法语助手
2023-05-04
Pourquoi les couvertures de romans sont-elles si sobres en France?
Du blanc, du monochrome, peu d'illustration:
la littérature privilégie en général la sobriété sur ses premières de couverture, au contraire d'autres pays.
La couverture française, elle passe aux yeux des lecteurs électriques américains et anglais
pour une couverture très pauvre qui serait le signe de l'édition à compte d'auteur.
Rouge sur blanc crème chez Flammarion ou Gallimard, bleu sur blanc aux Éditions de Minuit, jaune chez Grasset, bleu marine chez Stock...
Les codes couleurs sont immuables et discrets et l'iilustration semble réservée à certains genres
le polar, la SF, le roman de gare, les best-sellers...
En Angleterre ou aux États-Unis, l'effort graphique est ancré de plus longue date ,
avec parfois même une logique de couverture unique, propre à chaque livre.
Un principe qui est longtemps resté une exception en France, à l'instar du travail de Pierre Faucheux,
qui a conçu les couvertures des livres de poche.
Les Américains et les Anglais quand ils viennent dans une librairie française
et qu'on leur montre notre dernier prix littéraire.
Ils ont l'impression qu'on leur propose un livre à compte d'auteur.
L'édition raconte d'auteur, c'est lorsqu'un auteur paye lui-même les frais d'impression,
pour éviter le processus de sélection par une maison d'édition classique.
Avec, généralement des couvertures neutres.
Derrière cette longue tradition française de l'édition, il y a une question de goût et de coût.
L'emblématique "collection Blanche" de Gallimard voit le jour en 1911,
avec un fond crème, un lettrage rouge et noir et deux léger filets.
Un style qui inspirera bien d'autres maisons.
Le design épuré et gage de sérieux dans un pays où élégance et bon goûts rimes souvent avec sobriété.
On fait confiance au texte pour ne pas tomber dans des compromissions mercantiles.
Une sorte d'élitisme à la française qui distingue les lettres d'autres styles considérés comme plus populaires,
où il faut "attirer le chaland".
Paradoxalement ce minimalisme est devenu une image de marque.
Ces couvert française même si elles ont l'air extrêmement simple, extrêmement dépouillées, très peu marketing ou très peu vendeuse, elle correspondent quand même à une stratégie publicitaire
qui est de mettre en avant le nom de l'auteur et le titre et de les faire briller un peu en majesté.
Gérard Genette, un théoricien de la littérature, parle de
"Puissance symbolique de ce degré zéro, le blanc faisant office de signes par absence de signifiant"
Robert Massin disait que les couvertures blanches de chez Gallimard font un trou dans la vitrine.
On dit "blanc", mais on parle plutôt d'un blanc crème.
Parmi les premiers bouquins blancs, il y a "Le Silence de la mer"
d'une pureté totale, parue en 1942.
C'est un livre qui a une couverture blanche dans sa première édition.
Vraiment blanche blanche ce qui était étonnant pour l'époque, puique le blanc jaunit, le blanc vieillit mal.
Cette couverture s'explique par les pénuries de la guerre.
Et c'est ce qui va expliquer le parti pris graphique très, très sobre.
C'est une autre explication: les frais d'impression coûtent cher, surtout la quadrichromie, l'impression à partir de 4 couleurs.
Et puis un graphiste ça se rémunère, tout comme les droits d'auteur d'une photo.
Attention la couverture tout texte n'est pas uniquement française.
Il y a une tradition anglo-saxonne de ce type, mais avec des lettres stylisées.
C'est ce qu'on appelle le Big book look, l'aspect grand livre.
Et souvent ça passe par un gros titre.
En fait, le titre occupe toute la page et il va être composé dans un caracateur qui est très choisi, voire dessiner à la main,
avec éventuellement des jeux presque artistiques autour de la composition de ce titre.
Le message, c'est que la sobriété peut aussi être inventive, comme ici aussi avec les monochromes de la Piccola Bibliothèque d'Adelfi en Italie.
Pendant longtemps, les cultures graphiques sont restées différentes entre pays.
Mais de plus en plus le classicisme marque le pas.
Ces couvertures là elles sont en train de céder un peu du terrain.
D'abord, elles sont de plus en plus souvent habillées, si on regarde bien, d'un bandeau ou d'une demi jaquette sur lesquelles il va y avoir de l'image.
Et puis les petites maisons d'édition qui apparaissent aujourd'hui,
elles ont de plus en plus intérêt à ce que leur livre soit remarqués.
Et donc, ces jeunes maisons d'édition font souvent appel à des graphistes ou à des illustrateurs
en leur laissant relatif carte blanche pour proposer des vis qui vont être très très inventifs.
L'incarnation de cette tendance, c'est David personne, un illustrateur britannique, qui a collaboré avec Wes Anderson.
Le spécialiste de la typographie officier chez les Anglais de Penguin Books, puis a été débauché par la maison française Zulma.
Celle-ci dit avoir triplé ses ventes en le recrutant et en créant un univers.
Vu que les ventes en ligne se développent, la couleur permet de mieux apparaître dans les petites vignettes qui quadrillent vos pages Internet.
Et elle permet aussi de renforcer le sens matériel de l'objet livre pour se couvrir de la menace de leurs alter egos numériques.
沙发还没有被抢走,赶紧过来坐会吧