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James, mon chéri, j'ai peur de glisser.

Mère, faites bien attention à votre robe.

Quelle drôle d'idée de m'amener au bord de la Tamise.

C'est sale et bruyant.

Retournons à Chelsea, tu veux ? C'est tout de même plus convenable.

C'est parce que j'aime cette vue, mère.

Ça fait penser à une estampe japonaise, vous ne trouvez pas ?

Pour moi, c'est gris et monotone.

Gris, vraiment ?

J'y vois quant à moi du violet et du vert.

James, on est quand même bien loin du Japon, ici.

Regardez ces dames qui se promènent et imaginez-les avec un kimono et une ombrelle à la main.

Nous voyageons alors que nous sommes encore là.

James Abbott McNeill Whistler est un peintre américain.

Ce grand cosmopolite apprend la peinture en Russie, puis vient s'établir à Paris, où il rencontre les Impressionnistes.

Comme eux, il s'intéresse à l'art japonais, dont la nouveauté et le raffinement fascinent les Européens.

C'est une vraie révélation depuis l'ouverture du Japon au commerce, après deux siècles d'une sévère politique d'isolement.

Whistler collectionne ces objets et en devient fin connaisseur.

La découverte de l'art japonais change la vision artistique occidentale.

Des peintres comme Whistler adoptent certains de ses codes et de ses techniques.

Ici, un format vertical étroit, qui apporte un cadrage particulier,

et une ligne d'horizon placée très haut.

Le peintre utilise pour sa signature un dessin de papillon qui rappelle les idéogrammes japonais.

Mon chéri, pourquoi es-tu si préoccupé par ta collection japonaise ?

C'est tellement mieux que ce qu'on peut voir ici, en Europe.

Et pour ta prochaine toile, as-tu songé à un titre ?

Comme toujours, j'aimerais une évocation musicale.

Quelque chose avec harmonie, arrangement ou variation.

Avec du violet et du vert comme couleurs principales.

Après avoir contemplé longuement la Tamise,

Whistler peint dans son atelier ce qui deviendra :

Variations en violet et vert Il lui importe de rendre ce qu'il appelle "les nuances variées d'un nombre de couleurs limitées".

Car pour lui, une couleur dominante doit donner sa tonalité à l'ensemble.

De la même manière, il définit ce qui lui paraît essentiel dans chacune de ses toiles :

Harmonie, symétrie, stylisation Les objets et les décors japonisants sont fréquents dans les intérieurs, où ils apportent une touche d'exotisme et de rêve.

Nous sommes ici dans l'atelier de Manet, où l'on repère des éventails japonais accrochés au mur.

Ces éventails sont si présents autour du modèle qu'ils lui ont donné son titre.

De nombreux artistes adoptent le format vertical qui, dans l'art japonais, est appelé kakemono.

Ici, une œuvre de Pierre Bonnard déploie un effet graphique saisissant avec un nombre de couleurs extrêmement limité.

On remarque aussi le choix d'une signature en idéogramme,

avec ses initiales, le P et le B, enlacées.

Au-delà de la peinture,

le Japonisme s'exprime sur d'autres supports artistiques tels l'architecture, la photographie ou même la céramique.

Ici, un service créé par Félix Bracquemond et récompensé à l'exposition universelle de 1867 est à l'origine de la vogue du Japonisme.

Cette vaisselle classique européenne a des motifs tirés des nombreuses estampes de l'artiste Hokusai.

Hokusai manga Dans cette photo d'un jardin en hiver, Peter Henry Emerson choisit dans la nature un motif très simple,

un paysage presque vide et quelques signes de végétation que l'on dirait tracés à l'encre, comme dans les calligraphies japonaises.

A quoi reconnaît-on le Japonisme en peinture ?

Les couleurs sont posées en aplats, sans modelé, comme dans une estampe japonaise.

Les format est souvent vertical, allongé, à la manière d'un kakémono.

La peiture décorative est présent des formes et des couleurs épurées.

Enfin, les personnages sont placés dans un décor ou vêtus à la mode japonaise.