jour parti en classe de neige,
c'est grâce à ce monsieur: Max Fourestier,
un médecin scolaire.

C'est un bon coup de fouet physiologique,
si je puis m'exprimer ainsi!

Il a tout simplement inventé la classe de neige
et aussi la classe de forêt et la classe de sieste,
on y reviendra.

Max Fourestier, c'était d'abord un bon élève,
un sportif et le fils d'une institutrice.

Alors lorsqu'il devient médecin scolaire,
il a l'intention de faire bouger les choses.

L'école communale de Vanves n'est pas une école comme les autres.

L'école Gambetta, à Vanves donc, devient son laboratoire.

Il y découvre des élèves de banlieue proche de Paris,
plutôt pauvres et chétifs, dans les années de manque de l'après-guerre.

En fait, le médecin est horrifié par leur fragile santé.

Alors, il facilite leur accès aux soins dentaires
et expérimente le mi-temps pédagogique:
cour le matin, sport l'après-midi.

Et donc, par l'exercice physique et par le sport,
il essaye de leur redonner la santé,
de les revigorer, c'était un peu le terme de l'époque.

Son idée, c'est de susciter leur épanouissement par le corps,
de leur inculquer le goût de l'effort et le sens du collectif,
et de former une jeunesse robuste qui résiste aux maladies.

Lui a été aussi atteint de la tuberculose.

Il a été soigné à la montagne dans les Alpes,
dans un sanatorium.

Pour lui, en fait, la montagne soigne, elle est magique.

Et puisque la montagne, ça vous soigne,
Fourestier décide d'y emmener ses écoliers.

Trente-cinq garçons de 12 à 13 ans
quittent le ciel gris de la banlieue parisienne
pour aller suivre leurs cours durant un mois, en pleine montagne.

Le format:
cours classique avec l'instituteur le matin et ski l'après-midi.

Ils expérimentent de nouvelles choses,
ils utilisent la nature à proximité pour faire des sciences de la vie de la terre,
ils utilisent une visite d'une bergerie ou d'une scierie
pour faire des mathématiques
où ils visitent un musée pour apprendre l'histoire ou la géographie. Voilà.

Ce bol d'air pédagogique vise aussi à retirer les enfants
à leurs parents pour - momentanément -
effacer les différences d'éducation et mettre tout le monde à égalité.

Sa vision s'inspire du modèle anglo-saxon
qui a sanctuarisé l'éducation par le sport,
mais en moins élitiste.

Son slogan:
Oxford à l'école communale.

L'instituteur se rend compte que le matin
que les élèves sont assez motivés dans les apprentissages.

Ils essayent de mieux apprendre
et de travailler de façon plus efficace,
parce qu'ils savent que l'après-midi,
ils sont sur les pistes de ski.

Le principe est concluant et sept ans plus tard,
environ 20 000 élèves français partent en classe de neige dans l'hiver.

Fourestier poursuit ses tests avec la première classe de forêt en 1959.

Il se bat pour que puissent partir des filles en situation de handicap mental.

Direction l'Allier pour deux semaines.

Il impose aussi la sieste aux élèves
grâce à un système qui transforme les classes en dortoirs.

Fourestier veut croire à ses résultats,
notamment sur le mi-temps pédagogique.

Au BEPC, c'est-à-dire l'équivalent de l'ancien brevet élémentaire,
88% des élèves en juin dernier ont été reçus à leur examen,
alors que 60% seulement des élèves de classe témoin ont été reçus.

C'est aussi une conception performative de la santé:
On compare les morphologies,
la croissance des muscles ou les vitesses de course.

Des résultats mis en scène par Fourestier,
qui mobilise son réseau
pour faire le service après-vente de ses tests dans des revues spécialisées,
à la télé, quitte à exagérer un peu.

Il n'y a qu'à voir cette photographie extraordinaire.

Quatre ans séparent, en quelque sorte ces deux photos.

Mais le mi-temps pédagogique peine à convaincre
et il se heurte à une vision culturelle éloignée du modèle anglo-saxon.

Apprendre à utiliser son corps et à faire des activités physiques ou du sport,
ce n'est pas forcément ce qui est le plus vendeur
auprès des parents pour faire carrière ou trouver un métier, en fait.

Donc il y a une survalorisation, en France, des activités intellectuelles.

La place du corps est quand même très minorée.

En 1969, c'est le tiers-temps qui s'impose,
où on ajoute des activités d'éveil.

Le mi-temps disparaît
mais Max Fourestier lègue son nom à un centre hospitalier
et aux plus chanceux d'entre nous,
quelques souvenirs d'enfance indélébiles.

Les petits citadins auront-ils, une fois lents, leur classe des nerfs?

On doit l'espérer.