法语助手
2020-06-10
Il n'y a aucun risque à changer de vie.
Aucun.
Il n'y a aucun risque à prendre des risques.
Aucun.
Pourquoi?
Parce que le risque n'existe pas.
Merci.
(Rires, applaudissements)
Ah, c'est bon ça. Ah, c'est drôle.
Je voulais voir ce que c'était le plus petit TED Talk du monde.
C'était un Vine en fait.
Hemm. . .
Non, mais j'ai des trucs sérieux à dire.
D'habitude je finis, je résume les autres,
mais j'ai des choses intelligentes à dire cette année.
Et je voudrais parler du risque.
Et je vais vous raconter une histoire vraie.
Et c'est vraiment une histoire vraie.
Quand j'avais 18 ans, elle avait 18 ans aussi, elle s'appelait Carole.
Nous étions très amoureux.
Nous étions un jeune couple.
Et nous sommes allés nous promener dans la forêt, un week-end, d'hiver.
On découvrait nos vies un peu et elle m'a demandé ce que je voulais faire plus tard.
Et je lui ai dit: Mon r êve, ce serait d'être sur scène à dire des textes que j'aurais dit.
Je savais que c'était ça que je voulais faire à 18 ans.
Elle m'a regardé comme ça. . .
Elle était affolée.
« Mais tu te rends compte du risque que tu vas prendre ? »
Elle voulait que je réfléchisse bien parce que la situation était compliquée et que cette profession était bouchée.
Et elle m'a dit une phrase qui m'a détruit.
Elle m'a dit : « Combien de chômeurs pour un Desproges ? »
(Rires)
Putain. . .
(Rires)
Ouais, ben, ouais. . .
Elle voulait que je reconsidère ce projet un petit peu fou.
Elle a tout fait pour ça.
J'étais amoureux, donc je l'ai écoutée, avec mon cœur, qui est plus puissant que le cerveau parfois, et j'ai renoncé à ce projet. Voilà.
Je n'ai pas pris ce risque.
C'est fou, non ?
Donc, j'ai fait des études de lettres, d'histoire, de marketing.
Je suis rentré dans le conseil. Ouf. . .
J'ai fait de la pub ensuite, de l'internet, de la production audiovisuelle, pendant 20 ans.
Jusqu'à l'année dernière. . .
Mais je vais vous le raconter à la fin ça.
Donc à cause de ce risque, je n'ai pas pris le chemin que je voulais prendre.
C'est incroyable ça quand même.
Donc je n'ai pas cessé d'y penser, à cette histoire.
Pourquoi, de quoi, de quel risque parlait-elle ?
C'est quoi ce risque ?
Et même aujourd'hui, si j'avais envie de changer de vie, de voie, de job, il est où le risque ?
C'est quoi le problème dans ma tête ? C'est quoi le problème dans nos t êtes ?
Il est o ù le problème ?
Eh ben, le problème, parce que j'ai beaucoup réfléchi à cette question, c'est notre imagination.
C'est ce qui nous différencie des animaux.
C'est-à-dire que nous, les humains, nous élaborons, nous anticipons, nous sommes les rois des « cause à effet » , nous savons ce qui va se passer.
Nous sommes des Nostradamus de notre vie.
Pourquoi ?
Parce que nous avons « the vision » .
(Rires)
The vision, c'est une capacité à élaborer des scénarios, pour notre propre vie, où on se dit, si je fais ça, il va se passer ça, puis ça et ça, c'est sûr, et là ça va finir comme ça, c'est sûr.
The vision. (Rires)
De temps en temps, la vision est positive, même très positive en fait.
Je vais quitter mon job, je vais créer ma boîte, je vais embaucher 120 personnes, je vais me développer à l'international.
Avril 2019, je fais 6 342 000 euros de chiffre d'affaires.
À ce moment-là, je serai heureux et je pourrai m'acheter une maison à Marnes la Coquette.
(Rires, applaudissements)
Il y a le pendant, la version négative de la vision.
C'est, je vais quitter mon job, je vais monter ma boîte.
A priori, je ne vais pas avoir des clients tout de suite, donc je vais perdre tout mon pognon.
Ma femme va me quitter, mes enfants, j'aurai honte, mes potes vont se foutre de ma gueule.
