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1,1 milliard.

C'est le nombre de pièces de monnaie
qui ont été fabriquées en France en 2022.

Toutes ces pièces ont été produites
par une des plus vieilles entreprises du monde :
la Monnaie de Paris.

Cette institution, dont la première mention écrite date de 864,
est la seule à pouvoir frapper des euros pour l'État français.

Et elle nous a ouvert les portes de son usine ultrasécurisée
pour comprendre comment sont fabriquées nos pièces de monnaie.

Même si elle s'appelle la Monnaie de Paris
et que son siège historique est dans la capitale,
l'entreprise fabrique nos pièces à Pessac,
une ville située juste à côté de Bordeaux.

Inauguré en 1973, le site de production s'étend sur 10 hectares,
ce qui représente 14 terrains de football
et l'ensemble est entouré d'une immense muraille
faite de blocs de béton.

Bon, vous l'avez vu, l'extérieur est très sécurisé
et pour rentrer dans l'usine, c'est la même chose.

Là, je vais enlever tous les objets métalliques
que j'ai sur moi et passer ce portique
qui va mesurer ma masse magnétique.

Cette masse doit être la même à la sortie,
le but étant d'empêcher que des pièces soient volées.

Les 200 employés du site doivent passer ce contrôle chaque jour.

D'une superficie de 13 000 m²,
l'usine produit en moyenne 7 millions de pièces au quotidien.

Ce jour-là, la production est dédiée aux pièces de 2 cts.

Dans le premier atelier,
on fabrique ce qu'on appelle les flans,
une version brute des futures pièces.

On les conçoit à partir de bobines d'acier pesant environ 3 tonnes.

Ces bobines sont déroulées et envoyées dans une presse à découpe.

À l'intérieur, on trouve des poinçons.

Ce sont des outils qui vont perforer l'acier
en plusieurs endroits et lui donner sa forme ronde.

13 000 flans de pièces de 2 cts peuvent y être découpés par minute.

On obtient alors des flans avec un contour râpeux et surtout bien gras.

Donc ça, c'est ce qui sort de la machine.

Pour une bobine en entrée qui fait à peu près 3 tonnes,
on va produire 700 000 pièces de 2cts.

Autrement dit,
une bobine permet de fabriquer 14 000 € en pièces de 2 cts.

Après, les flans sont polissés et dégraissés dans cette grosse lessiveuse.

L'objectif est d'avoir des flans lisses et surtout propres
avant de passer dans la cordonneuse.

Cette machine va les presser au centre et sur les côtés
pour leur donner une esthétique unique.

Les pièces de 2 cts, par exemple,
sortent de la cordonneuse avec un contour entaillé.

Pour les flans des pièces rouges, c'est l'heure du cuivrage.

Cette étape de coloration se fait par électrolyse.

En gros, ce procédé consiste à déposer les flans
dans un bain de différents produits.

Le fond de la cuve, lui, est tapissé de billes en cuivre.

En faisant passer un courant électrique dans ce mélange,
les particules de cuivre vont se détacher des billes
et se déposer sur les flans.

En plus de leur donner cette couleur de cuivre,
cela va aussi permettre de limiter le développement de la rouille.

Ce processus nécessite à lui seul 5 h de travail.

Les flans doivent enfin passer l'étape de la vérification.

Et ça se passe dans cette machine équipée de 3 caméras.

Elles vont vérifier la taille, le cuivrage et les rayures
à un rythme de 1 600 flans par minute.

Les flans validés poursuivent l'aventure,
tandis que les rebuts repartent au cuivrage
ou à la refonte en fonction de leur état.

Maintenant, il faut fabriquer les éléments qui vont frapper les pièces.

Il s'agit des coins, des morceaux d'acier
sur lesquels on trouve les dessins des pièces.

Pour s'assurer de leur conformité et lutter contre les fausses monnaies,
les coins sont conçus à partir d'un poinçon original.

Celui-ci par exemple a été gravé en 1999
et sert encore aujourd'hui de base aux futures pièces.

