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Quand on le traverse quotidiennement,
on comprend à quel point ce lieu a dû être inspirant pour Christian Dior.

Christian Dior a parlé de cette maison de Granville,
disant qu'il devait tout à sa situation et à ses climats changeants,
et ces ciels, ces cieux de toutes les saisons.

On est vraiment au cœur de Granville, tout en étant un petit peu dans un écrin protégé.

Chacun peut se sentir un peu comme dans son propre jardin, au sein du jardin Christian Dior.

Saviez vous que l'un des plus grands couturiers français, Christian Dior, était né en Normandie ?

C'est dans cette maison en bord de mer,
entourée d'un jardin luxuriant, qu'il a puisé son inspiration,
donnant naissance à son génie et marquant à jamais l'histoire de la haute couture.

Cristien Dior est grandvillais, ses parents font l'acquisition de la propriété l'année de sa naissance.

Donc, c'est vraiment dans cette maison qu'il fera ses premiers pas.

Il va vivre des années assez insouciantes, très heureuses,
dans ce cadre de vie tout à fait privilégié en bord de mer.

On est vraiment sur la falaise, même si la maison est tournée vers le jardin.

Et donc, grâce à cette terrasse qui est un peu en surplomb,
on a cette vue extraordinaire, magnifique,
avec l'île de Jersey juste en face de nous.

En général, on dit que quand on aperçoit l'île de Jersey au loin, c'est qu'il va bientôt pleuvoir.

Et quand on ne voit plus Jersey, c'est qu'il pleut déjà, voilà.

En gros, ce que dit le dicton local.

Né en 1905, dans une famille de 5 enfants,
rien ne prédestinait le petit Christian à devenir le grand Dior.

Christian Dior va vraiment naître dans une famille bourgeoise très aisée,
il y a du personnel de maison.

On se trouve ici dans le bureau du père de Christian Dior,
Maurice qui dirigeait une usine de fabrication d'engrais très florissante.

Or, ce qui est amusant, c'est que Christian Dior disait n'avoir qu'aversion pour cet univers industriel,
et il n'a pas du tout imaginé un instant avoir cette carrière et reprendre éventuellement ces usines.

Ici, on est au dernier étage de la maison,
qui était à l'époque des Dior l'étage du personnel de maison,
et en particulier l'étage où officiaient les couturières.

Si couturière à la journée, les couturières raccommodaient certains vêtement,
voire créaient certains vêtement peut-être pour les enfants.

Christian Dior raconte dans ses mémoires qu'il se plaisait dans la compagnie de ses couturières,
au milieu des tissus, les regardant manier l'aiguille à la lumière de la lampe à pétrole les soirs d'hiver finissant.

On peut imaginer que c'était sans doute son refuge pour la période un peu moins propice à profiter du jardin et être en extérieur.

Si aujourd'hui, ce jardin émerveille tous ceux qui s'y promènent.

Il était pourtant bien différent lorsque la famille Dior a acquis la maison.

Ils arrivent, le terrain est assez nu, un terrain très aride.

Madeleine Dior, la mère de Christian Dior, aurait eu cette jolie formule:
le jardin était nu, il fallait l'habiller.

Et donc ils vont vraiment se créer cet écrin de verdure.

Et Christian Dior disait qu'il a vu les arbres pousser avec lui,
qui constituaient comme une forêt vierge à ses yeux d'enfant.

Contrairement à l'idée d'un climat normand plutôt humide,
il n'a pas été simple de faire pousser des fleurs si près de la mer.

Ce n'est pas tant l'air salin qui effectivement rajoute quelques complexités,
mais c'est le fait qu'on est sur un jardin de falaise qui est très typique normand.

Donc en fait, il y a très, très peu de terre.

Il y a un sol qui est assez pauvre, qui sèche très vite.

Sur les étés où on peut avoir plusieurs semaines sans eau,
il y a des variétés qui ne vont pas se plaire du tout.

Malgré la pauvreté des sols, la mère de Christian Dior va réussir à implanter de nombreuses variétés de fleurs,
notamment grâce à la présence de hauts murs en pierre.

