法语助手
2023-01-24
Je me suis rendue compte que j'ai fait une énorme dépression post-partum.
Ça veut dire que pendant un an, j'étais en dépression.
Je me suis sentie submergée, étouffée...
C'était vrai, c'était trop en fait.
Il y avait trop de... C'était oppressant.
Je n'ai pas appelé tout le monde en disant : "je fais une dépression, maintenant c'est fini."ou...
Non vraiment, j'ai fait comme tout le monde, je n'ai appelé personne.
Et franchement, c'est dommage.
-Tu veux dire que Laure Manaudou, elle peut aussi faire une dépression post-partum ?
Bah, alors Manaudou a fait une dépression post-partum.
Donc tout est possible.
Je me suis pas comprise.
En tant que sportive, je suis censée être dure.
Et pour moi dans ma vie, c'était...
Mais je vais être forte dans tout.
J'étais fatiguée, j'étais énervée.
J'avais l'impression de pas savoir m'occuper de mon fils.
Alors que ce n'était pas le premier, c'est le troisième.
Et pour moi, dans la logique, une dépression post-partum,
on le fait peut-être au premier
parce qu'on ne sait pas comment faire,
on n'est peut-être pas forcément entourée.
Je me suis rendu compte que c'était beaucoup plus difficile pour le dernier
et puis j'ai pas su gérer comme je l'ai géré pour les deux premiers.
Je me suis rendu compte toute seule que j'étais pas bien,
je voyais tout en noir, ça prenait toute la place
et j'étais négative alors que à la base, je ne suis pas comme ça.
C'est vraiment le manque de sommeil qui m'a fait craquer.
Je pense que finalement, mis à part la charge mentale, mais ça on l'a toutes,
je pense que c'est vraiment le manque de sommeil, la fatigue.
Et j'avais l'impression de me transformer la nuit.
Je pense comme toutes les mamans quand on a un manque de sommeil ou les papas.
C'est vraiment...
Je gueulais sur mon mari la nuit,
alors que je suis très calme et que je ne crie pas
parce que je ne suis pas non plus avec quelqu'un
qui mettait des boules-quesses et qui ne m'aidait pas du tout.
Donc il s'est toujours réveillé pour nos deux garçons.
Mais à ce moment-là, on ne s'en rend pas compte parce qu'on n'est pas bien.
Et là, c'était beaucoup de larmes
parce que de l'incompréhension, de la fatigue vraiment nerveuse,
et c'était "mais pourquoi ça m'arrive à moi ?
Pourquoi je n'arrive pas, moi, à me relever toute seule ? "
Et ça, c'était un échec aussi.
Parce que je me suis toujours dit, et je pense que
c'est les gens aussi qui me répètent, mais : "toi, tu es une femme forte."
Déjà, physiquement, je suis grande,
je suis 1m80, j'ai fait du sport, donc les gens ont tendance à penser
que je suis quelqu'un de très dur.
Et je pense que j'ai masqué beaucoup de choses en me disant
"non, tout va bien, je suis forte, je vais y arriver".
En fait, j'étais toujours énervée.
J'étais jamais souriante.
Alors si, peut-être en apparence, mais intérieurement, c'était vraiment...
J'étais énervée contre ma fille au moindre mot qu'elle pouvait sortir de sa bouche,
alors que c'était juste "maman, tu viens ? ".
Alors moi, automatiquement, je reprenais "Maman, est-ce que tu peux venir s'il te plaît ? ".
Donc ce n'était que des mots comme ça où j'étais vraiment énervée.
Moi, mon symptôme le plus difficile, c'était l'énervement,
l'agacement des petits cris, des petits mots, des petits trucs qui m'envahissaient en fait.
Et du coup, au moment où tu sombres, personne se rend compte que tu vas pas bien ?
Non, personne ne se rend compte parce que je ne montre pas, je pense.
Même si je pleure beaucoup, mais habituellement je pleure aussi beaucoup.
