法语助手
2018-02-28
Bonjour à tous et bienvenue dans You Ask.
Des vidéos destinées à répondre à VOS questions scientifiques, dans les termes les plus simples et rapidement, parce que court et intense, c'est mieux que long et chiant, comme le disait. . . comme le disait mon ex.
*reniflements* *pleurs* *nez qui se mouche* *hum hum* Bref.
Donc, ce mois-ci, je vais répondre à la question de MattAllMediaThings, qui demande : "A quoi ça sert d'être triste ?".
Ok. Super adapté. On passe une excellente journée. . .
Et une joyeuse Saint Valentin à toutes et à tous, hein !
Bon, si on en croit Internet, être triste confère des super-pouvoirs.
Avoir le plomb permettrait d'être plus créatif, plus persuasif, plus empathique, d'avoir une réflexion analytique plus affûtée et d'être plus critique vis-à-vis de l'information en général.
Ok. Le truc c'est que l'on peut trouver tout et son contraire sur le net, et apparemment le domaine de la psychologie attire tout un tas de piliers de comptoir virtuels, certains gourous du développement personnel n'hésitant même pas à dire que la dépression,
- oui, oui, cette pathologie mentale qui tue des gens - est en fait plutôt bénéfique parce que c'est bien connu, ce qui ne tue pas te rend plus fort, tout ça tout ça.
Soyons clairs : ce qui ne tue pas te met la misère jour après jour, et sans traitement, elle finit hélas bien souvent par te tuer quand même.
La dépression est classée comme une maladie mentale depuis au moins les années 80, elle génère des suicides qui sont la première cause de mortalité des gens de ma génération et pourrait devenir la première cause mondiale d'invalidité en 2020.
Bref. On ne va pas romantiser cette merde ici, mais si vous voulez des infos fiables sur le sujet, allez faire un tour sur la chaîne du Psylab, deux médecins YouTubeurs qui sauvent des gens dans la vraie vie, les liens sont dans la description.
Euh. . . Bon, j'ai un petit digressé, tout ça pour dire qu'on ne parlera pas de dépression ici, que je garde pour un autre épisode.
La question "à quoi ça sert d'être triste ?" est une sous partie de : "pourquoi avons-nous des émotions ?" un vrai problème scientifique qui n'intéresse pas que des psychologues, mais également des ethnologues et des biologistes.
Tous ces gens-là ont tenté à plusieurs reprises de catégoriser les émotions.
Dans son livre, Tiffany Watt Smith a recensé 154 émotions différentes ressenties dans la diversité des peuples de l'humanité.
Ça va du "Basorexia", le besoin urgent d'embrasser, au "Schadenfreude" des allemands, la joie malsaine de voir quelqu'un malheureux, tandis qu'au Cap Vert, le "saudade" exprime une mélancolie empreinte de nostalgie .
Les thaï peuvent également se retrouver confrontés au "greng jai", le sentiment de devoir refuser l'aide de quelqu'un pour ne pas l'ennuyer, et aux Philippines, il existe le "guiguil". . .
L'envie irrésistible de pincer les joues de quelqu'un que l'on aime.
En Papouasie Nouvelle-Guinée, vous pourriez ressentir le "awumbuk", le sentiment de vide qui arrive après que des visiteurs soient partis, et enfin en bon finlandais "[kaokokaïpu]? ? ?" signifie avoir le mal du pays pour un endroit où vous n'êtes jamais allé.
Mais d'autres chercheurs s'intéressent plus à trouver des constantes, au milieu de la diversité des émotions de l'humanité, un peu comme les couleurs primaires qui permettent de composer un nuancier.
En fonction des classifications, les chercheurs en reconnaissent entre 4 et 8, et parmi celle qui revient à chaque fois, évidemment, il y a la tristesse.
Dans les années 70, le psychologue superstar Paul Ekman réalisa une expérience sur des peuples de Nouvelle-Guinée avec un mode de vie occidental, et réalisa la même expérience sur des peuples de Nouvelle-Guinée qui n'étaient entrés en contact avec des européens que très récemment.
Dans cette expérience, il racontait une histoire très fortement associée à une seule émotion, et demandait ensuite aux participants de pointer du doigt une photo de l'expression faciale qui correspondait le mieux à l'émotion de l'histoire.
Résultat : quelle que soit leur culture et leur niveau de proximité avec l'occident, les émotions étaient associées aux mêmes expressions faciales.
Ce fait avait été suggéré par Darwin (putain, mais il a tout fait ce mec) dans son livre : "L'expression des émotions chez l'Homme et les animaux".
Darwin constate que les expressions faciales basiques semblent les mêmes chez toutes les populations humaines, mais qu'elles correspondent également à un équivalent chez de nombreux animaux.
Paf, il n'en fallait pas plus pour imaginer que les émotions étaient apparues au cours de l'évolution, et qu'elles avaient une fonction biologique, la tristesse y compris.
Aujourd'hui, on sait que celle-ci, sans donner des super-pouvoirs, a quelques effets intéressants : par exemple, elle améliore la mémoire et les capacités de jugement : on est moins distrait, on retient mieux les informations, et on est moins sujet aux erreurs de réflexion lorsqu'on est triste.
