法语助手
2024-04-02
Si on tape "personnes riches et changement climatique"
dans un moteur de recherche, on tombe sur ces résultats.
D'après l'ONG Oxfam, à l'échelle mondiale,
les 1% les plus riches émettent autant de gaz à effet de serre
que les 66% les plus pauvres.
En France, c'est la même logique.
Dans cette étude de Greenpeace et d'Oxfam, on peut lire que 63 milliardaires
polluent autant que 50% des Français.
Est-ce que ces chiffres sont fiables ?
Est-ce que les plus riches émettent vraiment beaucoup plus que les pauvres ?
Qu'est-ce que les inégalités d'émissions impliquent ?
En 2019, la France a émis 625 millions
de tonnes d'équivalent CO2.
Soit 9,3 tonnes par Français.
Sauf qu'il s'agit d'une moyenne.
En réalité, il y a des variations importantes entre les individus,
en fonction de leurs activités.
Pour savoir qui émet quoi, il faut choisir comment
répartir les émissions.
C'est là que les choses se compliquent.
Prenons un exemple simplifié : les émissions directes
d'un déplacement en voiture sur le territoire français.
Ce trajet a lieu grâce à plusieurs acteurs.
Il y a l'utilisateur de la voiture.
Mais aussi, les entreprises qui lui ont vendu le carburant.
Ou encore, les actionnaires qui financent ces entreprises.
On peut donc considérer que chacun de ces acteurs a une part
de responsabilité dans les émissions.
Il est cependant très difficile de répartir cette responsabilité.
Ce sera toujours fait de manière subjective.
Quand on attribue les émissions, on le fait pour répondre
à certaines questions, mettre en évidence des éléments,
ou obtenir des informations.
Mais, il ne faut pas interpréter une attribution des émissions
comme une attribution exclusive de responsabilité.
Par exemple, si on choisit d'attribuer aux entreprises
qui ont extrait le pétrole, les autres acteurs n'émettent rien.
Mais ça ne veut pas dire qu'ils n'ont aucune influence.
Après tout, sans le conducteur de la voiture, ces émissions n'auraient pas lieu.
Pour prendre un exemple concret : dans ce rapport paru en 2017,
une ONG a choisi d'attribuer toutes les émissions fossiles
mondiales aux entreprises qui ont extrait ces ressources fossiles.
Avec ce principe, on peut montrer que 71% des émissions
de gaz à effet de serre fossile depuis 1988 sont dues
à 100 entreprises.
Le but de cette attribution est d'informer les investisseurs des émissions
de ces entreprises.
D'autres ONG choisissent d'attribuer ces émissions
à ceux qui détiennent le capital des entreprises.
Avec ce principe, 63 milliardaires
polluent autant que 50% des Français.
Cela permet de montrer le pouvoir de quelques actionnaires sur ces entreprises,
ou la concentration des capitaux.
Il y a également des exemples où les émissions sont attribuées
aux individus en fonction de leurs revenus, de leur richesse ou d'un mélange des deux.
C'est une de ces méthodes qui permet à Oxfam d'affirmer que les 1% les plus riches
émettent autant que les 66% les plus pauvres.
Cette attribution met en avant les importantes inégalités économiques
existant au sein des pays et entre les pays.
Utilisons maintenant une méthode riche en information :
une attribution qui repose sur la consommation des ménages.
On va s'appuyer sur un travail d'Antonin Pottier.
Il prend en compte les émissions liées à la fabrication des produits
consommés par les ménages, y compris les émissions
ayant lieu à l'étranger.
Pour l'année étudiée 2010, les émissions moyennes d'un ménage français
sont de 22 tonnes d'équivalent CO2.
Si on regarde ces chiffres en fonction des revenus des ménages,
voilà ce que ça donne :
Les 10% des ménages les plus riches émettent en moyenne 33 tonnes
de gaz à effet de serre.
Les 10% les plus pauvres, 15 tonnes.
Les plus riches émettent donc 2,2 fois plus que les plus pauvres.
Il y a un lien clair entre le revenu et les émissions.
Ce qui est logique puisque les riches consomment plus.
Mais allons plus loin, ajoutons maintenant le niveau des revenus.
Ce qu'on constate, c'est que les 10% les plus riches
gagnent 9 fois plus d'argent que les 10% les plus pauvres.
Pourtant, ils ne polluent que 2 fois plus.
C'est dû au fait qu'ils épargnent une grande partie de leurs revenus.
Cet argent ne sert donc pas directement à la consommation.
Mais malgré cette épargne, les riches dépensent tout
de même plus d'argent.
On le voit ici, les plus riches dépensent 3 fois
plus que les plus pauvres.
