法语助手
2020-05-09
7 heures du matin, le port de Sète est encore endormi. Chez Clémentine, tout le monde n'est pas bien réveillé non plus. Comme chez toutes les mamans, la journée débute doucement.
C'est les moments où les minutes sont comptées, alors on est concentré.
Ouais, vous êtes super concentré.
Ce n'est qu'après avoir déposé les enfants à l'école que sa journée de travail démarre.
Clémentine est chef. Avec son mari Sébastien, elle a ouvert son propre restaurant il y a trois ans.
Là il est 9h30. Moi le matin, j'ai toute la petite mise en place de pâtisseries.
Enceinte de huit mois, elle alterne entre la cuisine et la salle. Au déjeuner, le couple se partage toutes les tâches.
Je fais beaucoup de kilomètres dans la journée.
Dans le milieu encore très masculin de la gastronomie, de plus en plus de femmes parviennent à s'imposer au rang de chef.
Mais souvent, le moment où elles réussissent coïncide avec l'arrivée des enfants. Horaires à rallonge, présence indispensable au restaurant midi et soir. Comment être mère sans freiner sa carrière? Il y a du sacrifice.
Nous avons suivi trois femmes dans leur quotidien de chef et de maman. Clémentine à Sète, Flora Mikula à Paris et Hélène Darroze à Londres. Comment font-elles pour jongler entre leur travail et leur vie de famille?
Nous sommes à Londres, dans l'un des plus luxueux palaces de la ville. Pour diriger la brigade, c'est la Landaise Hélène Darroze qui a été choisie. Rien n'est laissé au hasard dans son restaurant deux étoiles.
Hélène Darroze, dirige deux autres établissements à Paris et Moscou. C'est l'une des rares femmes à s'être imposée à un tel niveau.
Sa carrière et son parcours ont dicté ses choix de vie. Elle a attendu d'avoir 40 ans pour devenir maman.
Si j'avais été maman à 30 ans, je ne serais pas là aujourd'hui, je pense. À 30 ans c'est vraiment le moment où il faut donner le coup d'accélérateur. C'est à ce moment là que moi, j'ai vraiment percé, éclaté. Donc si j'avais été maman, j'aurais levé le pied sur le travail.
Aujourd'hui, elle n'a pas tout à fait levé le pied. Mais même au bureau, la famille n'est jamais loin. La chef travaille entourée des photos de ses deux filles adoptives.
Depuis que je suis adolescente, j e savais qu'un jour que j'adopterai des enfants. Donc c'était complètement ancré dans mon histoire depuis toujours. Et puis, je me suis beaucoup battue. Par contre, ça, c'est sûr que j'ai remué ciel et terre. Là j'ai utilisé tous les contacts que je pouvais avoir. Je me suis battue dans tous les sens.
En semaine, c'est surtout contre le temps qu'elle se bat. En tant que chef elle doit être partout et pas uniquement au moment des repas.
Donc là, on va faire des tasting. Après, je dois avoir Mirco, le sommelier. Après, j'ai une conference call avec Moscou. Et après à 3h30, normalement, je suis à la sortie de l'école aujourd'hui.
C'est seulement entre les deux repas de la journée qu'elle peut passer du temps avec ses filles. À 15h30, même quand elle est très occupée, Hélène se débrouille toujours pour passer à la sortie de l'école.
La chance, c'est ça. C'est qu'on habite dans un périmètre . . . On habite à cinq minutes du Connote, à cinq minutes de l'école.
Ça va? Voilà Quitterie et voilà Charlotte. Charlotte, elle, va avoir sept ans dans trois mois, trois, quatre mois. Et Quitterie, cinq ans.
Quand Hélène n'est pas avec ses enfants, c'est Marion, la nounou qui les garde. Cette employée à plein temps est une aide indispensable à Hélène pour pouvoir mener sa carrière librement.
Toi aussi t'adores l'éclair au chocolat ? Après un goûter londonien immortalisé par maman. J'ai Instagram, je mets tout sur Instagram.
