法语助手
2024-10-30
La sécurité des présidents est quelque chose de sensible.
À bas la Macronie !
Ouh là !
Pour éviter les incidents, l'État ne lésine pas sur les moyens.
- Gardes du corps. - Voitures blindées.
Accès contrôlé.
Ils ont pensé à tout sauf... à ça.
Le Monde révèle l'existence d'une faille de sécurité d'ampleur inédite,
au plus près des principaux chefs d'État de la planète.
Une faille qui permet de les suivre à la trace lors de leurs déplacements.
Elle peut mettre en danger leur vie.
Lui, c'est Pierre.
Il aime courir, faire du vélo
et même sauter en parachute.
À l'aide de sa montre connectée ou de son téléphone,
il enregistre ses performances sur Strava.
Une application très populaire chez les sportifs.
Elle permet de partager ses activités en ligne,
comme sur un réseau social.
Jusque-là, rien d'anormal.
Sauf que Pierre n'est pas n'importe quel sportif.
Sur cette publication, il commence sa course ici.
Devant la porte d'entrée du palais de l'Élysée.
Il court 42min dans le centre de Paris.
Et il revient à son point de départ.
En fait, Pierre fait partie du GSPR, le Groupe de sécurité
de la présidence de la République.
C'est-à-dire les gardes du corps du chef de l'État.
Pour le protéger, on ne peut pas vous montrer son visage.
Mais on l'a identifié dans le dispositif de sécurité du président,
sur bon nombre de ses déplacements.
Pour le trouver, il nous a suffi de quelques opérations simples
sur l'application Strava.
D'ailleurs, il n'est pas le seul membre du GSPR
à être actif sur la plateforme.
Au total, nous avons trouvé les profils publics
de 12 d'entre eux.
En les parcourant, on voit apparaître des footings
aux 4 coins du monde : Tokyo,
Saint-Pétersbourg, Jérusalem.
Et plein d'autres endroits.
Autant de destinations où ils ne vont pas en vacances.
Ces déplacements correspondent exactement à ceux des présidents
François Hollande puis Emmanuel Macron.
Au total, nous avons pu en identifier plus de 100,
entre 2016 et 2024.
Si on regarde plus précisément, Pierre et ses collègues sont parfois sur place
1 jour ou 2 avant le président.
C'est ce qu'on appelle partir en précurseur, pour repérer les lieux et les sécuriser.
Souvent, ils en profitent pour faire un petit footing.
Par exemple, le 27 janvier 2024, un autre membre du GSPR est actif sur Strava,
dans le sud de la Suède, à Lund.
13km en 1h de course autour de la ville.
3 jours plus tard, c'est au tour du président
et de la Première dame d'y faire leur apparition
pour une visite d'État dans le pays.
En soi, les déplacements du président sont souvent annoncés à l'avance.
Mais il existe une information particulièrement confidentielle
lors de ces déplacements : l'endroit précis où il va loger.
L'information est tellement sensible que lorsqu'elle fuite,
cela oblige le président à changer ses plans.
C'est ce qu'il s'est passé en 2017 à Lille.
Emmanuel Macron était censé passer la nuit
à l'hôtel Mercure, en plein centre-ville.
Sauf que l'information avait fuité dans la presse.
Pour des raisons de sécurité, il avait donc finalement changé d'hôtel
et dormi à Roubaix.
Justement, l'hôtel où Macron va dormir, dans de nombreux cas,
on peut l'identifier sur Strava.
Pour sécuriser les lieux, certains gardes du corps sont parfois logés
dans le même établissement que le président.
Si l'on regarde leurs activités réalisées avant son arrivée,
elles nous conduisent parfois au pied même de son hôtel.
Par exemple, le 28 septembre 2020, Emmanuel Macron
se rend à Vilnius, en Lituanie.
Pour une tournée de quelques jours dans les pays baltes.
