法语助手
2023-08-20
Au milieu de l'océan Pacifique, dans ce petit atoll inhabité,
il existe une machine à voyager dans le temps.
Cette machine, ce sont les coraux.
Grâce à plusieurs prélèvements sur le récif, une climatologue,
Kim Cobb, a pu reconstituer les variations de température
de l'eau depuis plus de 1000 ans.
Chacun de ces pics de chaleur correspond à un phénomène
climatique de grande ampleur.
Le fameux El Niño.
Tous les 2 à 7 ans, il chamboule le climat de la région,
et ça fait des centaines de milliers d'années que ça dure.
Le problème est qu'avec le réchauffement climatique actuel,
l'arrivée d'un El Niño inquiète davantage.
Il est bien possible que ces phénomènes climatiques deviennent
de plus en plus violents au fil du temps, tout simplement parce
que les hommes abîment de plus en plus l'atmosphère.
Le climat plus chaud causé par les émissions de gaz à effet de
serre influence-t-il El Niño ?
El Niño risque-t-il d'accélérer le réchauffement climatique ?
Que se passe-t-il exactement dans le Pacifique ?
Dans le plus grand océan du monde, il y a trois phases :
El Niño, La Niña et une phase neutre, qui alternent et
qui font changer les conditions climatiques du tout au tout
dans le bassin Pacifique.
Regardons d'abord la phase neutre.
À l'est, l'eau est froide.
À l'ouest, l'eau est chaude.
Cette différence génère des vents qui soufflent d'est en ouest.
Ce sont les alizés.
Dans cette zone où il fait plus chaud, l'eau s'évapore davantage.
Il y a plus de nuages et donc plus de pluie.
L'air qui repart à l'est amène un climat sec le long
des côtes péruviennes.
Les alizés continuent de souffler, ce qui entretient les remontées
d'eau froide sur cette zone.
Cette boucle est la circulation de Walker.
Tous les 2 à 7 ans, El Niño vient perturber tout ça.
La nature a inventé El Niño pour se débarrasser, d'un coup,
de cet excès de chaleur stocké dans l'océan, dans les tropiques.
Est-ce que ce sont les alizés qui faiblissent d'abord ?
Ou l'eau qui est moins froide ?
Difficile à dire.
Quoi qu'il en soit, une masse d'eau chaude se forme au centre
ou même à l'est du Pacifique.
Les précipitations ne se trouvent plus au-dessus de la piscine chaude
indonésienne, mais plus à l'est.
La troisième phase du cycle, c'est La Niña.
Pendant cet épisode, c'est l'inverse, les alizés s'intensifient.
La remontée d'eau froide sur le bord est de l'océan Pacifique
est alors accrue et des eaux plus chaudes que la normale
sont observées à l'ouest.
Cette alternance entre ces phases est déterminante.
Elle façonne le climat sur toute cette partie du globe.
Au Pérou, par exemple, El Niño entraîne au moins
deux types de conséquences.
Les anchois fuient les eaux chaudes, ce qui peut réduire à néant les
campagnes de pêche péruvienne.
Or, les anchois péruviens représentent 20% de la consommation
de farine de poisson mondiale pour alimenter les animaux.
Autre conséquence, l'augmentation drastique des précipitations,
sur un sol plutôt habitué à la sécheresse, peut générer des
inondations et des glissements de terrain catastrophiques,
comme en 1982, 1998 et 2016.
Ailleurs dans cette zone, la Polynésie doit se préparer
à faire face à d'éventuels cyclones, conséquence de
l'évaporation de l'eau plus chaude.
La Nouvelle-Calédonie ou l'Australie rencontrent, elles,
des épisodes de sécheresse.
Les effets d'un El Niño peuvent aller bien au-delà
du bassin Pacifique.
En perturbant la circulation de Walker, El Niño a un effet domino
sur les circulations voisines, ce qui peut modifier les grands
courants d'air atmosphérique et affecter le climat
dans d'autres parties du monde, comme aux États-Unis
ou même en Afrique.
Tout ce que nous venons de décrire sont les conséquences
possibles d'un épisode El Niño.
Mais ce n'est pas systématique.
Chaque El Niño est différent en fonction de la variation des vents,
de l'ampleur des changements de température et de l'état du
climat ailleurs sur la planète.
Avec à la clé des conséquences plus ou moins graves.
C'est d'ailleurs pour ça que le phénomène n'est pas simple à étudier.
Le réchauffement climatique qui accentue El Niño,
ce n'est donc pas sûr.
À l'inverse, El Niño qui risque d'augmenter la température
moyenne globale peut-il accélérer le réchauffement climatique ?
Le Pacifique tropical occupe un quart de la surface de la planète.
C'est gigantesque.
Donc, arithmétiquement, quand on augmente la température
dans cette région, la température moyenne augmente.
Mais ça ne veut pas dire que la température en chaque autre point va augmenter.
Mais à une échelle locale, le changement climatique peut
accentuer les conséquences d'El Niño.
Certains milieux déjà fragilisés par des eaux plus chaudes,
comme un récif corallien, pourraient atteindre plus
rapidement un point de non-retour.
Le réchauffement climatique ne permettant plus aux coraux
de se remettre d'un El Niño lors de périodes plus froides.
Par exemple, au début des années 2020, un épisode La Niña,
censé être froid, était bien plus chaud qu'un événement El Niño,
considéré comme extrême en 1982.
Revenons à nos coraux du début, les prélèvements de Palmira.
Peuvent-ils nous donner des informations sur l'influence
du réchauffement climatique, sur la fréquence et l'intensité
des épisodes El Niño ?
On a des comportements extrêmes, notamment au cours
des dernières décennies.
On a eu quelques événements El Niño particulièrement chauds.
On ne peut pas vraiment, avec grande confiance, attribuer
ces événements au réchauffement global.
Pour Myriam Khodri, qui travaille justement sur
la modélisation couplé océan atmosphère,
on manque encore de visibilité pour tirer des conclusions,
car ces différents prélèvements n'offrent qu'une série de fenêtres.
Pour bien comprendre comment ces cycles évoluent,
il faudrait pouvoir étudier le climat des deux derniers
millénaires, et ce, de manière continue avant l'influence
de l'homme sur le climat.
Maintenant, on a des méthodes statistiques et des approches
qui nous permettent de faire converger ces données issues
d'archives naturelles avec les modèles climatiques complexes,
pour produire des réanalyses ou des reconstructions
physiquement cohérentes du climat sur plusieurs siècles, voire millénaires.
Bientôt, les chercheurs pourront dire si le changement climatique
influence effectivement El Niño.
Ce qui est certain est que les effets d'El Niño,
comme les inondations et les sécheresses, se cumulent
avec ceux du réchauffement global.
Des aléas climatiques qui peuvent détruire des milieux déjà fragilisés,
comme les récifs coralliens.
Certaines de ces formidables machines à remonter le temps
raconteront peut-être bientôt leur dernier El Niño.
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