法语助手
2024-06-20
Ce que vous écoutez là,
c'est le son du chantier de Notre-Dame, mais au Moyen-Âge.
En 1170 précisément.
En 2024, ça donnerait plutôt ça:
C'est un chantier de BTP,
donc on est plutôt sur un niveau sonore de 80 à 100 décibels.
Voici Mylène Pardoen, et c'est à elle qu'on doit justement ce son du passé.
Parce que son métier, c'est archéologue du paysage sonore.
Je n'ai pas de truelle, mais je vais aller chercher les informations dans les sources.
Les sources, ce sont des documents d'histoire,
de géographie, d'urbanisme, de sociologie,
d'anthropologie, qu'on trouve dans des journaux,
des testaments, des PV de police, la littérature,
la peinture...
Pour trois minutes de diffusion, par exemple,
on peut monter jusqu'à environ 300 ou 400 heures de recherche.
Et tout ça lui permet de détecter à quoi ressemblaient les sons par le passé.
Par exemple: comment sonnait un chant de bataille napoléonien ?
À quoi ressemblait l'ambiance du château de Versailles au XVIIIe siècle ?
Pour recréer une ambiance,
la docteure en musicologie enregistre des sons d'aujourd'hui,
notamment en documentant les gestes des artisans.
La majeure partie des sons qu'elle utilise
est captée sur le chantier de Guédelon, en Bourgogne,
où on a construit un château avec des techniques du Moyen Âge.
Pour Notre-Dame, elle s'est rendue à Sens pour enregistrer les cloches,
similaires à celles de la cathédrale parisienne,
et elle a pu installer des micros sur le chantier.
On a des séquences de 5 minutes
et on allait relever les disquettes tous les quinze jours.
Donc on a 5 minutes de chaque heure, jour et nuit,
pendant un certain nombre de mois.
Aidé par un ingénieur du son,
elle agrège ensuite ses captations pour proposer un paysage sonore.
La difficulté, c'est que si l'archéologie met au jour le passé,
l'archéologie sonore doit recréer le passé.
Un paysage, on va avoir un sapin, on va avoir un pont.
Donc on a des éléments qui sont tangibles.
Un paysage sonore, il n'est là que la fraction de seconde où ça s'écoule.
Comme en archéologie,
le paysage se compose de différentes couches, sauf qu'ici, elles se mélangent.
Précisément, on en a trois:
on a une couche qui s'appelle géophonie:
c'est tous les bruits et les sons d'un lieu et les sons météorologiques.
Juste au-dessus, on est en biophonie,
donc c'est tous les bruits et les sons des êtres vivants.
Certains mettent les humains à ce niveau-là;
d'autres préfèrent mettre les humains sur le dernier niveau:
l'anthropophonie, tous les bruits et les sons qui sont générés par les humains.
Alors, à quoi ça nous sert ?
Ces travaux, pour lesquels elle a été récompensée plusieurs fois,
permettent de contrer une idée biaisée qu'on peut se faire de la réalité du passé.
Je prends un exemple qui est simple:
il y a des forgerons sur le chantier de Notre-Dame.
Forgeron, on entend plutôt une enclume qui teinte:
qui fait: "cling, cling, cling, cling, cling";
une enclume médiévale, elle sonne mat:
"clac, clac, clac".
Et puis des historiens peuvent s'en servir pour documenter leurs recherches,
des architectes pour prendre les bonnes décisions en cas de reconstruction.
On est donc à la fois un pied dans le passé
et puis un pied dans le présent,
equi mord un peu le futur d'ailleurs.
Car ce travail permet enfin de mettre en valeur le patrimoine,
pour les générations suivantes.
Pour en savoir plus sur l'archéologie sonore, c'est par là.
沙发还没有被抢走,赶紧过来坐会吧