法语助手

Si la vie a été possible sur cette Terre, c'est grâce aux volcans.

Donc il faut remercier les volcans, on pourrait même leur dédier une religion, franchement.

Et si vous êtes là, c'est grâce aux volcans.

Je cuit, je cuit.

Le 3 juin 1991, Maurice et Katia Krafft meurent comme ils ont vécu, dans un volcan.

La passion commune qui les dévore.

La coulée a tout emporté sur son passage.

Parmi les disparus, Katia et Maurice Krafft.

Ironie du sort, au même moment aux Philippines,
leur dernier film de prévention motive l'évacuation in extremis de 20,000 personnes.

Lui, géologue de formation, découvre la passion de sa vie enfant, en visitant Stromboli.

Moi, quand je suis allé la première fois sur un volcan avec mon père,
j'avais 7-8 ans, mon père, c'était un touriste, moi, un touriste.

Si on m'avait dit: Non monsieur, vous ne montez pas.

C'est un volcan actif, vous ne pouvez pas y aller,
je n'aurais jamais eu le coup de foudre pour les volcans.

Je ne serais pas volcanologue.

Moi je suis pour la défense des volcans, vous voyez,
on défend les bêtes, etc.

Moi je suis pour défendre les volcans.

Elle, physicienne brillante, obtient le prix de la Vocation en 1969.

Ça ne court pas les rues, ou plutôt les volcans, les femmes vulcanologues...

Non, je fais de la chimie sur les volcans. Et ça, je crois qu'il n'y en a pas d'autres.

Elle a du matériel lourd, elle a dit: Oui, je vais sur les volcans avec mes porteurs. Et nous sommes ses porteurs alors.

À 14 ans, j'ai dit: je serais volcanologue. Puisque à ce moment-là, on étudiait les volcans en classe. Et ils se sont dit:
Bon, elle se mariera, elle aura des enfants, et ça lui passera.

Et comme j'ai épousé un volcanologue, ça lui a pas passé du tout.

C'est très dur, deux volcanologues qui vivent ensemble. Parce que c'est très volcanique
donc franchement, ça fait des éruptions très souvent.

Combien de volcans avez-vous observés en 20 ans d'exercice à peu près?

Elle, 20 de plus que moi, ça pose un problème dans le couple.

Le plus despote c'est lui.

C'est une aventure perpétuelle.

D'abord, on met la tente, mais le soleil est chaud.

Donc dans les fissures, on voit du rouge, c'est en fusion.

Les nappes de gaz, vous mangent la tente. Vous mangent aussi un peu les poumons.

La tente se retrouve en lambeaux très vite.

Ça tremble en permanence. On a l'impression de dormir sur le dos d'un gigantesque dragon qui bouge.

C'est quelque chose de tout à fait grisant.

Et le soir, au lieu d'aller voir un vulgaire coucher de soleil,
eh bien nous, on va voir la lave qui me clapote.

On a l'impression d'assister à la Genèse, quoi.

De voir le début du monde se faire.

On croit toujours que c'est vraiment dangereux.

Ça peut l'être, si on est imprudent.

Mais autrement, c'est pas plus dangereux que de se promener sur une route française un week-end.

La technique consiste à éviter les blocs les plus gros.

Personnellement, j'ai eu ma jambe droite brûlée dans la boue chaude.

Ça avait 140 degrés, ça m'a suffit.

C'est un baptême de volcanologue.

Vous avez bien conscience de faire un métier dangereux?

Non.

Est-ce qu'il y a un rêve que vous n'avez pas encore réalisé?

Ah oui plein. Parce qu'il y a plein d'éruptions qu'on n'a pas encore vues.

En 25 ans, ce couple explosif, nomade, aventurier a étudié plus de 150 éruptions de par le monde.

J'ai mes chouchous. Par exemple, j'adore le Piton de la Fournaise à la Réunion.

Il est beau à tomber à genoux.

Plus le volcan a une éruption énorme, plus je suis content.

Je n'ai pas pris de vacances depuis 15 ans.

Pourquoi voudriez-vous que j'en prenne?

Je vais souvent à Hawaï, par exemple, qui est aussi un de mes volcans favoris.

Si je veux les cocotiers, je les ai.

Si je veux l'enfer, je les ai également.

Ce que j'aimerais être dans le fond, c'est un diable d'homme, vous voyez. Ça m'amuserait assez.

Ensemble, ils filment et photographient tous leurs terrains.

Et constituent ainsi un fonds iconographique unique qu'ils partagent en passeurs infatigables.

Je voulais te demander Maurice, qu'est ce que c'est cette espèce de cendre?

Leur collègue surnomment ces Alsaciens marginaux "volcano devils".

J'ai franchement envie de voir de plus en plus près dans le ventre des volcans.

Ça va m'être fatal un de ces jours, mais ça ne me dérange pas du tout.

L'autre jour justement, il se précipite sur un cône qui était actif.

Et puis qu'est-ce qu'il a fait?

Il est tombé dans un trou.

Et il a perdu!

Et il m'a poussé dedans!

Et je le voyais, il était pris jusque là dans ce trou, puis il disait: c'est chaud, c'est chaud.

Avec leurs livres et leurs films, ils encouragent l'essor des études géologiques en France et vulgarisent la théorie de la tectonique des plaques.

Les volcans expliquent aussi ou plus exactement le magma profond,
expliquent les mouvements des continents.

C'est aussi important que la découverte de l'atome pour la physique.

Ça a révolutionné toute la géologie mondiale.

Je veux dire, les livres de géologie qui datent d'avant 1969-70, on peut les jeter.

Ils sont entièrement faux. Et je suis très content d'avoir vécu cette révolution.

Pour les Krafft, mieux connaître les volcans, c'est aussi œuvrer pour le futur de la planète.

Les volcans sont fort utiles, beaucoup plus utiles qu'ils ne sont nuisibles.

Déjà, pour l'agriculture c'est intéressant.

Et nous justement on va en Indonésie pour la géothermie,
C'est-à-dire d'étudier les zones thermales qui pourront ensuite être exploitées par les Indonésiens pour faire de l'électricité.

Mais accéder au cœur du volcan, c'est avant tout pénétrer les mystères de la vie et s'enivrer de la beauté du monde.

C'est sûrement le plus beau phénomène de la nature, le plus beau spectacle de la nature.

La mer déchaînée à côté, pour moi c'est nul.