法语助手
2024-09-03
Des billets, on en utilise tous les jours,
mais est-ce que vous vous êtes déjà demandé
où ils étaient produits ?
Eh bien, la réponse, c'est ici.
On est à Chamalières,
à l'imprimerie de la Banque de France
et c'est de là que proviennent la majorité
des billets que vous avez dans les poches.
Ici, jusqu'à 3 milliards de billets sont imprimés
chaque année.
Et ça se passe sur deux sites hyper-sécurisés
dans lesquels on circule de sas en sas et où on n'accepte
ni portefeuilles ni téléphones.
Une sécurité maximale qu'on retrouve aussi à la surface
des billets, à condition de bien les regarder.
Je suis persuadé qu'un pourcentage très très faible
de la population est conscient du niveau technologique
qu'il y a dans les billets.
Dans cette vidéo, on va vous montrer comment sont
fabriqués les billets, mais aussi ce qui se cache
derrière ces bouts de papier.
Nos euros, ils viennent principalement d'Auvergne
et plus précisément de deux sites :
l'imprimerie à Chamalières
et la papeterie à Vic-le-Comte.
Et c'est à la papeterie, dans ce grand hangar,
que tout commence.
Tout ce que vous voyez autour de moi,
c'est du coton.
Un billet, à la base, c'est ça.
Parce que oui, comme l'écrasante majorité des
devises utilisées dans le monde, nos euros sont
imprimés sur du coton, une matière particulièrement
souple et résistante dans le temps.
Avant toute chose, les fibres vont être triées et
aérées pour éliminer les contaminants
et les plastiques.
L'intérêt, c'est que c'est des fibres courtes qui
n'ont plus d'utilité dans l'industrie textile.
En revanche, pour faire des billets,
c'est ce qu'il y a de mieux.
Ces machines peuvent traiter jusqu'à une tonne
de coton par heure.
Ici, c'est l'atelier bivis.
C'est là qu'on va commencer à nettoyer le coton, à le blanchir,
et on va commencer à préparer la pâte à papier.
Une fois propre, c'est l'heure pour notre coton de
se jeter à l'eau.
Et pas n'importe quelle eau, c'est l'eau de
l'Allier qui passe juste à côté de la papeterie.
Là, on se trouve au niveau d'une cuve.
Ce que vous voyez là, c'est du coton mélangé à de l'eau
et des adjuvants.
Et ça, ça part
direction la M3F,
l'endroit où on va fabriquer les bobines
et en définitive, les billets.
La première étape, c'est réellement la fabrication
de la pâte à papier.
Deuxième étape : la machine à papier,
donc c'est là où on est.
C'est la grande spécificité par rapport à une papeterie
classique puisqu'on vient fabriquer un papier
filigrané.
Il est fait sur une forme.
La forme, c'est une sorte de cylindre embossé sur
lequel on a du relief.
La pâte à papier qui est très liquide,
va se répandre sur ce cylindre irrégulier de manière à
dessiner un portrait, celui de la déesse Europe.
Le filigrane, c'est ça :
et c'est l'un des signes de sécurité les plus efficaces.
À la lumière,
les cheveux de la déesse apparaissent en noir alors
que son collier apparaît en blanc.
Sur une surface noire, c'est l'inverse.
Dans ce papier, on va aussi intégrer le fil de sécurité,
spécifique à chaque coupure,
ainsi que des fibrettes,
de petites fibres
qui réagissent à la lumière ultraviolette.
Notre feuille s'est formée, maintenant notre but, c'est d'enlever toute l'eau.
La feuille va être pressée, puis séchée sur des
cylindres à une température de 120 °C.
Alors, il est chaud.
Faites attention.
Oui.
Ah oui, c'est chaud.
Donc là, il est
à 0 % d'humidité.
On lui a enlevé toute l'humidité quasiment.
On obtient une immense bobine de 1,5 m
de diamètre sur laquelle sont enroulés quinze
kilomètres de feuille.
Elle est bientôt finie la bobine.
