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Rendons-nous à présent dans un pays qui fut le centre de l'empire Inca,
le Pérou, deux millions et demi de touristes font le déplacement chaque année.

Parmi les sites les plus visités, le Machu Picchu,
au cœur de la cordillère des Andes,
la citadelle fait le plein, trop même.

Le surtourisme menace le site, l'envers du décor est saisissant,
quand un fichier et Jean-Philippe Équette ont rencontré les Français qui en ont fait l'expérience.

C'est une ligne d'arrivée qui a de l'allure.

Après quatre jours de randonnée au milieu de la cordillère des Andes,
ces marcheurs venus de Perpignan arrivent au Machu Picchu.

Face à la célèbre citadelle Inca, ils savourent.

Et en fait, tout l'effort qu'on vient de faire, l'essoufflement,
parce qu'on a vraiment un essoufflement énorme.

C'est assez fort, il disparaît, quoi,
d'un coup on voit ce site, on dit ça y est,
j'y suis.

Les larmes qui m'ont aux yeux presque, c'est énorme.

Depuis que je suis gamin, j'ai...
l'image, quoi,
dans le livre d'histoire du Machu Picchu, je voulais le voir en vrai.

C'est le lieu le plus visité du Pérou,
plus d'un un million et demi de touristes par an,
dont de nombreux amateurs de trek, c'est à la mode.

Alors, les guides font tout pour déjouer les embouteillages sur les sentiers.

On peut éviter la foule ?

Avec un bon guide, oui, en fait, je le crois.

Parce qu'en fait ils connaissent les circuits,
ils savent vers où on peut aller,
ils savent où s'arrêter quand il va arriver des groupes, etc.

Il n'y a qu'un seul autre moyen de se rendre jusqu'au Machu Picchu,
le train.

Celui-ci est devenu une attraction touristique.

Groupe de musique, champagne, danse, tout est fait pour satisfaire les voyageurs.

Dans la voiture d'à côté, plus au calme, nous rencontrons ces deux retraités.

Tout le monde nous a dit de prendre le train que c'était mythique.

Et puis les gens sont tous impatients, ça se sent,
donc il y a une sorte d'ambiance quand même.

Ils ont payé environ 100 euros chacun pour avoir ces places avec toits panoramiques,
et admirer l'entrée dans la forêt amazonienne.

Surtout, ils ont accès au dernier wagon,
l'observatoire.

Tant de cultures, d'amusement, impossible de s'ennuyer ici, ce trajet, c'est déjà une aventure.

Dès l'arrivée à la gare, pas le choix,
vous devez traverser ce labyrinthe de boutiques.

Un vaste souk péruvien avec lama fluo,
aimant pour frigo et poncho.

C'est de la laine de bébé alpaga, douce et fraîche, la meilleure qualité du Pérou.

Aguas Calientes est située tout près de la fameuse montagne.

La ville a même été rebaptisée Machu Picchu Pueblo.

C'est un peu l'envers de la carte postale,
une cité créée de toutes pièces pour les touristes,
salon de massage à foison, odeur de friture partout,
spécialité pas tout à fait locale.

Ça n'est pas très authentique pour être honnête, sans le truc un peu de tourisme.

C'est la porte d'entrée du Machu,
donc c'est un peu un passage obligatoire.

En effet, tous viennent surtout pour gravir le mythique Machu Picchu perché à 2400 mètres d'altitude.

Mais depuis six ans, l'accès est limité à 4500 visiteurs par jour,
5600 en haute saison, pas un de plus.

La majorité des billets s'achète sur Internet, à condition de s'y prendre plusieurs mois à l'avance.

Et une petite partie des entrées est mise en vente sur place,
mille billets disponibles chaque jour, premier arrivé, premier servi.

La file d'attente se forme donc très tôt le matin, il n'est que cinq heures et demie.

Là, on va choper un numéro pour après retourner à la billetterie,
pour racheter un billet, pour pouvoir y aller demain matin.

On est une heure, plus d'une heure avant l'ouverture.

Donc, on espère ne pas avoir un numéro trop élevé,
histoire de pouvoir avoir notre créneau demain matin,
qui est notre dernier délai personnellement.

-Il y a un petit suspense? -Un petit suspense, un peu de stress quand même.

Il y a trois ans, fait rare, des touristes ont manifesté contre ce système.

Le directeur du site, archéologue de profession, assume.

Cette limitation des quantités des visitants,
ça nous permet aussi de savoir où on peut intervenir,
qu'est-ce qu'on peut faire avec ce système là.

On peut fermer certains secteur qui nous semblent un peu plus abîmés que d'autres.

Et pour cause, les autorités ont accepté de nous montrer les ravages causés par des années de tourisme sans limites.

La citadelle, vieille de six siècles, classée patrimoine mondial de l'Unesco, a été endommagée.

Avant, l'accès au Machu Picchu se faisait par ici.

Mais voilà, cet escalier taillé a été largement abîmé par le passage de tant de visiteurs.

On a donc créé ce nouveau chemin.

Cette zone est désormais interdite au public.

D'autres mesures très concrètes ont été prises:
retrait de toutes les poubelles pour inciter les visiteurs à garder leurs déchets,
installation de ces grilles en plastique afin de limiter l'érosion du sol.

Et de petites barrières pour, devinez quoi,
empêcher les touristes de continuer à faire leurs besoins derrière le mur.

Et il y a ces cordes aussi.

Il y a quelques années, nous n'avions pas cette cordelette.

On la mise quand les touristes, notamment des Japonais,
cherchant à réaliser la photo parfaite, reculaient un peu.

Puis encore un peu plus, et un jour, sont tombés.

Ils ne se sont pas fait trop mal, mais on se doit de faire attention à eux.

Ces cordes délimitent surtout les trois circuits balisés,
vous ne pouvez en emprunter qu'un seul et rester trois heures maximum sur place.

L'État péruvien gagne des million d'euros chaque année grâce au site.

Mais hors caméra, des agents nous confient que les investissements sont insuffisants,
pas assez de garde, des salaires plus faibles qu'ailleurs.

Plus bas, en ville, même critique, certains habitants se sont organisés en collectif.

Selon eux, l'argent ne profite pas assez aux locaux.

L'État nous a oublié.

Ce pont, par exemple, n'a pas été fait par l'État mais par la mairie.

Les voies principales que vous voyez ont été financées par une donation du gouvernement finlandais.

S'ajoute enfin un autre débat houleux, à 60 kilomètres d'ici,
ce projet d'aéroport international est très contesté.

N'y aurait-il pas en effet un paradoxe à vouloir limiter le nombre de touristes au Machu Picchu,
tout en facilitant l'arrivée de million d'autres.

Cet aéroport proposera une nouvelle offre culturelle,
pour attirer les visiteurs vers d'autres sites,
comme le village de Chinchero.

Dans le même temps, ces autorités nous glissent pourtant qu'elles envisagent d'augmenter le nombre limite d'entrées au Machu Picchu.

Trouver le bon équilibre entre appât du gain et défense du patrimoine semble décidément être un dilemme quotidien.