De toute façon je ne suis qu'une merde, ça sert à rien.
(Rires)
Il y a deux scénarios, quoi.
Mais alors le pire, c'est que soit le scénario positif ou le scénario négatif, avec la vision, c'est qu'on s'en fout complètement de ce qui se passe dans le monde.
Attentat à Bagdad, 55 morts.
La bourse perd 20%.
Au Danemark, un taré tue 72 étudiants.
Ebola fait 100 000 morts.
François Hollande fait son coming-out. (Rires)
Un truc. . . (Rires)
Le Prince Albert nomine le Pape au Ice-bucket challenge.
(Rires, applaudissements)
Mais nous, on s'en fout, on a the vision.
On sait, on maîtrise, on sait où on va, quoi.
Mais bien sûr que non.
Est-ce qu'une seule fois dans votre vie, une de vos visions s'est déroulée exactement comme vous avez prévu ?
Jamais.
Ne serait-ce que les résolutions du Premier de l'An, elles tiennent deux semaines. (Rires)
Alors une vision pour sa vie, son bonheur, son avenir, son risque. . . mais non, on se trompe tout le temps. Mais c'est dingue.
Vous comprenez ce que je dis ou pas ?
On se trompe tout le temps.
Notre système d'analyse sur nos risques est faux.
Il faut arrêter de se faire confiance là-dessus. Voilà.
Hommes, femmes confondus, vers 40 ans, on a bossé 15, 20-25 ans, on est sur un rail comme ça.
On ne sait pas très bien o ù ça va, mais on y est comme ça.
On a un peu les boules, on aimerait bien changer de vie, mais. . .
C'est dingue le nombre d'arguments qui nous clouent au sol, comme ça, l'argent, la crise, les enfants, les parents qui commencent à être malades, donc on ne va pas déménager, non.
Vu l'état de ta mère, on ne va pas aux États-Unis, ça c'est. . . Excusez-moi.
Je vais vous donner un truc.
Parce que j'ai atteint cette maturité où on donne des conseils existentiels aux gens le dimanche, comme ça, dans des théâtres, maintenant c'est. . .
Je vais vous donner un truc qui marche pour moi, vous en faites ce que vous voulez.
Quand j'arrive à un moment de vie important, quand je dois prendre une décision grave, semble-t-il risquée, je pense à ça.
Je me suis dit, si j'ai un slide, il faut qu'il soit léger.
(Rires)
Parce que. . . ouais, moi, je n'ai pas atteint le niveau d'Alain Damasio qu'on a juste avant, là, l'espèce de coolitude de la finitude, moi je. . .
(Rires)
Moi, je. . .
Donc je pense à ça et ça m'aide.
(Rires)
Je pense à Denis, mon ami Denis.
À chaque fois que je lui parlais de mes projets, il faisait : « Pffff. . . . c'est risqué, hein. »
(Rires, applaudissements)
Je pense à Nathalie, c'est une ex, une autre.
Elle, elle disait que j'étais un rêveur, he he he. . .
oh la la la la.
(Rires)
Je pense à Laurent.
Laurent, c'est un super pote qui a réussi dans la finance.
Maison à Marnes la Coquette.
(Rires)
Il aimait les voitures rapides.
Peut-être un peu trop rapides, Laurent.
Et puis, il y a moi, ben oui.
Enfin, il y a moi, il y a vous aussi. Il y a nous là.
Je plombe.
Ça, c'est ce qui reste de nos angoisses. (Chants d'oiseaux)
Il ne reste plus rien en fait.
Toutes ces prises de têtes qu'on avait.
Toutes ces pensées morbides qu'on avait, est-ce qu'on doit le faire ? j'y vais ? je prends suite ? j'y vais, là ?
(Chants d'oiseaux)
Alors le risque, mais quel risque, quoi ?
Quel risque sérieux?
C'est bon, ça va, laisse-moi. (Éteint les chants d'oiseaux)
(Rires) Il faut arrêter avec ce mot risque, c'est négatif.
Ce que j'aime avec les Anglo-saxons, c'est qu'ils ne disent pas prendre un risque, ils disent « take a chance » . « Take a chance » , prendre sa chance.
Prendre sa chance de faire ce qu'on doit faire, ce qu'on aime, pour être heureux.
Ouais, c'est bien ça. J'aime bien les Anglo-saxons.
