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Évidemment, tous les spectateurs de karambolage
n'ont pas eu la chance d'emprunter le métro parisien.

" Comment ça, la chance ? " diront de nombreux parisiens,
excédés par la saturation des lignes aux heures de pointe ?

Certes, cavaler dans les couloirs du métro,
monter, descendre les escaliers et les remonter,
se serrer et se serrer encore plus les uns contre les autres,
dans les efflux d'après-rasage, de déodorant le matin, de transpiration le soir,
tout ça n'est pas particulièrement reposant.

Il existe d'ailleurs une expression qui qualifie
à quoi se réduit la triste vie trépidante de beaucoup de parisiens :
" Métro, boulot, dodo ", c'est hélas bien explicite.

Pourtant, si on les considère d'un point de vue architectural,
les stations de métro parisiennes ont une jolie forme,
sortent de cylindres aplatis, un peu utérins et chaleureux,
et elles sont couvertes de carreaux de céramique blanc, biseautés.

Oui, la RATP est heureusement revenue au décor d'origine,
après quelques détours erratiques dans les couleurs pop,
et notamment l'orange dans les années 70.

Bon, mais savez-vous qu'il existe des stations fantômes ?

Des stations que personne ne connaît car on ne les voit pas ?

Une douzaine en tout !

Certaines n'ont jamais été ouvertes,
les plans des concepteurs du réseau ayant changé en cours de construction.

C'est le cas par exemple de la station Porte Molitor,
destinée à desservir le Parc des Princes,
ou de la station Axo, entre la Place des Fêtes et la Porte des Lilas.

Cette station existe, mais ses accès extérieurs n'ont jamais été construits.

D'autres stations ont été déplacées au fur et à mesure de l'extension du réseau.

L'ancienne station Porte Maillot, par exemple, ou Victor Hugo, dont la courbe était trop forte.

Les Halles, déplacées d'une dizaine de mètres vers l'est pour faciliter les correspondances,
ou Porte de Versailles, déplacées lors du prolongement de la ligne vers la banlieue.

Ces anciennes stations ont été remplacées par des nouvelles du même nom.

D'autres, enfin, ont été purement et simplement fermées.

En 1939, la Seconde Guerre mondiale éclate,
les hommes sont réquisitionnés et le personnel manque.

Plusieurs lignes sont complètement fermées,
et sur les autres, uniquement les stations les plus fréquentées restent ouvertes.

En tout, seules 85 des 332 stations du métro sont accessibles.

Mais nombre de stations servent d'abri pendant les bombardements.

Au lendemain de la guerre, les stations reprennent peu à peu du service,
à l'exception de cinq d'entre elles qui n'ont jamais rouvert leurs portes.

Soit que la RATP ait considéré qu'elles n'avaient pas suffisamment de passages,
ou qu'elles étaient trop proches d'autres stations.

Arsenal, Gare du Nord-USFRT, Champs de Mars, Saint-Martin et Croix-Rouge.

Et une autre station, Porte des Lilas Cinéma,
a été désaffectée en 1971.

Ces stations fantômes,
que l'on devine parfois quand le métro les longe entre deux stations,
et qui font la joie des balades clandestines
et souvent nocturnes des tagueurs et des passionnés du métro,
mènent une vie parallèle.

Certaines sont devenues de simples voies de garage.

D'autres sont utilisées comme ateliers de maintenance.

D'autres encore servent d'abri pour les 100 domiciles fixes pendant l'hiver.

Mais il arrive que leur destin soit plus glorieux
quand elles sont transformées en lieux d'installation artistique.

A ce propos, on retiendra l'audacieuse opération de la Bibliothèque Nationale
qui, pour la promotion de sa sulfureuse exposition L'Enfer de la Bibliothèque,
a tapissé d'immenses affiches coquines
les anciens panneaux publicitaires de la station Croix-Rouge.

Les affiches, éclairées en rouge, étaient dissimulées par de grands tissus noirs
qui bougeaient au souffle provoqué par le passage du train.

La styliste Sonia Rykiel, elle, a organisé en 2010 une campagne de pub
très remarquée dans les stations Saint-Martin et Croix-Rouge.

Et puis bien sûr, les stations désaffectées servent de décors au tournage de publicités et de films.

Tout un stock de plaques permet de rebaptiser ces stations en fonction du scénario.

Sachez en tout cas que si vous voulez y tourner un film,
il vous en coûtera près de 20 000 euros de location.