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2024-10-02
Voici l'un des premiers graffitis de Paris.
Il est signé Restif de la Bretonne,
un écrivain qui a vécu au XVIIIe siècle.
Tout commence une nuit de 1776 selon ce que raconte
Nicolas Edmé Restif de son vrai nom,
même si le tag qui subsiste mentionne la date de 1764.
Cette nuit-là donc, Restif a oublié ses clés et ne peut rentrer chez lui.
Alors il se promène sur l'île Saint-Louis,
fasciné par la ville, et grave la date du jour,
en fin de la nuit, à la pointe de l'île,
25 Augusti, 25 août.
Je la fis dans cette idée:
verrais-je cette marque l'année prochaine ?
Il me semble que si je la revoyais,
j'éprouverais un sentiment de plaisir.
Et le plaisir est si rare vers l'automne de la vie
qu'il est bien permis d'en rechercher l'occasion.
Il faut dire que Restif est fasciné par les lettres:
apprenti imprimeur à Auxerre, il est monté à Paris comme ouvrier typographe.
Habile en société, il devient un écrivain mondain.
D'ailleurs, il profite de ses balades nocturnes
pour raconter des choses vues et autres petites histoires dans ses Nuits de Paris.
A l'aide de morceaux de fer ou de clés,
lorsqu'il ne les oublie pas, il va parsemer les murs du centre parisien de ses états d'âmes consignés dans un manuscrit,
Mes inscriptions.
Par exemple, le 14 mars 1781, il écrit : Félix, Le 14, je fus heureux .
Restif utilise le latin pour crypter ses propos parfois sensibles.
Pas parce qu'il parle politique,
mais plutôt parce qu'il livre sa vie amoureuse, très riche.
Exemple: le matin grande querelle, le soir réconciliation.
Il tombe amoureux pour la énième fois d'une jeune femme.
Et ce choc amoureux le conduit à tracer une inscription,
puis deux, puis trois, quasiment tous les jours et cependant plusieurs années.
Donc on peut dire qu'il a eu comme une crise de graffiti.
Si Restif grave 1764,
c'est parce qu'il eut cette année-là une fille nommée Marion,
pensent les spécialistes.
Et à cette adresse vécut une célèbre courtisane
racontée par Victor Hugo, nommée elle aussi Marion.
Restif organise des tours amicaux pour expliquer ses graffitis,
tout ça à une époque où taguer des murs pour y mettre des messages personnels,
ça ne se fait pas du tout.
Dans le monde littéraire, Rétif est connu pour cette espèce de folie.
Par exemple, on sait que Goethe a entendu parler des graffitis de Restif.
Et il dit qu'il aimerait beaucoup, dans une lettre,
faire le tour de l'île avec Restif.
Mais cette renommée lui vaut aussi une image de weirdo:
Restif est poursuivi par des enfants,
qui l'insultent, lui lancent des pierres,
ce qui le pousse à arrêter en 1787.
En tout, c'est une centaine de marques qu'il laisse,
dont celle-ci, que vous pourrez voir aux 11 places des Vosges.
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