Dans cette roseraie ici, qui est clos de murs, on a davantage de chaleur
et donc la possibilité d'avoir des rosiers qui se développent très bien.

Daniel, gardien de ce sanctuaire, veille sur ce jardin depuis trois ans.

J'ai un bureau extraordinaire.

Sa mission, le rendre toujours plus beau.

Je taille mes rosiers, les branches qui ont fleuri,
pour refaire une floraison d'ici un mois, un mois et demi.

Souvent les gens ont peur de tailler leur rosier,
ils laissent monter, ils laissent monter.

Alors, nous on leur dit, des coups, vous n'ayez pas peur, il faut le rabattre.

Et là, vous allez avoir des belles branches qui vont fleurir.

Les rosiers, on les arrose quasiment jamais.

Si vous arrosez un rosier des coups, vous allez l'affaiblir.

Parce qu'il ne va pas prendre la force d'aller chercher son eau en profondeur.

Il va savoir que vous lui amenez de l'eau, donc il va attendre.

On laisse la nature faire.

Il savent nous le rendre parce qu'il refleurisse régulièrement.

Ces fleurs, Christian Dior les gardera en mémoire toute sa vie.

De galeriste à couturier, il révolutionne la mode en 1946 avec la Femme-Fleur,
une idée qui a germé dans ce jardin.

La silhouette de Femme-Fleur, c'est ainsi qu'on qualifie cette silhouette au moment du 1er défilé de Christian Dior,
qui sera qualifié de New Look, donc le 12 février 47.

L'une des deux lignes emblématiques de cette collection s'appellera la ligne Corolle,
donc référence explicite à la fleur,
avec ses jupes très amples, cette taille très serrée,
très marquée, cette tenue extraordinairement féminine,
qui sont associées intimement à cet univers floral dont on ne peut s'empêcher de penser qu'elle est née à Granville.

En hommage à son succès, sa maison d'enfance a été transformée en musée,
exposant ses plus belles créations et ses sources d'inspiration.

En fait, ici, ce sont des exemplaires de catalogues du grenetier Villemaurin-Andrieu,
le célèbre grenetier parisien et Christian Dior disait que,
enfant, il préférait la lecture de ses catalogues de graines plutôt que de celle de n'importe quel roman.

En 1952, se souvenant de ses lectures d'enfance,
il va donner à deux modèles le nom de Villemaurin et Andrieu.

Robes qui sont émouvantes, qui reprennent par la broderie des semis de fleurs des champs.

Il y a une émotion toute particulière pour l'histoire qu'elle raconte finalement,
cette passion de Christian Dior pour le jardin.

Devenue célèbre pour avoir radicalement transformé la silhouette féminine,
jusqu'ici cachée par des vêtements austères.

Dior enchaîne les collections entre 1947 et 1957,
nourrie par les souvenirs de son enfance en Normandie.

Il est évident que ce climat maritime,
cette mer qui peut être furieuse, aussi très agitée, sont forcément très inspirants,
avec des couleurs, des nuances de couleurs très différentes,
selon que le ciel est dégagé ou qu'il ne l'est pas.

Il a dit que le gris et le rose sont devenus en couture, ces teintes de prédilection.

Le rose, c'est celui de cette maison qui était déjà rose à son époque, ce rose très doux.

Le gris, c'est à la fois le gris de certains soubassements de maison,
mais c'est aussi le gris changeant des cieux granvillais.

On a souvent cette nuance de gris très variée,
trouée de bleu, très régulièrement quand même,
mais ce gris, effectivement, il y a fait référence en évoquant Granville.

Couturier de génie, mais aussi parfumeur,
Christian Dior s'éteint brutalement en 1957 des suites d'une crise cardiaque,
son héritage restera immortel.

Christian Dior a écrit ses mémoires en 1956,
dans lequel il parle de son attachement vraiment viscéral à cette maison qui a durablement marqué son enfance,
il gardera sans doute l'image d'un paradis perdu quand il dit à quel point il doit tout à cette maison et à son architecture.