Les filles rentrent toutes les quatre à la maison. L'occasion pour Charlotte et Quitterie de profiter de leur maman. Car Hélène, contrairement à beaucoup de mères, va devoir repartir au travail dans peu de temps.
Ce matin, en rigolant, j'ai dit oui, il y a une caméra, vous allez vous maquiller. Alors tu parles que. . .
Une pause précieuse dont elle profite au maximum.
Oh mais dit donc tu es super bien maquillée. Et toi, voyons. Ah ouais, je vois, vous avez bien fait ça.
Une pause précieuse dont elle profite au maximum.
Bas j'ai vraiment une faculté, en effet, de passer d'un monde à l'autre. Même du mode vacances ou mode de travail. Du mode weekend en mode semaine. Il y a des soirs où c'est difficile de repartir au travail.
Une dernière photo au passage, mais à 18h30, il est déjà l'heure pour Hélène de retourner au restaurant.
À la maison, Marion prend le relais. Éducatrice, elle habite avec la famille. C'est elle qui gère le quotidien et les emplois du temps.
Ça, c'est pour dire quand Hélène est à Paris en fait. C'est plus facile à gérer pour elles l 'absence, de savoir quand est-ce qu'elle va partir, combien de nuits elle sera pas là, combien de nuits elles pourront dormir dans le lit de leur maman.
Si Hélène Darroze se fait aider par une nounou chez Flora Mikula, une autre chef, c'est papa qui s'occupe de la routine.
Stanislas, 14 ans, et son père Raphaël ont l'habitude de prendre leur petit déjeuner entre hommes.
Maman elle dort dans la chambre. Parce qu'elle est rentrée tard cette nuit. Donc à 7 heures, elle n'est pas sur le pont.
J'ai sait que pas trop d'amis qui ont leur maman qui se couche à 3 heures du matin.
Tu rangeras ton peignoir. La maison, c'est moi. Lavage, repassage, rangement. Flora ayant des impératifs plus importants que moi, c'est logique que ce soit moi qui m'occupe de ces tâches là.
C'est deux heures plus tard et aux fourneaux que nous retrouvons la maman, alias Flora. Son hôtel restaurant parisien emploie 30 personnes. Son mari s'occupe de la partie administrative. Elle, dirige la cuisine.
Elle y passe souvent plus de 12 heures par jour. Une charge de travail à la hauteur de ses ambitions.
Dès que je suis rentrée à l'école hôtelière, à 16 ans, c'était pour ouvrir un restaurant. Pour vraiment réussir et faire tout ce que j'aime. je n'aurais pas été capable de prendre pour mes enfants, d'arrêter de dire je veux deux ou trois enfants, mais je mets ma carrière en suspend. Non, ce n'était pas possible.
Flora et son mari ont choisi de n'avoir qu'un seul enfant.
Trois frères à la même aura frappé à la porte. Même en plein service. Son fils chéri, qui arrive du collège, est toujours bienvenu.
Elle a mon bébé pour réussir à voir une maman qui se consacre midi. hier soir à son restaurant. Le mieux, c'est encore d'y manger.
J'arrive à l'heure où ça va, y'a pas trop de monde, donc c'est de l'anti. C'est sa maison comme… … -Oui, ça va.
Il ne risque pas de regretter la cantine aujourd'hui, là voilà, St-Lambert de truc. J'ai pas faire manger les boîtes de conserve parce que là ne mange pas tous les jours.
Etre en bonne mère de famille. Flora prépare le repas, mais n'aura pas le temps de manger avec son fils. C'est son mari. Attendez, on mange à 16h, donc voilà. Au mieux, on a mangé quatre fois par semaine ensemble. Oui, comment faire manger du poisson aux enfants avec un peu de. . .
Si Flora réussi sa carrière avec autant de liberté dans ses choix. C'est aussi et surtout grâce à Raphaël. C'est lui qui a adapté ses horaires de travail pour gérer la vie de famille.
Quand Stanislas part faire ses devoirs, Flora doit s'occuper des commandes du restaurant. Cet après midi, elle ne pourra rentrer qu'une heure et quart chez elle, à 18 heures, à la maison, pendant sa pause.