Ma maman habite loin, j'ai pas forcément une relation très fusionnelle avec elle
parce que je suis partie très jeune de chez mes parents à 14 ans.
Et puis dans la vie de tous les jours, il y a les autres enfants, il y a la vie familiale.
Et puis non, pour moi c'était normal d'être comme ça
parce que j'ai une philosophie de vie
où tout tout le monde m'a dit que c'était exceptionnel ce que j'avais fait.
Mais en fait c'est mon chemin de vie, donc je dois l'accepter,
et puis je dois avancer et voir comment ça se passe.
Et je pense que j'ai masqué beaucoup de choses en me disant
"Non, tout va bien, je suis forte, je vais y arriver."
Jusqu'à ce que je me dis : "Non, en fait, je peux plus, j'accepte plus d'être comme ça."
Et puis j'avais pas envie que mes enfants aient cette image-là de moi.
Je pense que c'est pour eux aussi que je me suis rendue compte de ce que j'avais.
Je pense que ça s'est manifesté parce que je me suis mis beaucoup de pression pour le laitement.
J'avais pas assez de lait, pourtant je tirais mon lait, je prenais des granules,
je prenais des tisanes, enfin j'ai tout fait.
Et je pense que c'est arrivé quand je me suis retrouvée à me dire,
"Bah en fait, je peux pas le nourrir. J'arrive pas, il va falloir que je passe au biberon."
Mais j'ai pas envie parce que pour moi c'est un échec.
Et au bout d'un moment, je me suis dit : "Bah en fait c'est ma santé mentale avant tout."
Et je me suis dit : "mais en fait il faut que je monte."
Parce que les gens ont tendance à penser que chez eux, ça se passe.
Il y en a qui le montrent, il y en a qui le montrent pas.
Le problème des réseaux sociaux,
c'est qu'on n'a pas forcément tendance à montrer ce qui va pas.
Je me rappelle, c'était l'après-midi,
j'étais en train d'allaiter mon fils
et j'étais en train de me dire, mais je suis explosée,
j'avais des cernes, j'étais fatiguée, j'en avais marre.
J'ai envie de partir très loin pendant une semaine, de tout oublier.
Je pense que c'est un peu aussi comme une thérapie de se dire :
"bon bah finalement on est comme tout le monde, on va le montrer."
et puis on reçoit des messages qui font du bien en disant...
Les femmes me disent : "ah bah c'est comme ça chez toi aussi."
Ah bah oui, moi aussi j'ai accouché, j'ai eu un post-partum compliqué
et en fait après je pense qu'il y a un peu une entraide entre les femmes
et juste avec un message pour se faire du bien.
Je pense que ça a surpris les gens déjà que je me montre comme ça et à ce sujet-là.
C'est pas parce que j'ai gagné des médailles au JO que...
c'est pas difficile dans ma vie, que...
moi je fais le ménage chez moi, je vais chercher mes enfants à l'école, je vais faire mes courses.
Et les gens ont tendance à penser que quand on est connu,
en fait, on a des gens qui font ça pour nous.
Et moi aujourd'hui, je voulais montrer que c'est difficile pour moi de me réveiller la nuit,
c'est difficile d'enchaîner sur une journée, même si, entre guillemets,
je ne travaille pas parce que mon travail, c'est de m'occuper de mes enfants.
C'est pas possible qu'autant de femmes soient en dépression comme ça,
qu'elles soient pas aidées.
C'est pas possible, il y a beaucoup de choses à faire.
Pourquoi ?
Pendant la grossesse, on a des suivis tout le temps.
Et puis après, ta couche, tu as un rendez-vous chez le pédiatre trois jours après,
après une semaine, pour contrôler s'il mange bien, si la courbe de poids est très bien.
Et par contre, la mère, ben non, il n'y a personne, il n'y a personne qui lui demande si elle va bien.