Ce qu'on voit en fait, c'est que le 25 septembre 2020,
donc 3 jours avant l'arrivée d'Emmanuel Macron à Vilnius,
Pierre est déjà sur place.
Il en profite pour faire un footing géolocalisé.
Celui-ci termine ici, au pied d'un hôtel 5 étoiles,
le Grand Hotel Vilnius.
Une fois arrivé sur place, c'est bien dans cet établissement
qu'Emmanuel Macron dort.
C'est aussi dans une salle de réunion de ce même hôtel
qu'il rencontre la principale figure d'opposition biélorusse,
alors en exil dans le pays pour sa sécurité.
Donc 3 jours à l'avance, n'importe qui pouvait,
grâce à Strava, connaître le lieu normalement confidentiel
où le président allait séjourner.
Ce principe-là se vérifie à de nombreuses occasions.
En 2022, les funérailles de la reine
d'Angleterre doivent se tenir le 19 septembre à Londres.
Dès le 17, 2 gardes du corps d'Emmanuel Macron sont sur place.
Encore une fois, si on regarde en détail,
ils démarrent et terminent leur course à quelques dizaines de mètres
d'un palace londonien assez connu, l'Hotel Savoy.
A posteriori, on a confirmation que c'est bien là qu'Emmanuel Macron
et sa femme ont séjourné.
Il y a même une photo d'eux dans le hall de l'hôtel.
Diffusée sur le réseau social LinkedIn par le directeur de l'établissement.
Au total, nous avons été en mesure d'identifier l'hôtel d'Emmanuel Macron
avant qu'il y séjourne 10 fois via ce procédé.
Quand on a découvert cette faille, on a eu du mal à y croire.
Ce qui est préoccupant, c'est que tout ça on l'a trouvé à 2
en faisant des recherches juste avec nos ordinateurs
pendant quelques semaines.
Imaginez le même travail avec les moyens et les compétences
d'un service de renseignement.
Puisqu'on n'était pas mal intentionnés, avant de publier quoi que ce soit,
on a tout anonymisé.
Et, 10 jours à l'avance, on a contacté les autorités pour qu'elles
puissent prendre les mesures nécessaires.
Mais malgré nos demandes d'interview, l'Élysée n'a pas souhaité nous recevoir.
Ils nous ont fait parvenir ce mail par écrit, sans répondre à nos questions précises
et en minimisant les risques liés à cette faille.
"Les conséquences des faits mentionnés sont très faibles.
Elles n'ont en aucun cas des impacts sur la sécurité
du président de la République.
Si le lieu de villégiature du président est également identifié,
son habitation est totalement sécurisée, le risque étant donc totalement inexistant".
Le Monde maintient ces informations et leur gravité.
Par ailleurs, la faille de sécurité que représente Strava ne se limite pas
à la question des déplacements du président.
La vie privée des agents du GSPR, qui y est exposée,
est une autre brèche potentielle.
Cet agent affiche publiquement sur son profil son vrai nom de famille
et son visage.
Il publie des photos de ses sorties le week-end.
Celui-ci s'affiche avec sa femme et sa fille.
On identifie même l'adresse de leur domicile.
On ne va pas vous faire un dessin.
Entre de mauvaises mains, tous ces éléments pourraient être utilisés
pour faire pression sur les agents du GSPR et mettre à mal la sécurité du président.
D'autant que la brèche pourrait s'avérer encore plus importante.
Sur Strava, nous avons aussi pu identifier 8 profils
d'employés de la présidence.
À nouveau, c'est une porte ouverte sur leur vie professionnelle et privée.
Arthur, par exemple, se prend ici en photo avec sa fille
dans la cour de l'Élysée.
Régulièrement, certains d'entre eux courent d'ailleurs
avec des gardes du corps.
Comme ici, où ils accompagnent le président
dans sa résidence d'été, au fort de Brégançon,
sur la Côte d'Azur.
Là-bas, ils en profitent encore pour partager sur Strava
ces moments privilégiés.
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