法语助手
2022-10-13
Est-ce que vous avez déjà entendu ces titres ? 
Bien sûr que oui, sinon, il faut vous remettre en question. 
Ils ont un point commun qu'on peut repérer quand on entend cette guitare. 
- Ce rythme, là, derrière. - Ou ce mot. 
Ça veut dire policier en lingala. 
Tout ça est lié au Congo. 
D'ailleurs, Gims, Ninho, Niska ont tous des parents congolais 
et c'est loin d'être les seuls. 
On pourrait aussi citer Damso, Gradur, Koba Lad, 
ou encore, tous ceux-la. 
Prenons les albums de rap les plus vendus sur les 10 dernières années. 
Et bien, les rappeurs d'origine congolaise sont souvent 
derrière un quart de ces albums. 
Oui, ça fait beaucoup et c'est d'autant plus intrigant quand 
on ajoute cette autre information. 
Les Congolais ne représentent que 0,2% de la population en France. 
Alors, on ne dispose pas du chiffre exact 
pour leurs descendants, mais on peut quand même dire que l'ensemble 
est ultra-minoritaire dans le pays. 
Donc la question, c'est : comment expliquer ce poids si important 
des rappeurs d'origine congolaise ? 
Alors, avant de commencer, je précise un truc : 
le Congo, c'est ici et ici. 
L'un a été colonisé par la France, l'autre par la Belgique. 
2 pays francophones donc, comme d'autres dans la région. 
Les 2 pays sont concernés par notre sujet. 
Côte d'Ivoire, Cameroun, Tanzanie, Kenya, Zambie. 
Je ne peux pas te dire le nombre de personnes qui m'ont contacté 
de cette région-là, qui disent : 
"Comment ça se fait que les Congolais dominent la musique chez nous ? 
Comment est-ce qu'ils font ?" 
Voilà Bob White. 
Il est Canadien, en effet, et il a passé 15 ans à étudier 
la musique congolaise. 
Moi aussi, je lui ai demandé. 
Comment ça se fait que les Congolais se soient autant imposés dans la musique ? 
D'après lui, il a fallu beaucoup plus que du hasard. 
C'est pour des raisons historiques. 
Disons qu'on peut voir ça comme un potager. 
Au départ, il y a un terreau très fertile, 
ici. 
D'après Bob, on y trouve notamment une tradition 
ancienne de chants et de danses, la religion chrétienne, 
qui encourage la pratique musicale, le lingala, une langue mélodique parlée 
au Congo et puis ça : "Tin tin tin, tin tin", un rythme présent 
dans les musiques anciennes de la région. 
Lors de la traite négrière, de nombreux esclaves sont envoyés 
en Amérique, notamment à Cuba. 
Ils participent à la naissance d'une musique où l'on retrouve ce : 
"Tin tin tin, tin tin". 
Cette musique, c'est la rumba cubaine. 
Alors, 
quand au début du XXᵉ siècle, des marins apportent des disques 
de rumba cubaine au Congo, 
Ça a fait comme une sorte de réaction chimique. 
C'est un peu comme le retour d'un enfant perdu. 
Des musiciens congolais modifient la recette et donnent naissance à la rumba congolaise. 
Bon, mais 
ensuite, pour que la rumba congolaise pousse très haut, 
il a quand même fallu quelques engrais, notamment cet homme, 
un commerçant grec installé au Congo, qui enregistre et diffuse 
les premiers titres de rumba congolaise à la fin des années 40, 
la radio nationale qui relaie tout ça loin sur le continent et Mobutu, 
dictateur en RDC qui en fait un élément de gloire 
et finance des artistes. 
Au final, la rumba congolaise a été un succès 
durant toute la seconde moitié du XXᵉ siècle. 
En 2021, l'Unesco l'a même inscrite 
au patrimoine mondial et les Congolais, forcément, 
en sont plutôt fiers. 
Ils ne sont pas fiers, ils sont hyper fiers. 
Mais alors, comment est-ce que ça : 
Nous amène à ça : 
Comment est-ce que la diaspora congolaise a réussi à réinvestir sa culture 
musicale dans le rap français ? 