On va sortir trois bobinots
qui vont aller ensuite
à l'atelier suivant pour être sécurisés
et aller à l'atelier finition pour être coupés.
Pour sécuriser le papier,
on va lui apposer deux bandes.
Au verso, on a la bande iridescente qu'on distingue
en inclinant le billet.
Au recto, on retrouve la bande holographique,
celle qui brille tout à droite du billet.
Sur cette bande holographique,
les reflets sont propres à chaque coupure.
Sur les billets de 20 € et plus, on retrouve notamment
cette fenêtre portrait qui laisse passer la lumière.
Sur les billets de 100 et de 200 €,
on a aussi cet hologramme particulièrement stylé,
deux symboles euro qui se mettent à tournoyer
quand on incline le billet.
Dernière étape : la découpe des bobinots.
À Vic-le-Comte,
90 millions de feuilles sont ainsi produites chaque année.
C'est 50 % du papier en Europe.
Un billet sur deux que vous trouvez n'importe où
vient de chez nous.
Une fois découpées, les feuilles qui peuvent
contenir jusqu'à 60 billets sont entreposées ici avant
d'être transférées à l'imprimerie.
Ultrasécurisés, ces transferts sont encadrés
par les forces de l'ordre.
Les transporteurs viennent à des rythmes aléatoires
sans que le personnel de la papeterie
n'en soit informé.
Les palettes sont acheminées sur des
itinéraires différents.
Le but ?
Faire en sorte que personne ne puisse prédire
où se trouve le papier.
Ces grosses palettes de papier,
on les retrouve ici, à l'imprimerie.
C'est ici que le papier va prendre sa forme finale,
en passant par quatre étapes différentes
qui vont faire de lui un vrai billet.
Et autant dire qu'il y a de quoi faire :
60 billets multipliés par 12 000 feuilles
multipliées par des coupures de 50 €.
Sous chacune de ces bâches bleues, on a suffisamment
de papier pour imprimer 36 millions d'euros.
D'ailleurs, à Chamalières,
on ne fabrique pas que des euros.
L'imprimerie produit des devises
d'une vingtaine de pays différents,
dont le franc CFA,
utilisé dans quatorze pays africains.
En 2020, la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest
était même le plus gros client exportateur de
l'imprimerie, à en croire Vincent Bonnier,
ancien directeur général de la fabrication de billets
à la Banque de France.
Et le transport de ces billets vers l'Afrique
coûte très cher.
En 2021, il s'élevait à 11 millions d'euros.
Mais revenons à nos euros,
on va commencer par charger les feuilles
dans la machine, comme une imprimante classique,
il s'agit de bien les aligner
pour éviter le bourrage papier.
Tu pinces avec tes pouces et tu retires dans l'autre sens.
Et donc là, tu vois, ça t'a mis de l'air dedans...
Hop ! Là, c'est le carnage!
Je ne me reconvertirai pas, c'est raté.
Première étape, on va utiliser plusieurs encres
de couleur pour imprimer le fond des billets.
Ces encres, elles réagissent différemment aux
lumières fluorescentes, ce qui en fait un élément de
sécurité supplémentaire.
Au cours de cette étape,
on va aussi ajouter ces petits points-là.
Et c'est pas juste pour faire joli, ça,
ça permettrait aussi d'éviter la contrefaçon.
Si vous essayez de photocopier un billet,
vous risquez d'être un peu déçu.
Pareil sur Photoshop,
si vous importez la photo d'un billet,
vous obtenez ce message d'erreur.
Et ça, ce serait dû à ces petits points
qu'on appelle aussi la constellation EURION.
Ni la Banque centrale européenne,
ni la Banque de France ne communiquent à ce sujet.
Mais on retrouve ces constellations
sur un certain nombre de devises depuis 1996,
comme sur le billet de 20 pounds
où ces petits cercles sont
camouflés en notes sur une partition.
