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Victor passe des heures plongées dans les livres.

Ça lui permet d'oublier la réalité qui ne lui plaît pas.

Le divorce de ses parents, l'absence de son père,
cette vie dans une pension parisienne triste à mourir.

Quand les livres ne suffisent plus, il se met à écrire ses propres histoires.

Toutes les nuits en cachette dans le dortoir, il noircit des pages et des pages.

À 14 ans il déclare « Je serai Chateaubriand ou rien ».

Chateaubriand, l'écrivain le plus célèbre de cette époque.

Sa maman, Sophie Hugo, est très malade.

Au mois de juin 1821, elle meurt dans son lit.

C'est un coup dur pour Victor, alors âgé de 19 ans.

Le jeune écrivain trouve du réconfort dans les bras de son ami d'enfance, Adèle Fouché,
dont la famille habite à Issy-le-Moulino, juste à côté de Paris.

Ils s'entendent très bien.
Elle est jolie, intelligente,
et avec le temps, ils tombent amoureux.

Ils se marient le 12 octobre 1822. Ils auront 5 enfants.

Léopold, Léopoldine, Charles, François-Victor et Adèle.

À 25 ans, Victor écrit Cromwell, une pièce de théâtre qui devient célèbre à cause de sa préface.

Dans ce texte très important, il s'oppose aux règles de la littérature classique.

Quel scandale!

Bientôt, de jeunes écrivains rebelles se regroupent autour de lui.

Alfred Devigny, Théophile Gautier, honoré de Balzac.

Ils se font appeler les romantiques, et Victor est leur chef.

5 ans plus tard, lors d'une représentation de la pièce Hernanie,
il y a même une bagarre dans le public entre les partisans du classicisme et du romantisme.

Quand le roman Notre-Dame de Paris paraît,
en janvier 1831, c'est un immense succès.

Tout le monde parle de Casimodo et de la belgitane Esmeralda.

Une des plus grandes histoires d'amour de la littérature.

Dans la vraie vie, par contre, le couple d'Adèle et Victor bat de l'aile.

Un jour, ils rencontrent une actrice, Juliette Drouet.

C'est le coup de foudre.

Leur amour interdit fait couler beaucoup d'encre.

À sa demande, la comédienne quitte les planches.

Ils ne se quitteront plus, jusqu'à la mort.

Victor Hugo utilise sa plume comme une arme.

En écrivant des histoires, on peut critiquer et dénoncer.

On fait de la politique.

Et ce qui révolte le plus notre homme, c'est la peine de mort.

Tuer un criminel, c'est s'abaisser à son niveau.

Il écrit en 1836,
Le dernier jour d'un condamné,
qui raconte le ressenti d'un homme avant la pendaison.

Puis, Claude Queue, sur le même sujet.

En 1848, Victor Hugo prononce un discours contre la peine de mort
à l'Assemblée nationale qui restera dans les annales.

Tout le monde aime Victor Hugo.

On se rue dans les théâtres pour voir ses pièces.

On achète tous ses livres et on ne parle qu'à lui.

Il est élu à l'Académie française,
une institution qui réunit les meilleurs écrivains.

Victor est aux anges.

Mais il retombe bien vite sur terre à cause d'une terrible nouvelle.

Sa fille chérie Léopoldine est morte.

Elle s'est noyée dans la Seine,
haut malheur et désespoir.

Plus tard, il écrira en hommage un recueil de poésie,
Les Contemplations.

Le winner de l'Assemblée nationale,
Louis-Napoléon Bonaparte, le neveu de Napoléon Ier,
est élu président de la République.

Mais ça ne lui suffit pas.

En 1851, il organise un coup d'État
et ordonne aux soldats de l'armée française d'arrêter ses opposants
pour montrer au peuple que c'est lui le chef.

Il s'impose comme empereur sous le nom de Napoléon III.

Victor Hugo le critique beaucoup,
si bien qu'il est recherché par la police.

On offre même une récompense à qui le trouvera.

S'il reste en France, il est en grand danger.

L'écrivain s'enfuit en Angleterre,
où sa famille le rejoint.

Même Juliette déménage.

Pendant ses longues années d'exil sur les îles de Jersey et Guernesey,
il s'impose une discipline de fer.

Marche à pied, natation, quelle que soit la météo.

Et surtout, il écrit quatre livres.

Dans cette rigueur naissent ses plus grandes oeuvres.

Les Misérables, la légende des siècles, les Travailleurs de la mer.

Des milliers de mots pour défendre la liberté et la paix,
pour dénoncer la misère et les injustices.

Après 19 ans d'exil, Victor Hugo rentre enfin en France.

À son arrivée à la gare, il est acclamé par la foule.

« Vive Hugo!
Vive Hugo! »

Très vite, il recommence à faire de la politique pour défendre ses idées.

Quelques années plus tard, pour fêter ses 80 ans,
on change le nom de la rue où il habite dans le 16e arrondissement de Paris.

Désormais, ce sera l'avenue Victor Hugo.

Il est très rare que l'on fasse cet honneur à quelqu'un encore vivant.

Juliette, l'amour de sa vie, meurt de vieillesse au printemps 1883.
« Je vais bientôt te rejoindre, ma bien-aimée », écrit Victor.

En effet, il meurt deux ans plus tard, à l'âge de 83 ans.

Il laisse derrière lui des dizaines de livres
qui sont encore lus tous les jours partout dans le monde.

Armé de sa plume, il a réussi à faire évoluer la société.

À sa mort, l'écrivain rebelle est tellement célèbre
que le gouvernement lui organise des funérailles nationales
et décide de l'enterrer au Panthéon.