法语助手

视频播放地址

Une révolte de marins bretons à l'origine de l'adoption du drapeau tricolore

Vous savez probablement que le drapeau tricolore est né durant la Révolution française...

Et savez-vous qu'il est né suite à une révolte de marins bretons ?

C'est une mutinerie de marins dans le port de Brest en 1790,
qui conduit l'Assemblée à adopter le bleu/blanc/rouge comme pavillon unique de la marine française,
puis plus tard, comme le premier drapeau national.

Septembre 1790, il règne à Brest un parfum de révolte générale.

Les ouvriers de l'arsenal sont en grève pour réclamer le paiement de leur salaire.

La défiance des matelots, d'origine populaire, se manifeste envers leurs officiers, d'origine aristocrate.

Les velléités régionalistes bretonnes s'expriment vis-à-vis de Paris.

En 1789, on est breton avant d'être français,
on est provençal avant d'être français,
on est rochefortaire avant d'être français, etc.

Ces sont les guerres révolutionnaires qui vont figer l'élément national.

La présence dans le port du navire Le Léopard sème un peu plus la discorde.

Le bateau revient de la colonie de Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti), en proie à une insurrection.

Il transporte des colons révolutionnaires
chassés de l'île par le gouverneur,
qui se réfugient dans le port de Brest et incitent les autres équipages à la révolte.

Les actes d'insubordination se transforment en mutinerie, qui gagne toute la rade au cri de « vive la nation ».

Parmi leurs revendications, le refus d'afficher sur leur bateau le pavillon blanc,
associé à l'Ancien Régime.

Les marins exigent que les trois nouvelles couleurs nationales,
déjà présentes sur les cocardes, figurent aussi sur le pavillon.

On a longtemps raconté que soit Lafayette,
soit Bailly, le maire de Paris, avait créé cette cocarde en associant la couleur du roi,
le blanc, avec les couleurs de la ville de Paris portées par la garde nationale,
le rouge et le bleu.

Je crois qu'il faut rechercher plus en amont que la révolution française
et regarder d'une part du côté des habitudes chromatiques de la dynastie des Bourbons.

Il faut regarder aussi et surtout du côté de la Révolution américaine.

Et là, on s'aperçoit que le bleu, blanc, rouge
sont pleinement, dans les années 1770, les couleurs de la révolution en marche,
non pas sur le vieux monde, mais au nouveau monde.

Les troubles de Brest inquiètent Paris et sont discutés à l'Assemblée.

Le remplacement du pavillon blanc par un pavillon tricolore apparaît comme un moyen de calmer la révolte.

Certains considèrent l'abandon du pavillon blanc comme un blasphème
et un reniement du passé glorieux de la marine française.

"Laissez à des enfants ce nouveau hochet de trois couleurs."
Le marquis de Foucauld Lardimalie.

Finalement, le député Mirabeau convainc l'assemblée d'adopter un pavillon tricolore comme
signe de la sainte confraternité des amis de la liberté.

Le 24 octobre 1790, l'assemblée constituante décide que
tous les vaisseaux de guerre et de navires de commerce français porteront un pavillon à trois bandes verticales,
rouge près de la rampe, blanc au centre,
bande plus large que les autres, bleu à l'extérieur.

Le sens vertical permet de distinguer le pavillon néerlandais des couleurs rouge,
blanc, bleu disposés à l'horizontale, etc.

Mais c'est uniquement pour les navires.

Pourtant le nouveau pavillon est un compromis,
entre héritage monarchique et idéaux révolutionnaires.

Il n'est qu'un quartier incrusté sur le pavillon blanc royal.

Dès 1791, le pavillon tricolore s'impose progressivement à l'armée de terre.

Les troupes révolutionnaires arborent bien les trois couleurs sur leur étendard,
mais pas toujours disposées de la même manière.

Le pavillon change une dernière fois en 1794, quelques mois après l'exécution de Louis XVI.

Le fond blanc associé au monarque disparaît, et l'ordre des couleurs devient bleu, blanc et rouge.

Ce qui fut un pavillon de la marine,
puis un drapeau des troupes révolutionnaires,
devient finalement le drapeau national sous Napoléon.

Il est resté inchangé depuis, hormis des modifications mineures.

En 1976, Giscard d'Estaing décide d'éclaircir le bleu pour s'accorder avec le drapeau européen.

Une décision sur laquelle revient Emmanuel Macron en 2021.