Quand la Monnaie de Paris veut mettre en circulation de nouveaux dessins,
notamment pour des commémorations historiques,
elle fait appel à ses graveurs.

Ces artistes vont reproduire leurs œuvres sur des plâtres.

Elles sont ensuite numérisées
avant d'être gravées au laser sur un poinçon qui servira de référence.

Avec les coins prêts, on peut passer à la frappe.

C'est cette étape qui donne son esthétique et surtout sa valeur à la pièce.

Et ça a lieu dans cet immense atelier.

25 presses hydrauliques y sont installées
sous la supervision des ouvriers-monnayeurs.

À l'intérieur, les flans sont frappés en même temps par 2 coins :
un pour le côté pile, l'autre pour le côté face.

Une pression de 80 t est appliquée
pour que les gravures soient homogènes.

Il faut savoir qu'une presse comme ça frappe à 850 coups/min.

Ça fait à peu près 15 pièces à la seconde.

Ça va très, très vite.

Pour les pièces de 1 et 2 €,
le processus est un peu plus complexe
car on a besoin de 2 éléments à frapper :
un insert et une couronne qui va aller autour.

Dans les presses hydrauliques,
ces 2 morceaux vont être alignés
et c'est la frappe qui va les sertir.

Les pièces sont alors envoyées au conditionnement
et n'appartiennent plus à la Monnaie de Paris.

C'est la Banque de France qui prend le relais
et qui doit les acheminer sur tout le territoire.

Mais justement, pourquoi la Monnaie de Paris
centralise sa production à Pessac
au lieu de la répartir dans toute la France ?

À l'origine, les monnaies étaient fabriquées
dans différentes villes du pays
parce que la frappe était très artisanale.

Toute l'histoire de la monnaie va tourner
autour d'une concentration
progressive de l'activité autour de Paris
au fur et à mesure que les techniques vont se développer.

Il y a aussi une volonté d'État qui est de contrôler la monnaie.

C'est un objet qui émane du pouvoir.

Si on les produit en un seul endroit,
ça permet de faire le contrôle
en un seul endroit, plutôt que de devoir
envoyer des contrôleurs dans tout le pays.

Outre la lutte contre les fausses pièces,
la Monnaie de Paris fait face à un autre défi :
la baisse de la commande publique.

Avec l'essor des méthodes de paiement numérique
et surtout de la carte bleue,
on utilise de moins en moins de pièces pour régler nos achats.

Résultat, l'État diminue ses commandes auprès de la Monnaie de Paris.

Et donc pour maintenir son activité et son chiffre d'affaires,
l'institution monétaire doit se tourner vers d'autres marchés.

La Monnaie frappe pour d'autres États
qui n'ont pas d'usine monétaire.

Il y a en gros 200 pays sur Terre,
ça fait donc potentiellement
très peu de clients.

La concurrence est rude et justement la Monnaie de Paris a cette réputation,
elle a une qualité dans ce qui est fabriqué
et tout ça compte beaucoup dans le choix qu'un pays va faire,
de décider que ce sera nous
qui fabriquerons leur monnaie plutôt qu'un autre État.

En 2022, ce sont 23 pays, parmi lesquels le Guatemala ou le Costa Rica,
qui ont passé commande auprès de la Monnaie de Paris.

Le volume de pièces fabriquées pour des banques centrales étrangères
a même dépassé le volume d'euros produits sur cette année.

Et grâce à cette ouverture sur l'international,
la Monnaie de Paris a réalisé un chiffre d'affaires de 149,2 M€,
le plus élevé depuis dix ans.

Ici à Explore Media, presque personne n'utilise de pièces au quotidien.

Et vous, qu'est-ce que vous faites ?

Encore des pièces ou juste la carte bleue ?

Dites-le-nous dans les commentaires
et aussi n'hésitez pas à nous suggérer
des idées d'objets que vous aimeriez voir dans ce format
et on vous en dévoilera les secrets de fabrication.