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Comment Paris est-elle passée tout près de l'anéantissement ?

En août 1944, Hitler ordonne à ses troupes la destruction de la ville.

« Le Louvre et l'Opéra exploseront à leur tour.
Ils emporteront avec eux tout le centre de Paris.
Rien ne résistera. »

Mais au dernier moment, le général von Choltitz, chargé du contrôle de Paris,
prend le risque de désobéir aux ordres et épargne la capitale.

Ça, c'est la version romancée.

Paris aurait réellement pu subir des destructions très importantes,
mais a été sauvée grâce à un concours de circonstances.

L'ordre de détruire Paris était clair.

Von Choltitz a écrit très vite ses mémoires,
qui sont parues dans les années 1950
et dans lesquelles il se donne le beau rôle,
le rôle du sauveur de Paris.

Ce qu'il n'a pas été.

Août 1944,
Après quatre années d'occupation, la capitale est en ébullition.

Quelques semaines auparavant, les Alliés ont débarqué en Normandie, puis en Provence.

Les Américains sont encore loin,
mais les chars du général Leclerc approchent de Paris.

Le 19 août, les communistes et les gaullistes
lancent un appel au soulèvement contre les Allemands.

Des combats de rue éclatent.

Côté Allemands, la ville est tenue par 20 000 soldats.

Elle est administrée par le général von Choltitz, tout juste nommé.

Cet officier fidèle à Hitler est surtout un militaire impitoyable.

Il a participé à la prise de Rotterdam en 1940,
puis à celle de Sébastopol en Crimée,
occasionnant des destructions massives dans ces deux villes.

Il a aussi contribué au massacre des Juifs d'Europe de l'Est.

Alors que les combats font rage dans les quartiers de Paris,
Hitler met la pression sur von Choltitzz pour retrouver l'ordre dans la ville.

Le 23 août, il reçoit un télégramme du Führer très explicite:
Paris ne peut pas tomber aux mains de l'ennemi ou seulement comme un champ de ruines.

Hitler déteste les Français.

Pour lui, Paris est une ville qui correspond à tous ses fantasmes.

C'est une ville de perdition.

L'occupant a établi des plans pour cibler des monuments et des infrastructures.

Sont notamment visés les principaux ponts,
pour couvrir la retraite des Allemands et bloquer les Alliés.

Des lieux de pouvoir sont aussi concernés:
des explosifs sont entreposés au Sénat et au Palais-Bourbon,
reconvertis en casernes allemandes.

Le fort de Charenton est miné.

Les Allemands auraient aussi envisagé de piéger les Invalides.

Contrairement à ce qu'on raconte souvent,
l'hôtel de ville et la tour Eiffel n'ont pas directement été menacés.

Finalement, un seul monument est touché par les Allemands durant les combats:
le Grand Palais qui subit un incendie.

Von Choltitz n'a fait preuve ni de mensuétude,
ni de pitié envers les Français.

Il sait que l'avancée des Alliés est inéluctable
et veut d'abord sauver sa propre vie.

Mais si Paris n'a pas été détruite,
c'est surtout parce que les Allemands sont pris de court par l'accélération des événements
et n'ont plus le temps. ni la logistique pour mettre en place les explosifs au milieu des combats.

Le 25 août, le quartier général allemand tombe.

Von Choltitz est fait prisonnier et sa garnison se rend.

Paris martyrisée, mais Paris...libérée.

Mais Paris n'est pas encore tiré d'affaires.

Le lendemain, 120 avions de la Luftwaffe décollent
et bombardent à l'aveugle les Parisiens avec des bombes incendiaires,
causant d'importantes destructions.

Le quartier du Marais est durement touché,
les buts de Chaumont et l'hôpital Bichat également.

Hitler ne s'arrête pas là.

Début septembre, il frappe la capitale avec une nouvelle arme:
la fusée V2 tirée depuis la Belgique qui atteint Paris en quelques minutes.

Il s'agit du premier missile balistique de l'histoire.

Là aussi, les destructions sont importantes dans la banlieue.

Hitler ne cesse ses attaques contre Paris que le 6 octobre 1944
à cause de l'avancée des Alliés et décide de garder ses missiles V2 pour cibler Londres.

Paris est hors de danger.

Mais d'autres capitales occupées n'auront pas cette chance,
comme Varsovie, détruite à 90%.

Paris aurait pu être détruite.

Les Allemands avaient matériellement les moyens
s'ils s'y étaient pris un mois plus tôt.

Mais ils n'en avaient pas du tout l'intention à ce moment-là.

Et ensuite, ce qui s'est passé à Varsovie,
c'est que les Polonais se sont insurgés.

Ils pensaient que l'Armée rouge allait les aider,
un petit peu ce qui s'est passé avec les Alliés à Paris.

Sauf que l'armée soviétique s'est arrêtée,
a laissé les Allemands écraser Varsovie.

Si vous souhaitez en apprendre davantage sur la libération de Paris,
vous pouvez regarder ce documentaire.