法语助手
2024-06-05
Vous connaissez ce monsieur.
Si ce n'est son visage, au moins son nom,
qui orne stades, rues, écoles, partout en Europe.
Mais oui, Pierre de Coubertin, père des Jeux olympiques modernes.
Charles Pierre Fredy, baron de Coubertin,
naît en 1863 à Paris.
Au lieu de devenir militaire selon la coutume,
il étudie le droit.
Après avoir séjourné en Angleterre et aux États-Unis,
où le système éducatif donne une grande place au sport,
il se prend de passion pour la pédagogie sportive.
Pratiquant l'escrime, l'aviron, la natation, la boxe et le tir,
il voue sa vie à la promotion du sport.
Le sport, pour Coubertin, c'est des valeurs nobles,
la discipline, la virilité,
l'unité de l'esprit, de l'âme et du corps,
mais aussi des valeurs plus guerrières, car comme il dit :
« Des hommes sportifs iront plus volontiers au front. »
Comme beaucoup de ses compatriotes,
il a été traumatisé par la guerre et la défaite contre la Prusse.
Il décline sa passion pour l'éducation par le sport
dans des articles, des livres, crée revues et associations,
participe à des comités et à des congrès.
Et puis, le 23 juin 1894,
le jeune homme frêle à la voix haut perchée,
de taille modeste mais têtu, réussit à convaincre
les 2 000 invités
du Congrès international du renouveau athlétique à Paris
de faire revivre les Jeux olympiques antiques.
Coubertin tient un discours humaniste.
Il prône l'internationalisme, la fraternité dans le monde,
l'avènement d'une société pacifique,
ce qui restera un voeu pieu.
Mais les Jeux olympiques modernes, tels qu'on les connaît, sont nés.
La première édition a lieu en 1896, symboliquement à Athènes,
dans un stade antique reconstruit.
9 disciplines :
athlétisme, lutte, haltérophilie,
escrime, natation, cyclisme,
tennis, tir, et gymnastique.
Une quinzaine de pays et 200 sportifs amateurs et blancs.
Aucune femme, car malgré ses positions républicaines,
le baron est un pur produit de l'aristocratie du 19e siècle.
Il est élitiste, raciste, colonialiste et misogyne.
Je le cite :
« Une olympiade femelle serait inintéressante,
inesthétique, incorrecte. »
Pendant toute sa présidence du Comité international olympique,
il s'opposera à la participation des femmes.
En vain.
En 1900, elles sont admises au tennis et à la voile.
Et en 1928, enfin, à l'athlétisme.
Son refus obstiné explique en partie
pourquoi il quitte le Comité en 1925,
isolé, aigri, désargenté.
Il meurt en 1937 d'une crise cardiaque à Genève.
Son corps est enterré à Lausanne, son coeur à Olympie, en Grèce,
là où tout a commencé lors des Jeux de l'Antiquité.
Venez, on vous montre.
Huit siècles avant notre ère,
les JO ne sont pas encore un événement international.
Les 40 000 spectateurs qui affluent
tous les 4 ans de toute la Grèce vers Olympie,
au-delà de l'amour du sport,
viennent honorer Zeus, avec toutes sortes de sacrifices,
dont « l'hécatombe », l'abattage de cent boeufs,
expression encore utilisée aujourd'hui.
Ces rassemblements gigantesques,
entre foire, congrès et fête populaire,
doivent donner un sentiment d'identité commune aux Grecs.
Les femmes, si elles sont mariées, ne peuvent pas être spectatrices.
Les célibataires peuvent se rincer l'oeil.
Car les athlètes sont nus.
Enfin, pour le lancer du disque et du javelot,
le saut en longueur, la course et la lutte.
Pas pour les courses de chevaux et de chars.
Tout ça dure mille ans, jusqu'à la colonisation romaine.
En bon chrétien, l'empereur Théodose Ier
interdit en 393 tous les rites païens.
Exit, les Jeux olympiques.
Il ne règne néanmoins pas un vide olympique
jusqu'à l'idée de Coubertin,
d'autres ayant tenté de ranimer ces Jeux.
Par exemple, pendant la Révolution française.
Les idéaux de l'Antiquité et les fêtes populaires
sont à la mode, pour unifier autour de valeurs communes.
Alors, un député lance l'idée
de jeux sportifs sur le modèle de la Grèce.
Et pour le 4e anniversaire de la République,
le 22 septembre 1796,
150 000 Parisiens applaudissent au Champ-de-Mars,
dépourvu de tour Eiffel,
les compétiteurs masculins issus de toutes les couches sociales.
Lutte, course à pied,
à cheval, course de chars,
joutes sur la Seine, orchestre, banquet,
et de belles récompenses.
Le député à l'origine de tout ça n'est pas là, il a été décapité.
Après trois années de Jeux, l'enthousiasme retombe,
les guerres reprennent.
Plus question de courir pour la gloire.
Plus tard, en 1850, à Much Wenlock en Angleterre,
le médecin William Penny Brookes
organise des jeux populaires un peu plus extravagants.
On pratique, en plus de l'athlétisme,
la brouette yeux bandés, et la course des grands-mères.
Et en 1890, le vieux Brookes,
qui rêve de Jeux internationaux,
en parle au jeune Coubertin.
Il ne s'est pas trompé.
Avec son obstination, sa fortune et ses relations,
Coubertin est l'homme qu'il faut.
Qu'on aime ou pas le baron misogyne,
c'est bien lui qui a hissé cette idée olympique
au niveau international.
Aujourd'hui, c'est une opération gigantesque et mondiale,
un budget astronomique, d'innombrables touristes,
des milliards de téléspectateurs,
des milliers de sportifs et de sportives.
Si ça vous donne le vertige, choisissez un événement à taille plus humaine.
Rendez-vous à Much Wenlock,
où les jeux de Mr Brookes, le grand-père des JO,
ont toujours lieu tous les ans en juillet,
qu'il vente ou qu'il pleuve.
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