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Pourquoi Hollywood aime autant l'histoire française ?

"Napoléon", le biopic réalisé par le Britannique Ridley Scott,
mais coproduit aux Etats-Unis,
s'ajoute à la longue liste des films sur la vie de "l'empereur des Français".

Et ce n'est pas le seul personnage à fasciner les productions américaines.

Marie-Antoinette, Jeanne d'Arc ou encore Émile Zola.

Hollywood se passionne depuis ses origines pour les grandes figures historiques françaises.

Napoléon, c'est vraiment un des personnages qui a été le plus représenté à l'écran.

Selon les décomptes qu'on peut faire depuis 1895,
on peut dire que c'est le numéro un des personnages biographiés en film.

Juste après, on trouve Jeanne d'Arc en France ou bien Lincoln aux Etats-Unis.

Napoléon, c'est un puits d'inspiration pour les réalisateurs,
puisqu'il a de multiples facettes.

Ils peuvent à la fois piocher dans l'histoire de l'homme d'état,
du stratège militaire,
de l'amant, du dictateur,
de l'enfant des lumières.

Dans son biopic, Ridley Scott revient sur ses origines et son ascension.

Il s'attache aussi à la relation qu'il a entretenue avec Joséphine de Beauharnais.

Mais derrière le destin de l'homme,
Napoléon incarne plus largement un héritage européen fantasmé
pour la jeune nation qui a déclaré son indépendance en 1776.

Ça veut dire que dans l'esprit,
on va dire clairement raciste, de la conquête des États-Unis
où on va éliminer les peuples autochtones,
eh bien il n'y a pas d'histoire antérieure.

Donc où elle se trouve l'histoire ?

Elle se trouve en Europe.

Et donc l'histoire européenne semble raconter l'histoire des origines des Américains,
dans le sens où ce sont ceux qui viennent d'Europe
qui ont développé la puissance économique américaine.

Si les productions américaines s'intéressent autant aux grands personnages historiques français,
c'est aussi parce que ce sont des modèles de gouvernement.

Dès les origines d'Hollywood dans les années 1910,
le cinéma classique cherche à donner une orientation morale aux images à l'écran.

Les spectateurs, ils savent qu'à la fin il y aura une morale
qui leur permettra de savoir comment gouverner leur vie,
comment être les plus aptes à faire de leur vie quelque chose de bénéfique,
dans un sens très très précis, qui est celui du capitalisme américain.

Le "Napoléon" de Ridley Scott participe du narratif autour du "self-made man".

Sur l'affiche du film, il est présenté comme "un homme parti de rien" qui a "tout conquis".

"Je ne suis pas fait comme les autres hommes".

Le genre biopic se développe dans les années 30 grâce à une grande société de production:
la Warner.

La Grande Dépression frappe les Etats-Unis, le président Roosevelt tente de relancer l'économie.

La Warner, avec un grand cinéaste qui s'appelle William Dieterle,
va produire de très nombreux films de biopics,
avec le même acteur qui va jouer des rôles complètement différents, Paul Muni.

On va voir la vie d'Emile Zola,
qui est en fait un film contre le nazisme et contre l'antisémitisme.

Les biopics vont se développer dans un esprit d'aider le peuple américain,
et ça, ça marche très très bien.

Avec son "Napoléon", Ridley Scott s'inscrit dans cette tradition hollywoodienne du biopic.

Les choix dans le récit et à l'image sont plutôt consensuels.

Le blockbuster doit s'exporter dans les salles du monde entier
dans le but de conquérir les marchés étrangers.

Il ne fait pas un montage extravagant,
il ne fait pas des prises de vues qui vont surprendre,
qui vont être complètement en désaccord ou pouvoir choquer des personnes.

Les productions sont tellement énormes
avec tellement d'argent qui est mis dedans,
qu'il faut que ça plaise à tout le monde.

Les réalisateurs qui produisent des films à Hollywood sur des personnages de l'histoire française ont un point commun :
un rapport parfois ambigu à l'histoire.

Si ces blockbusters ne sont pas dénués d'erreurs historiques,
comme par exemple le coup de canon sur les pyramides de Gizeh,
les réalisateurs s'en défendent.

Dans la promotion des films,
ils se targuent d'être accompagnés d'historiens
et d'avoir tout lu sur le personnage qu'ils portent à l'écran.

C'est très classique à Hollywood depuis 1916 et le film de Griffith "Intolérance",
qui est un film qui dénonce l'intolérance à travers les âges,
et pour ce film il y avait je ne sais plus combien de mètres linéaires de livres sur Babylone,
sur la France à l'époque de la Saint-Barthélémy.

Dans les années 1960, le réalisateur américain Stanley Kubrick
avait annoncé travailler sur un biopic de Napoléon.

Complètement fasciné par sa vie,
il avait accumulé de nombreuses archives,
se renseigner constamment auprès d'historiens sur tout un tas de détails historiques.

Le projet n'a jamais vu le jour à cause d'un budget pharaonique,
mais le scénario était écrit.

Il a d'ailleurs inspiré Ridley Scott pour son film
et va même être adapté dans une mini-série préparée par un autre réalisateur américain, Steven Spielberg.

S'emparer du personnage de Napoléon,
c'est un peu un passage obligé à Hollywood.