Et ça, c'est difficile de voir qu'on est un peu mise de côté et que le plus important, c'est que l'enfant grossisse.
Alors certes, c'est important, mais pour que l'enfant puisse grossir, il faut que la maman soit bien aussi.
Est-ce que toi, tu trouves qu'aujourd'hui, on fait ce qu'il faut pour les femmes ?
Est-ce qu'on s'occupe bien des femmes ?
Non, je ne pense pas, clairement.
Je pense qu'on ne nous dit pas tout.
Quand on accouche, on nous dit que ça va être cool, ça va être beau,
qu'il va y avoir de l'allaitement ou le biberon, qu'on a le droit de choisir.
mais on ne parle pas de notre corps qui change,
des kilos qui peuvent rester, de l'humeur, de la fatigue.
C'est tout ce changement physique et hormonal qui est...
c'est un tsunami.
Alors nous, on a envie d'aller bien.
On se dit, bon ben voilà, trois jours après,
tu sors avec ton Maxi-Cosi et puis ton bébé de la maternité.
Et t'as envie de faire comme si t'avais pas accouché
parce que t'as envie d'être bien, de t'habiller correctement.
Tu vois sur Instagram et sur les réseaux que tous les bébés dorment la journée.
Et en fait, toi tu te retrouves à quand est-ce que je pourrais me laver
parce que je ne veux pas laisser le petit dans sa chambre si je ne l'entends pas.
Donc tu mets le transat devant la douche pour aller te laver les cheveux
et puis au moment où tu poses le pied dans la douche, le bébé se réveille.
Et ça en fait, enfin moi j'ai toujours entendu
dire qu'il fallait tout un village pour élever un enfant.
et ça ne devrait pas être permis de
laisser une maman seule avec son bébé, avec son nourrisson.
Je pense que c'est important plutôt que d'offrir un pyjama au bébé.
On offre des heures de ménage pour la maman, des plats qui sont tout faits,
un moment où les grands-parents peuvent garder le petit
pour que la maman puisse dormir tranquillement et faire autre chose si elle a envie.
Je pense que ça commence à arriver,
mais il faut que ça prenne une plus grande ampleur
et je pense que c'est important pour la santé mentale des mamans.
– Tes proches vont sans doute écouter ce témoignage.
Ils vont être surpris ou ils sont au courant ?
– Je pense que mes proches vont être surpris.
Parce que finalement, j'en ai jamais parlé.
Je ne sais même pas si je l'ai dit à mon mari, peut-être une fois.
Parce que pour moi, c'était...
Je suis forte, je vais y arriver toute seule.
Mais en tout cas, non, c'était vraiment...
C'était pas voulu, en tout cas, de...
de prévenir à personne.
C'était qu'on...
C'est qu'on n'ose pas, on n'ose pas demander.
On met peut-être du temps aussi à se rendre compte que
c'est une vraie dépression, parce qu'on nous bassine tout le temps avec...
C'est un baby-blues...
Ben ouais, mais le baby-blues, en fait, il dure pas plus de 10 jours.
Donc si au-delà de 10 jours, ou 12, ou 15, ou...
ou un mois, ça va mal, c'est que...
c'est pas un baby-blues et...
et il faut en parler.
Et je pense que...
même les personnes qui vivent avec nous,
donc compagnons ou compagnes, ne peuvent pas forcément s'en rendre compte.
Peut-être que oui, on va me dire, mais pourquoi tu nous as pas demandé de l'aide ?
Mais au final, j'ai pas demandé
parce que ça s'est passé comme ça
et que peut-être que je sentais que je pouvais en sortir toute seule.
Mais on n'est pas toutes comme ça et moi je sais que j'ai un tempérament mental très fort.
Mais ça ne m'a pas empêché d'être en dépression.
Aujourd'hui, je pense qu'avec du recul,
j'aurais préféré appeler quelqu'un ou demander de l'aide
et pour minimiser le temps de dépression justement.
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