法语助手
2024-09-11
2 Août 2024.
Romane Dicko décroche la médaille de bronze olympique.
Vingt jours plus tard, changement d'ambiance.
Elle apparaît en pleurs sur ses réseaux sociaux.
J'ai essuyé mes larmes, mais ça fait,
je pense, trente minutes que je pleure dans ma voiture.
Je viens de me prendre une claque de « Romane, t'es pas championne olympique ».
T'as échoué.
C'est horrible.
La judoka est l'une des rares athlètes encore en carrière
à exprimer publiquement ce qu'elle appelle ce bluses d'après Jeux olympiques.
Son aîné dans la discipline, Émilie Andéol, championne olympique en 2016,
nous a confié l'avoir vécue également.
Pour les athlètes, ce petit blues, ou dépression après les Jeux, c'est normal.
On s'entraîne pendant quatre, huit ans,
même voire plus, pour aller chercher cette médaille olympique.
Quand ça s'arrête, c'est wow...
La chute, elle est intense.
Ce sentiment souvent caché par les sportifs, elles sont loin d'être les seules à le vivre.
La dépression post-olympique, ça existe vraiment.
On se sent presque perdu, on ne sait plus quoi faire,
oû aller, ni même qui on est.
J'ai l'impression que, à ce moment-là,
j'ai raté ma vie.
Rio, 12 août 2016, Émilie Andéole est championne olympique.
Ça a été... wow, cool !!!
J'ai vécu des émotions intenses.
Et je me suis dit: mais oui, Émilie Andéole, toi, t'es arrivée à obtenir ce Graal.
Une médaille d'or qui a pourtant un revers,
qu'Émilie Andéole découvre lorsqu'elle rentre chez elle.
Ça a été compliqué pour moi, parce que j'étais là:
mais qu'est-ce que je peux aller chercher plus ?
Quand on est athlète de haut niveau,
on nous conditionne à avoir tout le temps des objectifs.
Et quand du jour au lendemain, on n'en a plus, eh beh, wow !
Et là, on se dit: wow !
Qu'est-ce qu'on fait ?
Qui on est ?
Où on va, quoi ?
Et ça, c'est le pire.
Cette situation n'est pas rare chez les athlètes de haut niveau après une compétition.
Pour performer à ces très hauts niveaux de compétition,
c'est un travail très long,
qui nécessite un investissement très important sur le plan physique,
psychologique et sur le plan social aussi.
C'est comme s'ils étaient sous pression, un ballon sous pression.
Et une fois que c'est fini, bah la pression chute.
Et il n'est pas rare de voir
un mécanisme qu'on appelle en anglais « Resource depletion »,
c'est-à-dire l'épuisement des ressources.
C'est un épuisement émotionnel, c'est un épuisement physique,
c'est une perte de sens, parce qu'on a tout investi dans ce projet-là.
Cet état d'épuisement peut être d'autant plus intense lorsque le sportif vit un échec,
qu'il se blesse, qu'il n'a pas de médaille ou qu'il n'a pas celle qu'il espérait.
Selon les travaux de ce professeur en psychologie du sport,
six sportifs sur dix peuvent vivre des expériences traumatiques liés à l'échec lors de compétition.
Cela peut aller d'un effondrement émotionnel,
d'une baisse de niveau de performance
jusqu'à des états dépressifs ou de stress post-traumatique.
C'est notamment lié à une chose: la préparation des sportifs,
basée sur la... performance, performance,
performance, performance, performance.
Il faut savoir qu'en athlète, on nous met tout pour pas... limite...
qu'on pense, qu'on s'éparpille et qu'on soit
focus que sur l'objectif premier, qui est d'aller chercher des médailles
et que c'est vrai qu'on occupe cette partie d'échec.
On croit que, pour plus gagner, il faut se former à gagner.
Alors qu'en fait, quand on n'a plus peur de l'échec,
on peut se libérer de ce que l'on cherche à faire.
Du coup, on peut s'engager totalement dans ce que l'on fait.
Travailler sur l'échec, c'est gagner.
Mais travailler sur l'échec, c'est travailler sur la durabilité du sportif.
En France, le code du sport impose aux sportifs de haut niveau un bilan psychologique tous les ans.
Visant à dépister des difficultés pouvant être liées à la pratique intensive du sport.
Pour un suivi plus régulier sur la santé mentale et le bien-être des sportifs,
cela dépend de la volonté de chaque athlète,
entraîneur, club ou fédération.
Cela devrait pourtant être systématisé, estime ce psychologue du sport.
Je pense qu'aujourd'hui, il faudrait que tous les sportifs,
quand ils rentrent dans une académie,
dans un centre de formation, dans un pôle espoirs,
devraient accéder à un programme de développement sur le plan psychologique.
Parce que souvent, ce qu'on repère,
c'est que les psychologues ou les préparateurs mentaux sont appelés pour éteindre les incendies.
C'est déjà un peu tard.
Les staffs sportifs doivent être un peu vigilants
et s'assurer que le travail qui est fait sur le plan mental
soit un travail qui soit vraiment dirigé vers la santé mentale des sportifs
et pas seulement sur la gagne.
Petit à petit, les choses évoluent sur la question de la santé mentale dans le sport.
De plus en plus d'athlètes parlent et ouvrent la discussion.
C'est dans ce sens qu'Emilien Andéol a publié un post sur Instagram pour évoquer le blues d'après Jeux olympiques.
Je veux que la parole se libère pour que ce soit naturel, ce après.
On le vit tous, à différents degrés, mais on le vit tous.
C'est normal.
Et de ne pas avoir honte.
Donc maintenant, il faut que cette partie-là soit bien prise en compte, en considération.
Et c'est ce qui me manque maintenant.
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