Utilisons encore une métaphore. 
Imaginons que le succès de ces rappeurs d'origine congolaise soit une chanson. 
Comme toutes les chansons, elle est composée 
de plusieurs pistes distinctes qui font que la chanson fonctionne. 
Pour bien analyser chacune de ses pistes. 
On a demandé de l'aide à 2 ethnologues, Anna Cuomo et Laura Steil, 
ainsi qu'au beatmaker Dany Synthé, qui a notamment composé ça : 
Ça : 
Ou ça : 
Avec eux, on a réussi à isoler 4 éléments derrière le succès 
des rappeurs d'origine congolaise. 
1, pas hyper étonnant, la culture musicale congolaise 
se transmet entre générations. 
La musique incarne un art de vivre. Elle est omniprésente. 
Il y a un truc indéniable, c'est que quand j'allais chez mes amis, 
plus jeunes, il y avait moins de musique 
chez eux que chez moi. 
Plusieurs rappeurs ont même pour parents des musiciens renommés comme Gims, 
Youssoupha ou Ninho. 
2, la religion. 
Congo et RDC sont 2 pays très majoritairement chrétiens, 
beaucoup plus que d'autres pays d'Afrique francophone, 
et en Europe, les églises sont toujours 
des lieux importants de rassemblement pour la diaspora. 
L'Église est une école de musique. 
Il y a des représentations tous les dimanches et donc il faut jouer. 
Mon père est pasteur et je joue à l'église le dimanche. 
Il y en a plein qui ont baigné dedans, soit dans les chorales, 
soit à la guitare, soit au piano. 
3, le travail de pionniers comme le groupe Bisso Na Bisso, 
mené notamment par des rappeurs franco-congolais. 
À la fin des années 90, ils introduisent dans le rap 
de nouvelles sonorités, de nouvelles références culturelles 
et ça cartonne. 
Avec eux commence un changement de regard sur l'Afrique, 
sur aussi la musique de leurs parents. 
Tout d'un coup, ça va devenir cool. 
J'avais 9 ans à ce moment-là. C'était le truc le plus marquant. 
Après ça, des générations d'artistes 
ont beaucoup plus fait appel à la culture africaine dans leur musique. 
Quand tu écoutes les sons de Niska, souvent derrière, 
tu entends des : "Bendo 
Na Bendo, oui, allez, dehors". 
Ça, ce sont des trucs qui sont typiquement congolais. 
Une pratique héritée des Atalakus, ces animateurs qui haranguent la foule 
à côté du DJ ou de l'orchestre. 
Enfin, quatrième point, le rôle de l'image. 
La musique congolaise, ce n'est pas que de la musique. 
C'est un spectacle qu'on regarde notamment pour ses danses. 
Des fois même, je trouvais ça barbant. 
Je préférais avoir les dessins animés, mais tu avais Koffi Olomidé qui était là, 
devant toi, en mode : 
"Allez, essaye de danser pareil". 
Alors, à la fin des années 2000, 
quand YouTube, Facebook, puis Instagram ou TikTok s'imposent 
et mettent en valeur l'image, 
La jeunesse d'origine congolaise, quelque part, 
a un temps d'avance dans le sens où il y a une culture de la musique 
en images à travers la danse, la chorégraphie, 
mais aussi à travers l'habillement. 
Alors chaque artiste a évidemment son propre parcours, 
mais ces 4 pistes expliquent, au moins en partie, 
pourquoi la culture congolaise s'est si bien mariée au rap français. 
Désormais, c'est même la bonne santé du rap 
qui donne une nouvelle visibilité aux stars de la rumba congolaise. 
Voilà, c'est la fin de cette seconde saison 
de Rap Business. 
On espère que ça vous a plu. 
Dites-nous tout ça en commentaire et pour la suite, 
on réfléchit, donc vos idées sont également les bienvenues. 
Sur ce, je vais enfin prendre quelques vacances. 
À très vite sur la chaîne YouTube de Le Monde. 
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