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Comment sont fabriquées les boules de pétanque ? | C'est Technique.

Pour vous, une boule de pétanque, c'est forcément dur ?

Mais est-ce que vous saviez qu'elle peut aussi être tendre ?

C'est un peu comme des pneus,
des pneus durs ou des pneus tendres,
c'est surtout au roulement que vous allez voir la différence.

Plus la boule est tendre,
moins elle va rebondir sur le sol.

Dures, demi-dures, tendres ou super-tendres,
il y en a pour tous les goûts, chez ce fabricant marseillais.

Bienvenue à la Boule Bleue !

Ce n'est pas ici que la base de la boule est forgée.

Ça, c'est le travail d'un fournisseur
et voilà comment ça se passe.

Pour former une boule de pétanque,
on part d'une grande barre d'acier.

Elle est cisaillée en lopins cylindriques de 300 g chacun.

Ces lopins sont ensuite aplatis en forme de disque,
puis forgés pour former une demi-coquille
qui, elle, est soudée à sa sœur jumelle
pour former la boule.

Eh oui, une boule de pétanque c'est creux à l'intérieur.

À la Boule Bleue, c'est comme ça qu'on les reçoit :
des boules vierges, qu'on appelle des ébauches.

À ce stade, le métal est encore malléable,
on dit qu'il est "mou".

Première opération : le marquage.

La personnalisation, la gravure du nom, du prénom
ou des initiales désirées par les clients.

Une fois qu'on a gravé les boules,
on a un repère pour les opérations suivantes,
notamment le striage,
c'est là qu'on fait les traits sur les boules.

Et cette étape,
ce n'est pas un simple détail esthétique, au contraire.

Pourquoi des striages ou pourquoi des boules lisses ?

Ce n'est pas fait pour reconnaître ses boules sur le jeu,
ça c'est pour les campeurs,
ça a vraiment une importance technique.

Le tireur va jouer avec des boules plutôt lisses,
qui s'échappent facilement de la main
et qui fusent bien au sol.

Le pointeur prendra plutôt des boules striées,
voire très striées.

Voici le striage "4 bis" qui est l'exemple extrême.

Cette boule accrochera davantage à la main et au sol.

Et quand on sait donner des effets, voilà la boule idéale.

Mais pour ça, il faut une bonne technique !

Une fois striées,
les boules passent sous les mains expertes de Paul,
qui s'occupe du poinçonnage.

Ici, on grave le logo "R" pour Rofritsch,
le nom de la famille qui possède l'entreprise
depuis 4 générations.

Ensuite, on inscrit le poids de la boule
et la matière dont elle est composée.

Les boules en acier au carbone,
qui accrochent bien à la main et au sol,
demandent un entretien régulier
à cause des risques d'oxydation.

Les boules en acier inoxydable,
elles, sont plus faciles à lâcher
et n'ont besoin que d'un nettoyage occasionnel,
grâce à leur revêtement plus satiné et naturel.

Ne reste plus qu'à ajouter le numéro de série
avant de passer au traitement thermique.

Une fois qu'on a fini de façonner les boules
tant que le métal était mou,
on passe au traitement thermique.

On va loger les boules pendant 30 minutes
dans un four à haute température.

Là, par exemple, ce sont des boules en acier inoxydable,
elles sont chauffées à 960 °C, pendant 30 à 35 min.

Les boules en carbone, elles, sont cuites à 850 °C.

Une fois sorties du four,
les boules incandescentes sont plongées dans un bain froid
pour les durcir.

Soit dans un mélange d'eau et de polymère pour l'acier inoxydable,
soit dans de l'eau et du sel pour le carbone.

En 7 secondes, les boules passent de 900 °C à 20 °C.

C'est ce choc thermique qui va donner la dureté aux boules.

Mais ce n'est pas terminé !

À ce stade, nos boules sont très dures :
140 kg de résistance au mm².

Pour obtenir une boule plus tendre,
il va falloir la recuire : c'est l'étape du revenu.

On va faire chauffer les boules pendant
une demi-heure, trois quarts d'heure,
jusqu'à deux heures et demie,
à des températures variant entre 250 °C et 450 °C
selon le métal : acier carbone ou acier inoxydable
et selon la souplesse finale que l'on veut obtenir.

Plus on veut des boules tendres,
plus elles resteront longtemps dans le four.

Et là, c'est parti pour deux heures et demie
parce que ça va être des boules prestige inox,
des boules les plus tendres possible.

Avec ces boules en inox, on est loin,
très loin de ce avec quoi jouaient nos ancêtres.

Ça, c'est une boule en bois recouverte de 1 200 clous.

Elles étaient utilisées par les adeptes du jeu provençal.

À cette époque,
le joueur devait faire 3 pas, avant de tirer.

Mais en 1907, au cours d'un tournoi organisé à la Ciotat,
le champion Jules Hugues, dit "Lenoir",
est victime d'une crise de rhumatismes.

Alors au moment de lancer sa boule,
il décide de rester statique.

C'est la naissance officielle de la pétanque !

Rapidement, le jeu gagne en popularité en France,
mais aussi à l'étranger,
notamment dans les anciennes colonies françaises.

Mais le pays où elle devient une véritable institution,
c'est la Thaïlande.

De retour d'un voyage sur la côte d'Azur,
la Princesse Srinagarindra, la mère du roi,
introduit la discipline dans son pays dans les années 50.

Le jeu de boules y devient progressivement un sport national
qu'on pratique à l'école, à l'université et même à l'armée !

C'est d'ailleurs ce qui explique qu'il y ait régulièrement
des matchs France-Thaïlande
aux championnats du monde de pétanque.

Mais le berceau de fabrication de cet objet mythique,
ça reste l'Hexagone.

À la Boule Bleue, ils en fabriquent environ 15 000 par an,
et vendent la triplette entre 130 et 300 euros.

Mais attention, ce n'est pas le prix de votre boule
ou vos connaissances sur leurs secrets de fabrication
qui feront de vous un meilleur joueur !