Mais il se trouve que les riches dépensent proportionnellement moins d'argent
dans les consommations les plus émettrices.
C'est pour ça qu'ils émettent seulement 2 fois
plus que les plus pauvres.
Attention, ici encore, on parle de moyennes.
Les émissions peuvent être assez différentes au sein d'une même catégorie de revenus.
Cette dispersion est représentée ici par les traits noirs.
Les ménages qui émettent le plus parmi les plus pauvres
peuvent émettre plus que les ménages qui émettent le moins parmi les plus riches.
Il y a donc d'autres déterminants que le revenu aux différences d'émission.
Tout d'abord, la localisation.
En distinguant, pour chaque niveau de revenu, le lieu d'habitation
des ménages entre centre urbain, périphérie et milieu rural,
on voit qu'il joue un rôle important sur les émissions.
Dans la plupart des cas, les émissions sont plus élevées
pour les ruraux et pour les habitants des périphéries que
pour les ménages vivant en centre-ville.
À partir de là, on peut entrer dans le détail de ces différences grâce
aux données de consommation.
Prenons le cas du transport.
Pour un même lieu de vie, plus on est riche,
plus on se déplace.
Aussi bien sur de courtes que sur de longues distances.
Le poids de l'avion est particulièrement
fort chez les plus riches.
Il y a aussi un effet du lieu d'habitation.
Les ménages ruraux ont davantage besoin de se déplacer.
Ils ont moins d'options peu polluantes, comme les transports en commun.
Autre facteur déterminant : le logement.
On distingue toujours une évolution liée aux revenus,
mais elle est moins flagrante.
Les émissions des appareils électriques sont faibles,
car l'électricité est largement décarbonée en France.
L'essentiel des émissions à l'utilisation du logement
est lié au chauffage lorsqu'il n'est pas électrifié.
La disparité des émissions a 2 raisons principales.
D'une part, les superficies des logements sont plus élevées chez les plus riches,
mais également plus élevées en milieu rural qu'en milieu urbain.
D'autre part, les logements des plus riches ont souvent de meilleures
performances énergétiques.
Ce qui limite l'effet de l'augmentation des superficies
sur les émissions.
Un dernier point.
Les données statistiques utilisées pour obtenir ces résultats
ne contiennent pas de ménages ultra-riches.
Pour se faire une idée, des travaux ont tenté d'évaluer les émissions
de la consommation de plusieurs milliardaires.
Elles sont essentiellement dues à leurs yachts, jets privés et,
dans une moindre mesure, leurs logements.
On constate alors des émissions de l'ordre de plusieurs milliers de tonnes par an.
La conclusion de tout ça est bien que les plus riches
émettent davantage en moyenne que les plus pauvres.
Mais l'ampleur de l'écart dépend de la méthode
d'attribution utilisée.
Maintenant, vous savez aussi que derrière les moyennes se cachent
des différences significatives, avec de nombreux facteurs.
Il faut souligner aussi un aspect crucial.
Ce sont les plus riches qui ont de plus grandes capacités
pour agir et réduire leurs émissions :
1.
Ils peuvent diminuer leur consommation de biens ou services fortement émetteurs
qui ne sont pas indispensables.
2.
Ils peuvent plus facilement mobiliser l'argent nécessaire pour faire
des changements coûteux de leur mode de vie.
Par exemple, en investissant dans des modes de transport
ou de chauffage bas carbone.
Enfin, 3.
En tant qu'éventuels actionnaires, ils ont davantage de pouvoir décisionnel
dans des entreprises plus ou moins polluantes.
À l'inverse, les plus pauvres ont moins de marge de manœuvre :
Avec des émissions contraintes, liées au logement et aux transports.
Une faible capacité d'investissement.
Et moins de pouvoir économique et politique.
Pour toutes ces raisons, il est nécessaire de tenir compte des inégalités quand on met
en place des politiques climatiques.
C'est d'ailleurs l'un des principaux messages du rapport du GIEC sur la réduction
des émissions de gaz à effet de serre : "L'équité et des transitions justes
peuvent permettre une atténuation plus forte et plus rapide du changement climatique".
J'espère que cette vidéo vous a plu et que vous avez appris des choses.
Maintenant, vous devriez vous en sortir face aux différentes méthodes d'attribution
auxquelles vous serez confrontés.
Comme toujours, les sources et les compléments
sont disponibles en description, ainsi qu'un lien vers ma chaine YouTube
et vers les autres vidéos du Monde qui parlent de climat.
Merci à Loïc Giaccone avec qui j'ai écrit
ce script.
C'était Rodolphe Meyer, pour Le Monde.
À bientôt sur le net.
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