D'autres effets, dans la même ligne, ont été décelés par des expériences en laboratoire : les personnes tristes sont moins naïves, restent plus critiques vis-à-vis de nouvelles informations et ont moins tendance à s'appuyer sur des stéréotypes pour juger des personnes ; d'autre part, les personnes tristes semblent trouver une source de motivation supplémentaire dans les tâches difficiles, et être dans un état émotionnel pas top est de façon générale associé à une façon de penser plus analytique, plus attentive aux détails.
Si on revient à l'idée que les émotions sont adaptatives et servent une fonction, on peut se dire que la tristesse permet de rentrer dans un état introspectif et attentif ; une rumination qui aide à faire les bons choix, pour se sortir d'une situation pas ouf' dans laquelle on est plongé, comme une rupture, par exemple.
Saint Valentin !
Bref, la tristesse aurait été sélectionnée parce qu'elle offre une motivation et un guide, pour les futures étapes en dehors du trou émotionnel dans lequel on est plongé.
L'autre grande facette de la tristesse serait son aspect social :
Darwin (toujours lui) avait remarqué que notre visage est très fort pour communiquer nos états internes, que ce soit en faisant ressembler notre face à un vieux fruit écrasé sur lequel coulent des torrents de morve, mais également en diminuant la taille des pupilles, et en nous faisant pleurer.
Oui, parce que notre espèce se paie complètement le luxe d'avoir des larmes qui sont liées à une émotion, et c'est un cas unique dans l'évolution.
Si la tristesse était juste là pour nous faire réfléchir à comment éviter les relations toxiques, ce déballage d'expressions faciales serait inutile et c'est pourquoi les chercheurs se sont dit que cette émotion sert aussi de motivation sociale : en gros, elle sert de signal honnête.
Honnête parce qu'il est très difficile de simuler un vrai visage malheureux, un signal pour demander de l'aide à ses congénères.
Ça a été confirmé par une série d'expériences, qui a montré que plus la taille de la pupille de nos congénères tristes est petite, plus nous ressentons de l'empathie pour eux.
Et que l'intensité des larmes est corrélée à l'intensité des comportements d'entre-aide,
Bref, il se peut qu'on soit triste tout simplement parce que nos ancêtres étaient déjà des animaux sociaux qui ont eu besoin de cette émotion pour communiquer leur détresse, et qui ont eu besoin de ces signaux pour appeler à l'aide.
Nous sommes toujours ces animaux sociaux, et il se peut que la tristesse soit un signal vers les autres, un signal qui doit être honnête et que l'on doit ressentir vraiment pour pouvoir le communiquer efficacement et récolter une aide en retour.
La tristesse, comme les autres émotions, a une influence fondamentale dans nos vies.
Et en particulier certains jours comme aujourd'hui, on peut avoir parfois l'impression que c'est une punition qu'on subit.
Un truc dont on aimerait bien se débarrasser si c'était possible, un peu comme le déballage commercial autour du romantisme le 14 février, par exemple.
Certes la tristesse est une vraie "bitch", [NDT : "salope"] mais elle semble avoir une utilité lorsqu'elle n'est pas pathologique : en vous forçant à l'introspection et en alertant votre entourage, elle vous suggère une méthode réparatrice.
Prenez le temps de l'écouter, de ruminer un peu, ne dissimulez pas vos fragilités à votre entourage et autorisez un peu d'aide.
Bisous !
- I thought this was the BAD part. [NDT : Je pensais que c'était le MAUVAIS côté. ]
- Nooo. . . The bad part is when you FORGET her. [NDT : - Noooon. . . Le mauvais côté, c'est quand tu l'OUBLIES. ]
When you don't care about her, [NDT : Quand tu te fiches d'elle, ] when you don't care about anything. [NDT : quand tu te fiches de tout. ]
The bad part is coming so ENJOY. . . [NDT : Le mauvais côté va arriver, alors PROFITE. . . ]
The heartbreak while you can. [NDT : De ta rupture tant que tu peux. ]
For God sakes ! [NDT : Bon Dieu ! ]
Pick-pick-pick up the dog poop, would you, please ? [NDT : Ram-ram-ramasse la merde du chien, tu veux bien ? ]
Lucky son of a bitch, I haven't had my heart broken [NDT : Enfoiré de veinard, je n'ai pas eu mon cœur brisé] since Marilyn walked out on me, since I was. . . [NDT : depuis que Marilyn m'a quitté, quand j'avais. . . ]
I was 35 years old. [NDT : quand j'avais 35 ans. ]
What I would give to have that. . . [NDT : Qu'est-ce que je donnerais pour ressentir. . . ] feeling again. [NDT : ce sentiment de nouveau. ]
Merci à toutes et à tous d'avoir regardé cet épisode jusqu'au bout, j'espère que ça vous a plu, et que ça vous a pas trop déprimé pour un 14 février.
Dans tous les cas rappelez-vous que ce concept fonctionne grâce à vous, il faut poser vos questions dans les commentaires, j'en choisirai une et ce sera le sujet de la prochaine fois.
N'hésitez pas à poser des questions farfelues, compliquées ou juste fun et je ferai de mon mieux pour y répondre.
Pour celles et ceux qui voudraient me communiquer leurs sentiments enflammés pour la Saint Valentin, vous pouvez le faire sur les différents réseaux sociaux : Twitter, Facebook et Instagram.
Voilà, n'hésitez pas à venir, il y fait bon vivre.
Portez-vous bien, dites à vos proches que vous les aimez, et on se retrouve la prochaine fois, ciao !
2018/3/1 15:08:58