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Une révolution astrologique s'est produite il y a 2500 ans.

Voici pourquoi.

À l'origine, l'astrologie, ce n'était pas des horoscopes.

Il y a 3000 ans,
les rois de l'Empire néo-assyrien payent des astronomes professionnels
pour observer le ciel toute l'année.

Et à partir de ces observations réelles,
ils laissent libre cours à leur interprétation.

L'astrologie, c'était une forme de divination,
ça valait autant que, par exemple, regarder dans les entrailles des moutons.

L'astrologie, ça commence par des prédictions du type si A, alors B.

S'il y a une éclipse à l'Est, alors ça signifie telle chose.

Une éclipse à l'Est pouvait signifier que l'ennemi attaquerait par l'Est par exemple.

Mais vers le Ve siècle avant notre ère,
l'astrologie change et prend une forme que nous connaissons bien.

Il y a une révolution astrologique.

C'est ce qu'on appelle, nous, les horoscopes,
c'est-à-dire qu'on fait des prédictions très complexes
qui prennent en compte les positions du soleil,
de la lune et de toutes les planètes.

Ça, ça présuppose de savoir calculer ces positions.

C'est donc une astrologie beaucoup plus technique qui est inventée
chez les Babyloniens.

Les horoscopes ne changent pas toutes les semaines,
mais sont utilisés par les élites, lors des naissances
pour imaginer le caractère du nouveau-né
ou prédire les grands événements de sa vie.

Sans les horoscopes, on serait totalement ignorant
des dates de naissance des rois de France
et de personnages aussi importants que Copernic ou Érasme.

Ce nouveau système d'interprétation de l'astronomie
est repris par des penseurs grecs qui vont se l'approprier.

On retient par exemple le rôle de Ptolémée,
l'astronome qui a écrit la "Tétrabible"
pour systématiser l'interprétation astrologique et proposer un système cohérent
qui a eu beaucoup d'influence jusqu'à nos jours.

Son livre, considéré comme le premier ouvrage d'astrologie,
se diffuse largement, d'abord dans le monde arabe,
puis à partir du XIIe siècle en Occident.

L'astrologie est redécouverte à des fins politiques.

Les rois s'entourent d'astrologues censés les aiguiller dans leurs décisions.

Certains d'entre eux ont beaucoup d'influence auprès de personnes de pouvoir,
comme la célèbre Catherine de Médicis.

À l'époque, l'astronomie, donc la discipline scientifique qui étudie les astres,
et l'astrologie, imaginez que la position des astres détermine la destinée de quelqu'un,
se confondent et sont même utilisés à des fins médicales.

Une partie des médecins, persuadés que les astres influencent le corps,
les utilisent pour établir des diagnostics.

Vu l'absence de résultats,
les politiques et les médecins se détournent de l'astrologie.

D'autant plus qu'à la fin du XVIe siècle,
de grandes découvertes astronomiques
vont modifier nos connaissances de l'espace et surtout de sa profondeur.

On comprend que les étoiles que l'on voit depuis la Terre
ne sont en réalité pas sur le même plan.

Le dessin des constellations qui était sur ces cartes stellaires
qui sont très très belles est totalement faux.

Donc ça n'a plus de sens et à ce moment-là,
l'astrologie va se distinguer dorénavant de l'astronomie.

On sait que d'emblée l'astrologie a été critiquée et contestée.

Un des arguments, c'était de dire on a plusieurs enfants dans le monde
qui sont nés exactement au même moment.

Comment vous expliquer que ces enfants
ils vont être très différents et ils vont avoir des vies très différentes ?

Un édit de 1682 va même condamner les devins,
les magiciens et enchanteurs
qui exploitent la crédulité publique sous prétexte d'horoscopes et de devinations.

Tout cela sera accentué par la révolution scientifique du XVIIe et surtout de la fin du XVIIIe
où on va vraiment entrer dans l'ère de la science qui va
se développer ensuite au XIXe siècle.

Les progrès scientifiques ont permis de prouver
que l'astrologie repose sur des croyances infondées.

Mais cette pseudo-science est toujours très ancrée en France et à l'étranger,
notamment grâce au succès des horoscopes,
qui existent sous cette forme depuis les années 1930
et qui utilisent des formules courtes et suffisamment floues
pour que tout le monde puisse s'y retrouver.

Ça, ça s'appelle l'effet Barnum,
un biais cognitif qui a été étudié et prouvé depuis la fin des années 1940.