法语助手
2024-01-14
Vieux de plus de huit siècles,
Barbe Bleue n'en finit pas de terroriser ses lecteurs.
Secret, punition, trahison, suspense, violence,
les éléments presque parfaits d'un conte pour enfants...
Mais ce qui se cache derrière cette sombre histoire de féminicide
nous aide à comprendre comment la culture populaire
représente la violence conjugale et l'initiation sexuelle des jeunes femmes.
Dans une lecture contemporaine, c'est un encouragement à prendre notre destin en main.
Vous connaissez peut-être La Barbe Bleue de Charles Perrault,
écrivain à la cour de Louis XIV, connu pour ses contes merveilleux.
Dans sa version de ce conte,
une jeune fille épouse un homme laid et riche.
Alors qu'il s'absente et lui interdit d'ouvrir une pièce du château,
elle enfreint la règle et découvre les corps pendus de ses précédentes épouses.
Une légende populaire y voit une inspiration royale.
Vers 1500, Henri VIII, roi d'Angleterre, a eu six épouses
et en a tué deux, exécutés par décapitation.
Une histoire vraie, connue de Charles Perrault.
Autre origine souvent prêtée à Barbe Bleue, Gilles de Rais,
baron du XVe siècle, pédocriminel et tueur d'enfants.
Il tuait des enfants lors de pratiques magiques dans son château de Tiffauges, je crois.
Voila! Mais ça n'a rien à voir,
et certainement, Perrault ne s'est pas référencé à Gilles De Rais.
Cet amalgame entre ce baron et Barbe Bleue s'est construit au XIXe siècle dans l'ouest de la France.
Les actes du baron étaient tellement effroyables
qu'ils se sont installés dans l'imaginaire populaire.
En réalité, les origines de Barbe Bleue sont beaucoup plus anciennes
et ont une double référence.
Une chanson médiévale, « La Maumariée » ou « La Mal Mariée »,
qui retrace l'histoire d'une femme battue,
et surtout, une référence à un ancien conte oral qui circulait au Moyen-Âge:
l'histoire d'un cheval blanc qui tue ses femmes,
la dernière découvre les corps démembrés de ses sœurs,
dans une pièce qui lui est interdite.
On retrouve plusieurs similitudes entre les deux versions,
comme la clé tachée d'un sang ineffaçable,
preuve de la transgression de la jeune épouse.
À l'époque de Perrault,
il y a beaucoup de lettrés qui s'inspirent de la matière orale pour écrire des contes,
alors écrire vraiment et publier des contes.
Mais Perrault, lui, ses versions à lui
qui ont été le plus gardées et qui se sont le mieux diffusées,
soit par le colportage, soit par les images d'épinal,
parce qu'il a su finalement garder,
j'allais dire, l'épine dorsale du conte,
les formules fortes.
Alors que les autres lettrés de son époque, du XVIIe siècle,
ont dilué ça en les mettant à la mode de la cour ou des lettrés auxquels ils s'adressaitent.
La réécriture de Charles Perrault s'est très largement diffusée,
à tel point que les animaux des versions orales
ont adopté le physique de Barbe Bleue.
La barbe noire au reflet bleu comme un corbeau,
est perçue comme un dernier signe de son animalité.
Traditionnellement, ces histoires étaient racontées lors de veillées
auxquelles assistaient adultes et enfants.
La publication de Perrault s'adresse aux adultes lettrés,
à la cour, et aux jeunes filles.
L'interprétation, je crois, qui est la plus admise,
est une interprétation de l'initiation sexuelle des femmes.
Il semble bien que la chambre, la chambre interdite,
dans laquelle on ne peut rentrer, c'est le corps de la femme.
Le corps de la femme que seul le mari, qui en a la clé, peut ouvrir.
Donc, à l'époque, les femmes, finalement, devaient leur initiation au seul mari, en fait.
En désobéissant, en transgressant l'interdit,
et pour la version orale, en sauvant ses sœurs,
la jeune épouse s'affranchit de l'autorité de son mari
et prend son destin en main.
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