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2025-08-18
Toutes ces voitures mythiques sont signées Citroën.
Derrière cette marque se cache un entrepreneur : André Citroën.
Il y a plus d'un siècle, cet ingénieur bousculait l'industrie française.
André Citroën était un visionnaire parce qu'il a donné la ligne à suivre
à tous les autres constructeurs européens, voire mondiaux, pour réussir.
En 1919, André Citroën inonde le marché avec des voitures avant-gardistes,
mais aussi en faisant connaître la marque Citroën par tous les moyens.
Comme le dit Jacques Séguéla, André Citroën a tout inventé
dans le domaine du marketing et de la publicité.
Aujourd'hui, André Citroën reste une référence dans le secteur.
Pourtant, rien ne le prédestinait à l'automobile.
Un voyage,
puis la Première Guerre mondiale vont changer son destin.
Au lendemain du conflit, il a réussi à faire de Citroën
le deuxième constructeur automobile de la planète en dix ans seulement.
Avant d'accumuler les difficultés et de tout perdre à la fin de sa vie.
Il commet une erreur à un moment et donc c'est le début de la fin.
Voici l'histoire d'André Citroën.
En 1898,
André Citroën a 20 ans lorsqu'il intègre l'École polytechnique.
Les parents d'André Citroën émigrent en France.
Le père hollandais, la mère polonaise : André Citroën devient Français
à l'âge de 18 ans pour pouvoir intégrer l'Ecole polytechnique.
À cette époque, Peugeot, Renault ou aussi Panhard fabriquent déjà des voitures.
André Citroën, lui, n'est pas encore tombé amoureux des automobiles.
Lors d'un voyage en Pologne, l'ingénieur découvre un système d'engrenages
à chevrons.
Il achète le brevet puis fonde la Société des Engrenages Citroën
sur les quais de Grenelle à Paris.
Le succès est tel qu'il attire l'attention de Mors.
Ce constructeur automobile est en grande difficulté.
André Citroën est appelé pour la sauver.
Problème : le jeune homme ne connaît rien à ce secteur, mais il a une idée.
André Citroën part aux Etats-Unis en 1912.
Il a entendu parler d'un fabricant de voitures à succès : Ford,
du nom de son créateur déjà célèbre dans toute l'Amérique, Henry Ford.
André Citroën visite les usines.
C'est une révélation.
Il découvre les lignes de montage, la production en série et de masse,
la standardisation ou encore la division du travail
tel que l'avait théorisé l'économiste Frederick Taylor.
Pour les ouvriers, les tâches sont bien souvent pénibles,
mais ce mode de production est si efficace qu'il est érigé en nouveau modèle.
Son nom : le fordisme.
Ça permet de faire des voitures peut être plus simples, mais abordables.
Et surtout, on inonde le marché, on se fait connaître.
De retour en France, Citroën veut appliquer ce modèle à Mors.
Mais l'usine se met en grève.
Son parcours dans l'automobile s'arrête
car André Citroën va être rattrapé par l'histoire.
La Première Guerre mondiale éclate et la France manque d'obus.
André Citroën
se reconvertit dans l'armement avec le soutien de l'Etat-major.
À Paris, il érige sur le quai de Javel une seconde usine dernier cri.
En l'espace de quatre mois, il fait quelque chose qui dépasse l'entendement.
Il fait construire le bâtiment de l'usine qui est un bâtiment gigantesque.
Il embauche 3.500 personnes pour commencer,
dont les trois quarts sont des femmes puisque les hommes étaient au front.
Il met en place un certain nombre de services sociaux dans l'usine.
Mais ça reste quand même un métier dur parce qu'à l'époque, on travaille
quand même avec des cadences très élevées.
Il y applique les méthodes apprises aux Etats-Unis.
A la fin de la guerre, 26 millions d'obus ont été produits.
Citroën gagne en stature.
Après la guerre, l'entrepreneur français n'a qu'une idée en tête et déclare :
« Là où l'on a vu faire des obus, on verra bientôt se construire des automobiles ».
