arinar
2016-11-30
Canal Académie Espace Apprendre
Anne Jouffroy : La Fontaine n'est pas un inventeur de la fable en général. Il invente simplement la fable moderne et vos traductions montrent comment il a imité et surtout enrichi ses sources antiques. Vous avez traduit vous-même Ésope, Phèdre, Horace, Abstémius. C'est très important de pouvoir lire les fables qui ont inspiré La Fontaine. Il a quand même fait un travail important pour donner des détails, un rythme qu'effectivement ses sources antiques n'avaient pas. On sent du souffle et des dialogues.
Philippe Paraire : Bien entendu, La Fontaine a transformé la fable. Le simple apologue grec ou latin, La Fontaine en a fait une espèce de petite pièce de théâtre, associée parfois à un conte, avec des formes qui sont les siennes. C'est-à-dire que La Fontaine a choisi la fable, le genre mineur, parce que c'est un genre qui permet toutes les audaces. Ce n'est pas très codifié. Au moment où il commence à faire des fables, l'art classique est en train de commencer à s'installer dans les mœurs et dans les mentalités. Mais aussi, entre autres, du fait de la prise de pouvoir de Louis XIV qui va imposer des formes artistiques, La Fontaine est dans une autre esthétique. Il est plus âgé, il sort du baroque. Il est plus dans une esthétique du joli que dans une esthétique du beau. D'ailleurs, La Fontaine est plus du côté de l'élégance que de la majesté, ce qui explique qu'il va pouvoir s'en donner à cœur joie, et entre autres, par exemple, faire quelque chose qui n'avait jamais été fait avant lui : c'est faire des fables en vers en français. Il est celui qui introduit le vers dans la fable en France, en vérité. Même s'il y a eu deux trois fabulistes qui l'ont précédé, la plupart ont écrit à peu près tout le temps en prose et lui, il écrit en vers. Il écrit en vers libres pour l'époque. La Fontaine mélange, dans une même fable, un octosyllabe, un décasyllabe, un alexandrin. Au niveau des rimes, c'est un cahot complet. Il peut très bien commencer avec des rimes plates, suivre avec des rimes croisées, finir avec des rimes embrassées. Et même parfois, il y a des vers en l'air qui n'ont pas de rime, avec rien du tout.
Anne Jouffroy : Oui, parce que c'est toujours le rythme. C'est à lire. C'est un travail d'oralité.
Philippe Paraire : Ça, c'est bien vrai, et d'ailleurs la célébrité de La Fontaine, elle est liée à ce que vous dites. C'est-à-dire que la plupart des Français à l'époque, en tout cas une très grande partie des Français, ne savaient pas lire, mais ils apprenaient les fables de La Fontaine oralement de ceux qui savaient les lire. Ainsi dans les cafés, dans les auberges, on lisait les fables de La Fontaine et ces fables étaient apprises par cœur par les gens. C'est-à-dire qu'en fait le peuple français s'est emparé de la fable de La Fontaine. Et ça explique aussi d'ailleurs, d'une certaine manière, qu'alors que c'était un homme qui avait beaucoup d'ennuis avec le pouvoir royal de Louis XIV, donc du fait de ce succès, il est revenu en grâce ou à peu près, en tout cas, il a eu le droit de repointer son nez parce qu'il était devenu incontournable. C'est-à-dire que c'était devenu un grand auteur célèbre et populaire à partir des années 1670.
沙发还没有被抢走,赶紧过来坐会吧
arinar
法语助手最权威的法语词典
法语助手最权威的法语词典
扫描二维码,下载《法语助手》