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Nous sommes dans le Pas-de-Calais.

Sandrine et ses 2 enfants ne sont pas eux particulièrement fragiles.

Pourtant, après avoir mangé dans un fast-food, ils ont vécu un calvaire.

Un soir, en février dernier, Sandrine emmène ses 2 enfants chez KFC pour passer un agréable moment en famille.

Ils dînent sur place et avalent le même menu : un sandwich à base de poulet frit et de galette de pommes de terre.

- 1re impression qu'on a eue, c'est un restaurant pas très propre.

Mais nous avons quand même décidé de rester puisque nous étions là.

Nous nous sommes régalés.

Hein, franchement. . .

- C'était super bon !

- C'est vrai que c'était bon.

On a. . .

Bon. . . Donc nous avons mangé.

Mais au milieu de la nuit, une forte nausée réveille Sandrine et ses 2 fils.

- Ca a commencé vers 2h du matin.

J'ai vu des maux de ventre, des vomissements, de la diarrhée, tout ça. . .

Donc pendant 3 jours, ça a continué.

- On a vomi 10-20 fois par jour, quoi.

Et puis diarrhée, diarrhée, diarrhée. . .

Je vous assure que. . .

Bon, 1 heure, 2 heures, ça va, mais quand ça dure 3 jours, euh. . .

Il est temps que ça s'arrête, quoi.

- Déjà, au bout de la 1re journée, c'était déjà dur, alors. . .

- Je crois que KFC , pour eux 2 et comme pour moi, c'est niet.

A peine remise , Sandrine raconte sa mésaventure sur Internet.

Et très vite, elle reçoit en retour plusieurs messages.

Une dizaine de personnes lui confient avoir été malade s au même moment après avoir mangé dans ce restaurant.

- Donc là, j'ai une dame qui nous donne son avis.

"Dès le lendemain, ma belle-soeur était malade.

"Vomissements, douleurs au ventre, et moi, de gros boutons sur le visage."

S'il y avait eu que nous, bon, on aurait pu dire éventuellement, oui, on était peut-être dans un jour où on n'a pas digéré, mais là, autant de personnes déçues et malades. . .

On se pose des questions. Donc. . .

Sandrine contacte alors le service consommateurs.

Leur réponse : elle aurait mal supporté les épices.

Une hypothèse qu'elle réfute.

La famille a l'habitude de manger épicé.

Que s'est-il passé dans ce restaurant pour que 10 personnes tombent malades en même temps ?

Nous souhaitons interroger le directeur de l'établissement, mais il nous interdit de filmer ses cuisines.

Et selon lui, rien ne prouve que l'intoxication vient de ses produits.

- Merci quand même.

Nous n'aurons pas accès aux cuisines ni aux analyses effectuées suite aux réclamations des clients intoxiqués.

Aucune preuve ici de pratiques condamnables.

Michel a travaillé comme manager dans 3 autres KFC de la région.

Dans chacun d'entre eux, il décrit le même système, la même obsession de la direction : ne rien jeter, quitte à mettre en danger la santé du client.

- On laissait les huiles trop longtemps en cuisson, donc elles étaient noires.

On pouvait cuire du poulet qui était vert, en fait.

- Vert, ça veut dire quoi ?

- Vert, c'est-à-dire pourri.

C'est du poulet qui sent.

C'est du poulet qui est impropre.

Qui est impropre.

- Mais qui était quand même vendu ?

- Qui était quand même vendu, ouais.

Toujours pour cette rentabilité.

Limiter les pertes, ça fait partie du business.

C'est-à-dire que des pertes, bah, en fait, c'est du poulet qui ne va pas être vendu.

Donc le chiffre d'affaires diminue , et ça, la direction n'en veut pas.

Dans un autre restaurant de la marque, une employée dénonce aussi des fraudes encouragées par la direction qui vont encore plus loin.

- Comment ils font pour retimer ?

Nous avons découvert que ce type de pratiques peut exister dans d'autres chaînes de fast-food.

Karina a travaillé pendant 2 ans dans un restaurant McDonald parisien.

Selon elle, falsifier les étiquettes de produits périmés était monnaie courante dans son restaurant.

Ça arrivait souvent irrégulière.

Pourtant, c'est pratiquement tout le temps.

C'était le quotidien. En fait, on recycle tout le temps.

On dit on enlevait l'étiquette, comme ça, et ensuite, avec une étiquetteuse, il fallait remettre une nouvelle étiquette.

Il fallait changer l'air. Il fallait changer la date.

C'est fallait ajouter huît heures en fait. Et pour faire ça, pour faire passer la salade fraîche.

On recycle aussi les produits au lieu de le jeter.

Si on essayait de s'opposer ou de faire quelque chose contre tout ça, on était averti, on traitait mal, on nous faisait des plainnings de . . . . voilà, on ne pouvait rien faire.

Mais Karina supporte de moins en moins ces petites combines et les pressions de sa hiérarchie au quotidien.

Jusqu'au jour où un entretien avec la directrice pour un simple problème de planning va très mal se terminer.

Je ne pouvait plus. Je n'étais plus bien dans la tête dès que je rentrais et ces jours là, elle m'a mis la pression en parlant très, très mal.

On privait donc n'avait pas de témoins et personne.

Je suis sortie de son bureau, puis, quelques instants plus tard, j'ai commencé à ressentir les problèmes de respiration, les palpitations.

Et puis ma directrice à se déplacer vers moi pour me battais encore plus.

Ça continue comme ça fait comme ça.

Et puis, tout verra et tour à fait, je m'arrête parce que quand je me suis réveillée plusieurs pompiers autour de moi, je me suis réveillé avec un masque d'oxygène sur le visage.

Karina vient de faire un malaise.

Selon le médecin des urgences, il serait lié aux pressions subies jour après jour par la jeune fille dans son restaurant.

Ils ont constaté un harcèlement moral par mes supérieurs.

Après, je ne pouvais plus revenir parce que psychologiquement, je n'étais pas bien.

J'ai vu plusieurs fois et ils ont mis les gens dans un état particulièrement pénible.

J'ai vu plusieurs fois la fille pleurer, mais je pense que les relations humaines qui m'ont choquée le plus.

Lors de notre enquête, d'autres salariés nous ont confié travailler dans des conditions particulièrement éprouvante.

Pour Michel, c'est le prix à payer dans certains fast food qui privilégient une rentabilité maximum au détriment de l'humain.

Au niveau du business, et en particulier les franchisés, la pression, la pression économique est importante, c'est à dire?

J'entends par là qu'il y a un chiffre d'affaires à faire pour le réseau, mais encore plus pour les franchisés parce qu'ils ont des investissements personnels dans les restaurants.

Ils investissent entre 150 000 et 200 000 dans une ouverture de resto, donc forcément, la pression est importante pour eux.

Ces pratiques de restauration ont profondément dégoûté du système, c'est à dire que j'avais ma propre éthique.

Je voulais faire les choses très, très bien vis à vis du consommateur, vis à vis des autres employés.

Et en fait, je me suis aperçu que le système était orienté business et c'est uniquement le cash qui est important.

C'est tout ce qu'on fait rentrer, tout chiffre d'affaires et surtout bénéfices.

Notre enquête révèle des problèmes d'hygiène dans les deux restaurants que nous avons infiltrés.

Aucun chiffre ne permet cependant de savoir si ces pratiques sont fréquentes au sein des grandes chaînes.

Nous avons souhaité donner la parole à McDonalds et KFC afin qu'ils puissent réagir à nos interrogations, mais aucune des deux enseignes n'a donné suite à nos demandes d'interview.