André Citroën fait un pari :
le XXᵉ siècle sera celui de l'automobile.
Il rachète Mors et son savoir-faire, puis crée ensuite une marque
à son nom : Citroën.
Un logo avec deux chevrons est choisi, en rappel aux engrenages des débuts.
L'usine parisienne de Javel se réorganise
et en 1919, le premier modèle sort : la Citroën Type A.
Son prix et deux fois plus faible qu'une voiture d'avant-guerre.
Une révolution.
Au fil des ans, les modèles s'enchaînent, des innovations sont introduites,
l'usine tourne à plein régime et dépasse les 100.000 véhicules produits en 1929.
En parallèle, André Citroën se révèle un patron avant-gardiste
pour ses salariés.
C'est lui qui a inventé, en 1927, le 13ᵉ mois.
Il y avait aussi des périodes de formation
en continu pour le personnel.
Donc ça, c'était aussi quelque chose qui était tout à fait nouveau.
En dix ans, André Citroën a bousculé le secteur automobile.
Mais cette réussite, il ne la doit pas seulement à la qualité de ses voitures.
Avec les automobiles,
André Citroën a prouvé son savoir-faire et il veut le faire savoir.
La marque Citroën doit être omniprésente.
L'entreprise investit massivement en publicité.
Elle fournit même des panneaux de signalisation aux villes, comme Michelin.
Des expéditions en voitures Citroën sont organisées
aux quatre coins du monde et retransmises au cinéma.
Des voitures miniatures Citroën sont produites pour familiariser
les enfants avec la marque.
Puis vient la folie des grandeurs.
Un beau jour, un avion écrit Citroën dans le ciel
et pendant près de dix ans, 200 000 ampoules et des kilomètres
de câbles électriques illuminent la Tour Eiffel en Citroën.
L'industriel mise également sur les stars.
Le célèbre aviateur Charles Lindbergh est invité à Javel
pour attirer la foule après sa traversée de l'Atlantique
et un banquet est organisé avec Joséphine Baker.
« La belle voiture Citroën avec son comfort ».
Et pour faire jaser, André Citroën, ne manque pas d'humour.
« Il a été convenu
avec notre sympathique président Monsieur Lelièvre,
que vous vous engagiez, après cette visite,
à ne pas monter d'usines concurrentes. »
Blague à part,
André Citroën innove sur les services : réparation, entretien,
première société de crédit automobile en Europe, location avec possibilité d'achat,
réseau de concessionnaires et même des taxis Citroën.
Le constructeur bouscule si bien les codes
qu'une voiture sur deux est déjà vendue hors de France.
André Citroën retourne aux Etats-Unis,
là où il avait visité les usines Ford des années plus tôt.
Mais cette fois-ci, Henry Ford ne le reçoit en personne car Citroën
est devenu le deuxième constructeur automobile mondial en dix ans seulement.
André Citroën est au sommet.
Mais l'histoire va se retourner contre lui.
André Citroën
s'est toujours lancé dans des projets, des très grands projets,
voire peut être parfois de trop grands projets.
Et de par son succès, il ne s'est pas fait que des amis.
En 1929,
une crise économique violente frappe les Etats-Unis et se propage en Europe.
Les ventes de voitures s'effondrent.
Pour André Citroën, il est urgent de casser les prix.
Une rencontre va tout changer.
André Lefèbvre, ex-ingénieur de Renault,
rejoint Citroën avec un concept révolutionnaire.
Lefèbvre propose un véhicule monocoque,
donc plus léger et moins cher, avec des roues motrices à l'avant.
C'est la naissance de la Citroën Traction Avant.
Pour la produire, André Citroën fait entièrement reconstruire l'usine de Javel.
Il commet une erreur à un moment.
Il visite la nouvelle usine de Renault
à Billancourt, qui avait été complètement modernisée.
Et quand il voit ça, il se dit : « c'est pas possible que mon grand concurrent ait
une usine plus moderne, plus efficace que la mienne ».
Je vais transformer la mienne pour qu'elle soit aussi efficiente.