Selon Markus Kuhn,
professeur d'informatique à Cambridge,
à qui on doit le nom "Constellation EURION",
un algorithme détecterait des étoiles à quatre
branches dans ces nuages de points, ce qui lui
permettrait d'identifier le billet.
Retour à l'imprimerie,
une fois l'impression du fond réalisée, on passe à
la sérigraphie avec une encre très particulière.
Ce que vous voyez là, ça vaut très cher,
c'est cette encre qui va permettre de réaliser
le numéro émeraude
en bas à gauche du billet.
Ce numéro va changer de couleur
selon l'angle de vue,
passant du vert émeraude
quand on le regarde de face,
au bleu profond quand on le regarde à plat.
Mais ces billets, ils manquent encore de relief.
Pour obtenir ce toucher particulier,
les feuilles sont placées sous une plaque de métal
et subissent une pression de 40 tonnes.
En y ajoutant de l'encre,
on obtient un relief qu'on retrouve sur le montant
de la coupure, mais aussi sur
les côtés avec des lignes à destination des aveugles
et malvoyants.
Le nombre d'espaces entre les lignes permet de
différencier les coupures :
un espace pour les 10 et 100 €,
deux pour les 20 et 200 €
et aucun pour les 5 et 50 €.
Du relief, on en retrouve aussi au cœur du billet,
à condition de bien regarder.
Ces microlettres, on les retrouve un peu partout sur
nos billets, dans l'ombre des ponts, au verso,
dans les arches, au recto, et même dans les étoiles.
Après 72 h de séchage, il ne reste plus qu'à
numéroter les billets.
Deux codes vont être ajoutés au verso.
Ils permettent de savoir d'où viennent
chacune des coupures.
Si la première lettre est un U,
votre billet a été imprimé ici, à Chamalières.
Chaque lettre correspond à une imprimerie.
Un W, ça vient de Leipzig, en Allemagne.
Un E, c'est un billet breton D'Oberthur Fiduciaire qui
est en France le seul concurrent de l'imprimerie
de Chamalières.
À partir de là, les billets sont quasi-prêts.
Reste à les couper, les compter et les emballer.
Pour éviter toute tentation,
les opérations de découpe, d'emballage
et de manutention sont entièrement assurées
par des robots.
En bout de ligne, les automates déposent les
billets en palettes dans une zone sécurisée où ils
attendent sagement le passage
des forces de l'ordre.
Les billets vont ensuite rejoindre les sites de
stockage régionaux de la Banque de France.
Les banques commerciales vont alors pouvoir
emprunter cet argent en fonction de leurs besoins
de liquidités.
Les billets n'entrent réellement en circulation
que lorsqu'ils sortent de ces réserves
pour alimenter l'économie réelle.
Et c'est seulement à ce moment-là
que ces bouts de papier imprimés
prennent leur vraie valeur.
L'euro est considéré comme l'une des monnaies les plus
sûres au monde.
En 2023, on est à 16 faux billets pour 1 million
de billets authentiques.
Un bijou de technologie qu'on utilise pourtant de
moins en moins.
Le nombre de transactions réalisées avec du liquide
est passé de 68 % en 2016 à 50 % en 2022.
La France fait ainsi partie des pays de la zone euro
qui utilisent le moins d'argent liquide.
Pour autant,
la planche à billets n'a pas fini de tourner.
Chaque année, 15 % des coupures trop usées doivent
être remplacées, notamment les billets de cinq dont la
durée de vie est d'environ 2 ans, contre 8 à 10 ans
pour les autres coupures.
D'autant plus qu'une nouvelle génération de
billets encore plus sécurisés
devraient voir le jour dans la décennie à venir.
L'objectif : inciter les gens à utiliser des billets
plutôt que leur carte bleue.
D'ailleurs, la Banque de France est en train de
construire une nouvelle imprimerie qui remplacera
le site historique de Chamalières
à partir de 2026 pour s'installer directement
à côté de la papeterie de Vic-le-comte.
On aura donc toujours un petit morceau d'Auvergne
à glisser dans nos portefeuilles.
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