C'est papa qui contrôle les devoirs, à savoir s'en occuper. Non. C'est papa à côté de. . . ne pas empiéter, voilà. En se répartissant les rôles à l'auberge comme dans la vie quotidienne. La famille a trouvé son équilibre.
Comme il disait ce matin, l'air de rien, j'ai des copains qui voient jamais leur papa parce qu'ils sont en déplacement. Il ne voit pas beaucoup sa maman, mais elle est là. Elle est là quand même, n'est pas complètement absent.
Je le vois moins, mais plus intensément. Et on aime bien. Par exemple, samedi matin, papa part à l'hôtel, très tôt. où on se lève tard et lui même biaisent un peu dans le lit. Le petit déjeuner il chercher un croissant, ça, c'était pour moi tant. De temps en temps, on va tout les deux. - Non non, c'est pas de temps en temps.
A 19h30, même si elle resterait bien quelques minutes de plus sur le canapé, Flora repart assurer le service du soir. Quand elle rentrera ces garçons seront couchés.
A Londres, c'est aussi une cadence effrénée qui rythme la vie d'Hélène Darroze. La nuit tombée, pendant que la nounou s'occupe des filles à la maison. Elle installe son bureau au milieu de la cuisine du Palace.
Ça permet à la fois de travailler sur ce que j'ai à faire, de regarder ce qui se passe, de me lever. S'il y a des petites choses à corriger. OK.
La conclusion d'une journée de travail quasi continue de 14 heures. Ça fait du bien l'air fraiche, contraints de travailler comme ça à huis clos dans ce bureau sans lumière fermé en bas, ça, c'est vraiment difficile.
22h30 Elle rentre chez elle. Et puis, ce qui m'attend, c'est mon lit. Je vais pas faire de réveiller eux. Un dernier mail professionnel? Le bilan de la journée en photos.
J'ai mis Charlotte au piano. Je de cuisine. Voilà pour demain. Et évidemment un dernier câlin à ses filles.
A Sètes, Clémentine, elle ne gère pas une table étoilée. Pourtant, la jeune chef de 31 ans et son mari, tous deux diplômés d'une prestigieuse école hôtelière, ont débuté leur carrière dans de grands restaurants. Mais après la naissance de leur enfant, ils ont revu leurs ambitions à la baisse.
L'idée, c'était de pouvoir jongler entre le métier qu'on aime faire et notre vie de famille. Et on l'a fait pendant pas mal d'années, de façon conventionnelle, en travaillant le soir. Le midi. en pur et pour moi, c'était. . . C'était compliqué de le faire.
Il y a beaucoup de gens qui font, mais pour moi, ça allait pas avec ma vie de maman. J'avais envie d'être le soir à la maison avec eux. Et donc, c'est venu l'idée de notre concept. Il est né comme ça, justement, de pouvoir travailler le midi et de faire des activités annexes.
Les activités annexes, ce sont des cours de cuisine. Le salon de thé l'après midi et surtout, l'épicerie fine, juste à côté du restaurant.
Vous avez trouvé votre bonheur? Grâce à ces compléments, à 19 heures, elle pourra fermer boutique et être de retour pour le bain. Son choix de vie lui permet de profiter pleinement de ses enfants.
Je suis contente de partager avec eux, mais ce n'est pas forcément un moment de la journée, et voilà ça j'avais un resto traditionnel. Pour l'instant, c'est facile avec deux, avec trois, ça sera compliqué. Le chef enchaîne avec le service du soir.
On va manger de la saucisse avec de la purée. Ça va où? Tu préfères aller au resto? Les enfants, c'est prêt à table.
Seulement quatre couverts.
Un jeu d'enfant. On a des clients exigeant et même ici le soir, une histoire au lit et enfin quelques heures pour souffler qui, normalement, est un métier très prenant. Et là, grâce à notre concept, on a réussi à faire le métier que j'avais choisi de faire et en même temps, j'arrive à vivre ma vie de maman à ce qu'on croit vraiment.
Chacune à leur manière. Clémentine, Hélène et Florat trouvent que l'on peut vivre de sa passion sans sacrifier sa vie de famille.
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