法语助手
2025-09-16
Pourquoi sommes-nous si attachés à nos jours fériés ?
Alors oui, évidemment, c'est parce qu'on aime s'y reposer et qu'on en a besoin.
Mais dans le fond, que représentent ces jours-là ?
Car ils ne sont pas seulement liés à des pratiques religieuses ou à des objectifs politiques.
Ils ont aussi parfois été imposés par la volonté populaire.
Ça peut surprendre,
mais il y a eu des périodes au Moyen Âge avec des dizaines et des dizaines de jours fériés par an,
liés à des fêtes religieuses.
Depuis 1797, ils avaient été ramenés au nombre de 17,
mais en 1802, pour la France, on les ramène au nombre de quatre.
Noël, le jeudi de l'Ascension, le 15 août, la Toussaint.
Donc, l'origine de notre liste de jours fériés,
c'est cette date-là: 1802.
Et progressivement, des jours fériés ont été ajoutés en fonction des régimes successifs.
Vous savez que la France en a connu beaucoup, puisqu'il y a eu un certain nombre de révolutions, coups d'État, etc.
Pour le pouvoir en place, supprimer un jour férié lié à un ancien régime ou en créer un nouveau,
c'est une façon de légitimer son pouvoir.
Car il peut ainsi valoriser certains aspects, ou certaines valeurs de notre histoire commune.
Par exemple, quand, sur la troisième République,
on décide de fixer le 14 juillet comme jour de fête nationale,
on a beaucoup hésité pour savoir quel jour on allait choisir,
entre le 14 juillet, le 4 août, le 22 septembre, etc.
Finalement, on prend le 14 juillet,
bon, c'est un renvoi au rôle du peuple dans la Révolution.
Le jour férié est donc un outil de cohésion nationale.
On pensera à la célèbre conférence de Renan de 1892: Qu'est-ce qu'une nation ?
Former une nation, c'est se souvenir ensemble, vouloir faire des choses ensemble,
donc célébrer ensemble le même personnage ou surtout le même événement.
14 juillet, 11 novembre, etc.
Bien sûr qu'il y a un enjeu de cohésion nationale.
Mais cet enjeu de cohésion nationale me semble actuellement avoir peut-être pas disparu,
mais avoir été largement diminué.
Ces jours-là rendent compte de notre histoire et aussi sont des marqueurs culturels et même de synchronicité sociale.
C'est-à-dire qu'ils permettent aux personnes de pouvoir se retrouver en famille, entre amis, parce qu'on peut anticiper les dates.
Et donc il y a un effet de construction et d'adhésion à des valeurs.
Ce sentiment d'adhésion à des valeurs, ne vient pas toujours du pouvoir.
Il s'agit parfois d'aspirations populaires.
Le 1er mai en est l'exemple le plus flagrant puisqu'il tire ses origines dans les manifestations syndicales réclamant la journée de 8 heures en 1886 à Chicago.
Mais il y a aussi trois jours qui ont été déclarés fériers parce que le peuple avait pris l'habitude de ne pas travailler ces jours-là.
Le 1er janvier était devenu, de fait, chômé depuis un grand nombre d'années sous l'Empire
et chômé mais non légalement férié,
on ne savait pas trop sur quel pied danser par rapport à ces protêts que les créanciers avaient le droit ou pas le droit de déposer.
Alors là, petite explication:
si vous deviez de l'argent à quelqu'un, votre créancier,
mais que vous ne le remboursez pas à la date convenue,
celui-ci pouvait protester -avec un protêt- pour signifier aux huissiers que vous ne l'aviez pas payé.
Mais pouvait-il le faire les jours où personne ne travaillait ?
Pour clarifier les choses, on dit en 1810:
le 1er janvier est un jour férié légal,
donc pas de protêt possible.
C'est exactement la même chose qui s'est passé en 1886
pour le lundi de Pâques et le lundi de Pentecôte.
C'est aussi l'attachement populaire à certaines commémorations qui a joué un rôle dans la mise en place de nos jours fériés.
C'est ainsi que lorsqu'il a été décidé de créer la Fête de la victoire et de la paix,
après la Première Guerre mondiale, il y a eu d'abord une loi en 1921
qui dit que cette fête de la victoire de la paix sera célébrée le 11 novembre si le 11 novembre tombe un dimanche,
mais que si le 11 novembre tombe un autre jour de la semaine,
la fête sera différée au dimanche suivant.
Là-dessus, grande colère des anciens combattants,
qui étaient un groupe extrêmement important à l'époque.
Et en 1922, le Parlement vote une nouvelle loi qui dit que le 11 novembre sera célébré le 11 novembre,
qu'il s'agisse d'un dimanche ou qu'il s'agisse d'un jour de la semaine.
Que ce soit notre relation à la pratique religieuse,
notre mémoire commune ou les enjeux économiques,
nos jours fériés ont au moins le mérite de nous pousser à la réflexion.
Je crois que ce qui manque dans le débat politique aujourd'hui,
c'est une vraie réflexion sur le travail.
On a ça chez les chercheurs,
dans beaucoup de médias intelligents portent cette idée qu'il faut avoir une réflexion d'ampleur sur le travail, la pénibilité,
qu'est-ce que c'est que travailler plus longtemps, etc.
Et aujourd'hui, la place du travail dans notre société,
elle n'est pas portée politiquement.
Et ça, c'est quand même un vrai problème quand on veut aborder une suppression d'un jour férié.
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