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L'affaire Sherri Finkbine et le droit à l'avortement aux États-Unis

Si l'avortement est devenu un enjeu public majeur aux États-Unis,
c'est en partie grâce à cette présentatrice télé américaine.

Je pense vrainment que je n'aurais pas donné la vie,
j'ai l'impression que j'aurais donné une sorte de mort vivant.

1962:
Sherry Finkbine anime une émission pour les enfants sur une chaîne locale.

Elle tombe enceinte pour la cinquième fois.

Elle prend un sédatif administré lors des grossesses.

Sauf que celui-ci contient une molécule nocive,
la thalidomide, qui provoque des malformations fœtals.

Lorsqu'elle a découvert qu'elle avait,
par inadvertance, pris ce médicament extrêmement dangereux,
elle a consulté son médecin
qui a tout de suite recommandé une interruption médicale de grossesse.

Le problème, c'est que dans son état d'Arizona,
on n'a pas le droit d'avorter depuis une vieille loi de la guerre de Sécession.

L'avortement n'est pas encore un gros sujet,
ni à l'agenda politique, ni dans l'opinion publique,
malgré les milliers d'avortements clandestins,
souvent à risques.

Mais il va le devenir, entre autres, avec ce qui va devenir
l'affaire Sherri Finkbine.

La présentatrice télé alerte anonymement les médias locaux des dangers du médicament.

Mais son nom fuite, l'affaire s'ébruite et elle reçoit des lettres de menaces.

A tel point que le FBI protège la famille pendant un temps.

Et lorsqu'on a vu cette affaire dans la presse,
l'hôpital a tout de suite annulé l'intervention.

Et s'en est suivie une saga où elle a tenté d'aller au Japon,
ça a été suivi par la presse dans le monde entier,
le pape a donné son avis sur la question.

En France, on peut retrouver des articles dans "Le Monde" sur cette affaire.

Elle a fini par avorter en Suède.

Le médecin rapporte que dans ces conditions, l'enfant à naître n'aurait pas survécu.

Après l'avortement, Sherri Finkbine est licenciée par sa chaîne.

C'est aussi une affaire qui était peut-être un peu marginale à l'époque,
mais qui a préparé les conversations qui ont eu lieu après,
puisqu'il y a eu plusieurs épidémies de rougeoles en 1964 et 1965.

Et la rougeole peut aussi avoir des effets tératogènes sur le développement du fœtus.

Et la grande panique qui avait été cristallisée autour de l'affaire Sherri Finkbine a été revisitée.

On est aussi dans la décennie où émerge la deuxième vague féministe.

Petit à petit, plusieurs États se mettent à l'autoriser avec ou sans restrictions.

Et deux décisions de justice emblématiques sont prises:
l'arrêt Griswold v. Connecticut protège le droit à la contraception,
et l'arrêt Roe v. Wade garantit le droit à l'avortement.

Arrêt que la Cour suprême a annulé en 2022.

Désormais, les États fédérés sont libres de le restreindre ou même de l'interdire,
comme c'est le cas dans 13 d'entre eux.