Et ce n'était pas le moment.
Mais il prend la décision.
Mais cette décision, elle n'aurait jamais été prise
si son homme de confiance, son ami,
son bras droit, qui s'appelait Georges-Marie Haardt,
avait été en vie à ce moment-là.
Georges-Marie Haardt, c'était un des hommes
que respectait beaucoup André Citroën, c'est à dire que c'était aussi
un des hommes qui savait dire : « stop, on arrête, on ne fait pas ».
Et à partir de ce moment-là, c'est mon interprétation,
mais je ne suis pas seul à le penser, il y a un engrenage qui se met en route
et qui va pousser André Citroën toujours un peu vers la fuite en avant.
Les difficultés s'accumulent.
En 1933, une grève particulièrement dure éclate chez Citroën.
Elle est déclenchée par une réduction des salaires imposée par la direction
afin de maintenir l'entreprise à flot face à la crise économique.
L'année suivante, la Traction est enfin présentée,
mais les retards et les défaillances se multiplient.
La production chute.
Pour survivre, André Citroën réclame de l'argent à ses créanciers.
Beaucoup refusent.
Financièrement, André Citroën est à l'agonie.
Le gouvernement refuse de voler à son secours.
Dans le même temps, André Citroën est gravement malade.
L'entrepreneur a la meilleure usine et la meilleure voiture,
mais il n'a plus d'argent.
Tout le monde parie sur sa chute dans l'espoir de racheter son empire
à prix cassé.
Un des petits créanciers
porte l'affaire devant les tribunaux pour réclamer sa créance.
Evidemment, quand il y en a un qui commence, les autres suivent et donc
c'est le début de la fin. Et à ce moment là, il tombe très malade.
Le cancer des voies digestives.
Il se trouve à l'hôpital pendant des mois.
Et puis,
ce que raconte mon père dans un livre, on lui fait signer toute
une série de papiers alors qu'il était
vraiment physiquement mal en point.
Fin 1934, Citroën dépose le bilan.
La marque et les actifs de l'entreprise passent sous le contrôle de Michelin.
André Citroën meurt six mois plus tard.
Il n'avait que 57 ans.
L'homme disparaît, mais son esprit va perdurer.
La Traction a été un véritable succès
avec un pic de 55.000 ventes en 1938.
Elle est si innovante qu'elle est surnommée « la voiture aux 100 brevets ».
Elle sera fabriquée pendant plus de 20 ans.
André Citroën avait vu juste.
L'esprit chamboule-tout d'André Citroën a perduré avec la 2CV de 1948,
conçue pour être bon marché, ou la DS à partir de 1955.
Freins à disque, suspensions hydropneumatiques...
Elle est un concentré d'innovations.
L'esprit Citroën, c'est aussi des designs audacieux et parfois même déroutants.
C'est aussi un logo qui arbore toujours deux chevrons.
Dans notre nouveau logo, on reprend le logo d'origine
de la marque avec le logo oval.
Et ça, c'est vraiment un hommage à André Citroën.
C'est un hommage direct à l'engrenage Citroën.
Citroën, c'est également une histoire encore et toujours agitée.
Dans les années 1970, le choc pétrolier
et de mauvaises décisions plongent à nouveau Citroën au bord du gouffre.
Michelin revend Citroën à Peugeot.
Aujourd'hui, les deux entreprises appartiennent à Stellantis,
l'un des plus grands groupes automobiles au monde avec Toyota et Volkswagen.
Et même ici, l'esprit d'André Citroën est encore vivace.
La marque Citroën, c'est une marque populaire.
Cette notion de populaire, elle est vraiment très importante.
Par ailleurs, un comité milite pour faire entrer André Citroën au Panthéon.
Un syndicat y est même favorable pour saluer la fibre sociale de l'industriel.
Il est temps de rendre hommage à ceux qui ont contribué à faire
la richesse et la force de la France et des Français.
Si André Citroën venait à entrer au Panthéon,
ce serait une première pour un industriel.
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