法语助手
2024-09-27
Il l'a fait.
Le vidéaste et streamer Inoxtag a gravi le plus haut sommet du monde :
l'Everest, dans le massif de l'Himalaya.
Cet exploit physique, des Français l'ont réussi
pour la première fois il y a presque 50 ans,
en 1978.
À la tête de l'expédition, Pierre Mazeau, qui a aujourd'hui plus de 90 ans.
C'est beaucoup plus qu'un sport, parce qu'on a la vie en jeu.
On sait qu'on peut mourir.
Les deux ascensions partagent beaucoup de points communs.
Mais derrière ces images, Inoxtag et Pierre Mazeau
ont vécu une aventure très différente.
Et ce n'est pas juste une question de matériel.
L'Everest.
8849 mètres d'altitude.
Le 29 mai 1953, le Néo-Zélandais Hillary
et le sherpa Tensing atteignaient pour la première fois le sommet du monde.
Depuis, les drapeaux de dix nations ont flotté sur l'Everest,
mais jamais le drapeau français.
Je crois que tout alpiniste a envie d'aller au toit du monde.
Et j'ai eu cette envie comme les autres, qui étaient d'autant plus poussée
qu'il y avait une certaine compétition et que les Français n'y
étaient pas encore allés.
En 1978, Pierre Mazeaud a bientôt 50 ans,
et dirige l'expédition de sa vie.
À ses côtés, 6 alpinistes français, 21 sherpas,
12 tonnes de matériel, mais aussi une belle quantité
de micros et de caméras.
Les alpinistes français qui s'attaquent à l'Everest
sont accompagnés, vous le savez peut-être par une équipe de TF1.
Mais avant de s'attaquer au sommet, première étape :
parvenir jusqu'au pied de la montagne.
À l'époque, il n'y avait pas d'hélicoptère comme il y a aujourd'hui
et on a eu une marche d'approche entre Katmandou
et le camp de base de l'Everest.
Ça a pris un mois et c'était bien pour nous mettre en forme.
On m'a dit : "Tu verras, il y a plein de sangsues.
Pierre, il faut te faire raser la tête".
Effectivement, dans toutes les forêts qu'on traverse,
il y a beaucoup de sangsues qui vous tombent dessus, et c'est
facile de les arrêter avec une cigarette, lorsqu'on les voit sur la tête,
quand on a le crâne rasé.
C'est prodigieux !
Comme ça, pas de sangsues.
On pensait déjà à l'Everest, qu'on ne voit pas au début.
Alors quand on a vu l'Everest, on s'est dit : "C'est quand même haut.
Ça va nous poser des problèmes".
- Ça fait longtemps qu'on attend ce moment. - Ça y est, on a le sommet.
Et devant, tu vois au premier plan, l'arête du Lhotse,
et derrière le triangle sommital.
On était emballés.
On pensait à la nécessité de réussir.
Après 22 jours de marche, Voilà enfin la vallée du Khumbu,
la dernière avant l'Everest.
À son pied, les tentes rouges du camp de base.
Pierre Mazeaud a choisi la voie classique, ouverte par le Néo-Zélandais Hillary
et le Népalais Tenzin, 25 ans plus tôt.
L'Everest est attaqué.
Pierre Mazeaud et Raymond Despiau s'engagent en reconnaissance
dans la célèbre cascade de glace, verrou d'accès à la Grande Combe Ouest,
où les premiers camps d'altitude doivent être installés.
Il y a énormément de crevasses.
C'est la raison pour laquelle on a été obligé d'amener de grandes échelles.
Et tout ça, ça bouge beaucoup, parce que le glacier
avance tous les jours, beaucoup.
Du jour au lendemain, toute la trace que vous avez faite la veille
pour vous permettre d'amener du matériel au camp 1,
pour vous mettre en forme sur l'altitude.
Toutes ces traces, il faut les refaire parce qu'il y a eu des chutes de sérac,
avalanche, etc.
La peur accompagne le grimpeur tout au long de ce premier tronçon de l'Everest.
Pierre Mazeaud remontera et descendra 11 fois
cette cascade de glace.
Aujourd'hui, l'Everest est principalement équipé par des sherpas.
Il y a 50 ans, c'étaient les alpinistes eux-mêmes
qui ouvraient et équipaient chacune des étapes de l'expédition.
Pour aller du camp 1 au camp 2, on le faisait plutôt à la fin de la nuit,
au début du jour, parce que la neige est encore durcie
par le gel de la nuit et on évite les avalanches.
C'est en découvrant la Grande Combe Ouest, filmée ici depuis 7 400 m,
que l'on réalise l'ampleur himalayenne et l'isolement du camp 2
dans cette vallée de glace et de neige.
On arrive au camp 2.
