法语助手
2025-06-22
Est-ce que vous mettez toujours une majuscule en début de phrase ?
Si la réponse est non, vous avez probablement 27, 28 ans maximum.
Et comme vous, une partie de la génération Z semble l'abandonner en début de phrase,
dans leurs messages privés, sur les réseaux,
et de temps en temps sur la messagerie du bureau.
Et ce n'est pas une question de flemme, mais de choix.
Souci esthétique?
Rejet des règles apprises à l'école?
La chose n'est pas nouvelle.
Des artistes et militants l'ont fait par le passé, voici pourquoi.
D'abord un peu d'histoire.
Dans notre alphabet, la séparation majuscule/minuscule apparaît à l'époque de Charlemagne.
On écrit alors en capitales, mais pour gagner du temps d'écriture et de la place sur des parchemins qui coûtent très cher,
on adopte la minuscule caroline.
Depuis, la majuscule est toujours présente en début de phrase, c'est une majuscule de position,
au début des noms propres, on parle de majuscule de signification,
ou pour certains acronymes.
La majuscule nous sert à repérer visuellement, très rapidement, où commence une phrase.
Il y a vraiment une fonction visuelle à la majuscule,
qui, au milieu d'un texte, nous permet,
même si on est interrompu par exemple de notre lecture,
de revenir rapidement à la phrase où on était.
On vous a demandé votre avis en story et vous avez été environ un millier à confirmer la tendance.
En gros, une partie de la génération Z l'abandonne,
premièrement pour se détacher de sa valeur formelle.
Le programme scolaire prévoit qu'on apprend à mettre une majuscule au début de la phrase et à la finir par un point.
Et évidemment, tout ce qui est lié à quelque chose de scolaire va être associé à quelque chose de formel en bout de piste.
Abolir la majuscule permet de réduire l'impression de solennel et de sérieux,
un peu comme l'abandon du point final.
Ça permet aussi de donner l'impression d'une conversation continue,
sans début ni fin, et donc de quelque chose de plus intimiste.
Dans ces bulles conversationnelles, il n'est pas nécessaire d'ajouter une majuscule,
comme il n'est pas nécessaire de saluer systématiquement votre interlocuteur dans des messages vocaux.
Deuxième raison: c'est un marqueur générationnel.
Et là, rien de nouveau, les jeunes veulent se démarquer des vieux, ils ont toujours fait ça.
À n'importe quelle époque.
Ici, on veut se placer dans le camp des personnes qui maîtrisent la technologie.
La plus jeune génération, connaît très bien les outils qui sont à sa disposition sur un téléphone.
Donc par exemple, elle est consciente qu'il y a une option qui lui permet de désactiver la majuscule.
Je ne suis pas sûre que toutes les personnes qui ont en leur possession un téléphone,
puissent fouiller dans leurs options pour aller désactiver volontairement la majuscule.
Plus simplement, certaines personnes trouvent le fait d'écrire sans majuscule plus esthétique,
vous avez été plusieurs à nous le signaler.
Et, de manière plus inconsciente, l'écriture numérique nous a déjà habitués à son absence,
dans nos adresses mail ou nos identifiants sur les réseaux.
La tendance se retrouverait quasi-exclusivement dans la sphère privée, moins en contexte professionnel.
Ce qui montre une capacité à s'intégrer à ce que le sociologue Pierre Bourdieu appelait un marché linguistique.
L'entrée sur le marché du travail, c'est une entrée dans le monde adulte,
et c'est aussi une entrée dans le marché linguistique.
Garder des marqueurs liés à la jeunesse, pendant qu'on entre sur le marché du travail,
ça pourrait nous nuire, par exemple,
pour progresser à l'intérieur de l'entreprise.
Ce qui fait que les jeunes vont abandonner la pratique,
ou, du moins, s'ils ne l'abandonnent pas,
continuer à garder les deux pratiques,
tout en sachant très bien qu'il y en a une qui n'est pas valorisée sur le marché du travail.
Des personnalités ont utilisé ce ressort pour des raisons artistiques.
Comme le poète américain E. E. Cummings,
ou des raisons plus politiques:
l'intellectuel bell hooks voulait attirer l'attention sur la substance de ses textes plutôt que sur son nom.
Et aujourd'hui, par effet de mode,
on retrouve la tendance chez des marques ou dans des titres de chansons,
chez Billy Eilish ou Charli XCX par exemple.
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