Je vais dire un truc. Ce n'est pas très TEDx, il ne faut pas le. . . ça reste. . . bref, d'accord
Quand on fait vraiment ce qu'on doit faire et qu'on aime faire, on commence à s'aligner, à être cohérent, c'est là où on commence à gagner un peu sa vie et qu'on peut viser la maison à. . . Marnes la Coquette ! Je vais y arriver, quoi.
Je vais vous donner un deuxième truc.
Ce soir, je ne suis pas seulement mature, mais généreux. Je vous donne un deuxième truc.
Vous dites : « Ok j'y vais, je sens qu'il faut que j'y aille, mais comment je fais ? Est-ce que je fais la révolution ? Je quitte tout ? » Non, je ne crois pas.
Je crois qu'il faut faire un petit pas.
Et ce petit pas je l'ai fait l'année dernière.
C'était le 5 octobre 2013, donc il y a vraiment un an jour pour jour.
J'ai envoyé un email à la comédienne Michèle Laroque.
Je l'avais rencontrée dans une émission de télé.
Juste une demi-heure, on n'était pas vraiment des intimes.
Une demi-heure, ça ne suffit pas. Et je lui ai envoyé au culot un mail. Voilà, j'ai fait ce petit pas.
Vraiment, dans le fond le message c'était, « J'ai vu dans votre bio que vous n'avez jamais mis personne en scène. Et je trouve ça dommage. (Rires) Je suis prêt à être votre cobaye, voilà. Accordez-moi un café. »
J'y suis allé mollo quand même.
Elle a accepté le café.
Donc une semaine après, on est allé prendre un café.
Donc je lui ai raconté ma vie, la promenade, tout ça.
Et je lui ai laissé le texte de mon seul en scène que j'avais écrit.
Et elle m'a dit : « Bon, je vais le lire et puis je reviens vers vous. »
« Je reviens vers vous » , c'est ça.
Donc j'ai attendu quelques jours, beaucoup trop longtemps à mon goût.
Puis j'étais angoissé. Peut-être que ce petit pas n'a servi à rien.
Et huit jours après, j'ai reçu un texto.
( « Alors je vais faire court: j'adore. Mais vraiment. Vraiment. On se parle vite. » )
C'est bon ça, hein !
(Applaudissements)
Je vous ne dis pas comment j'étais devant ma femme et mes enfants, j'étais. . .
. . . eh eh, regarde le texto. . . . . . eh eh, Michèle Laroque. . .
Mes enfants : « C'est qui ? »
(Rires)
Donc, j'ai essayé de trouver une réponse intelligente et concise : Gnéééé. . . .
(Rires)
Non mais c'est ça. . . vraiment, après, quand on fait un pas, c'est ça, un petit pas, c'est que derrière et il y en a un autre qui arrive.
Et après on dit, puis on fait.
Et alors elle, elle prend un risque quand même aussi.
Elle n'a jamais mis en scène personne.
Moi, je ne suis jamais monté sur scène. Déjà les deux là. . .
Je ne vous dis pas l'angoisse quand j'allais répéter chez elle.
2 à 3 fois par semaine, pendant plusieurs semaines.
C'est comme si j'allais passer le bac. J'avais mal au bide.
Et quand au mois d'avril de cette année, je suis monté pour la première fois sur la scène du Point Virgule.
Attention, Point Virgule, messieurs dames.
C'était plein.
(Applaudissements)
Ouais, ouais. Ouais, ouais, ouais.
Comme on dit vulgairement, je me chiais dessus à ce moment-là.
Mais quand les premiers rires sont montés comme ça. . . Le kif.
Et quand dans la salle, aveuglé pareil, j'ai entendu le rire de mon épouse, que j'ai déjà entendu ce soir aussi, je peux vous dire que. . . quelle sensation incroyable que de se sentir vivant, quoi !
Et je repense à cette promenade quand j'avais 18 ans et je me dis, ok, j'ai mis 26 ans à transformer le risque en chance.
Mais bon, c'est long, mais c'est bon, quoi.
Alors je vous renvoie la question, moi, aujourd'hui.
Qu'est-ce que vous allez faire, vous, demain matin, pour prendre votre chance ?
Je vous laisse réfléchir, voilà.
Merci.
(Applaudissements)
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