C'était un peu un camp de base avancé.
On apporte beaucoup de matériel.
Et là, on attaque vraiment les difficultés, parce que ça devient raide.
Et pour monter du camp 2 au col sud, c'est long.
On a fait un camp intermédiaire, le camp 3, d'ailleurs,
et on arrive au col sud.
Et c'est du col sud qu'on part au sommet.
Mais l'Everest résiste aux alpinistes français.
Sur ce col sud, une tempête pousse Pierre Mazeaud
et ses équipiers à redescendre de quelques crans.
L'équipe se donne une toute dernière chance.
On est arrivés au col sud dans la tempête.
La nuit a été épouvantable.
Il fallait qu'on se tienne debout dans la tente
et qu'on tienne les piquets, sinon on aurait été enlevé
par le vent très fort du col Sud.
On pensait que c'était terminé et qu'on serait obligé de rentrer le lendemain.
Et, à 4 h du matin, un temps magnifique.
Sauf que le matériel pèse lourd, épuisé par les efforts de la veille
et par le poids des bonbonnes d'oxygène, Pierre Mazeaud titube.
Deux bouteilles, c'est trop pour un vieux.
Deux bouteilles et ses conneries de caméras.
Je n'en pouvais plus.
Il dépose les bouteilles d'oxygène à 8 500 mètres
et redescend passer la nuit au col sud.
Le 15 octobre 1978, c'est l'ultime assaut.
On a rejoint les bouteilles d'oxygène que j'avais laissées,
et on a fait les 300 derniers mètres pour atteindre le sommet.
C'est là où il y a quand même quelques difficultés techniques.
Il y a une arête un peu difficile.
Quand il n'y a pas de vent, ça va.
Et il y a un petit passage délicat qui s'appelle le mur Hillary,
qui n'est pas très haut, qui fait une vingtaine de mètres.
Mais là, à nouveau, c'est de la glace.
Il faut faire attention parce qu'on est toujours sur l'arête.
Et donc une fois qu'on a sorti le mur Hillary, on marche à flanc
et puis on arrive au sommet.
On a beaucoup d'émotion quand même, quand on est alpiniste
et qu'on veut aller au sommet du monde.
On était les premiers Français, ce qui m'avait permis
de sortir le drapeau français, c'est une photo qui est bien connue.
Mais que c'est beau !
Aller, vive notre pays !
25 ans après, on l'a foutu, ce drapeau.
On a une vue magnifique et puis on a tous les sommets
de 8000 qui dépassent.
C'est très beau.
On domine maintenant le Lhotse, bien au-dessous de nous.
- Le Lhotse. - C'est fabuleux.
On a eu une chance !
Vive l'Everest !
On rigole comme des gamins.
On est des enfants encore.
Sacré zouave !
Je ne croyais pas que tu y arriverais.
Tu vois !
On est content d'y être.
Et puis on est contents d'y penser après, comme j'y pense aujourd'hui.
Aujourd'hui, justement, que reste-t-il de l'Everest
qu'ont connu les pionniers français ?
La vidéo filmée il y a cinq jours est irréelle.
Une file indienne sur le toit du monde.
Ces dernières décennies, l'Everest a beaucoup changé.
La marche d'approche d'abord.
Elle existe toujours, mais ne ressemble plus à celle des origines.
J'ai été déçu de voir que la marche
d'approche avait changé, parce qu'il n'y avait pas mal
de petites bicoques qui s'étaient construites
sur toute la marche d'approche pour permettre
à des non-alpinistes et des trekkeurs, des gens qui aiment se faire des balades,
de s'arrêter, de trouver un lit, etc.
Idem pour l'ascension mythique de l'Everest.
Elle reste très difficile, périlleuse, parfois mortelle,
mais elle n'apporte plus un élément que beaucoup d'alpinistes recherchent.
À l'heure actuelle, au camp de base de l'Everest,
au mois d'avril ou au mois de mai, il y a jusqu'à près de 1000 personnes.
C'est épouvantable, on laisse des saloperies partout,
etc. Près de 1000 personnes au camp de base !
Chacun trouve le bonheur comme il veut.
Mais je veux dire qu'ils n'ont pas la joie de la solitude qu'on peut avoir quand on est
avec quelques copains seulement.
La joie de la solitude.
Voilà ce que Pierre Mazeaud, ses compagnons népalais
et les pionniers de l'Everest ont connu.
Peut-être les derniers.
Ressentir cette solitude, est-ce encore possible
dans l'Himalaya ?
Sur les pentes de l'Everest, pas sûr.
Mais la plus haute montagne du monde
n'est pas seule.
Autour d'elle, 13 autres sommets de plus de 8 000 m.
Dont encore quelques-uns sans file d'attente.
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