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Une baguette et le séquençage du génome, c'est quoi le rapport ?

Aujourd'hui nous avons d'un côté une baguette de pain, de l'autre le séquençage du génome.

C'est quoi le rapport ?

Pour nous aider à y voir plus clair, cet homme Etienne Paux, un amateur de baguette.

Oui, comme tout Français qui se respecte.

Mais surtout, à l'Institut National de la Recherche Agronomique, l'INRA, c'est l'un des boss - c'est marqué sur sa porte - de la recherche sur le génome du blé.

Ce qui explique qu'il y en a plein sur son bureau. . . Du blé.

Etienne c'est quoi un génome ?

Le génome c'est l'information génétique qui est contenue à l'intérieur d'une cellule.

Concrètement, le génome est constitué de l'ensemble des chromosomes, eux-mêmes composés de deux brins d'ADN qui s'enroulent dans une double hélice formés quant à eux toujours des mêmes molécules :

G, C, T et A

Et c'est l'ordre de ces molécules qui définit cette fameuse information génétique.

Et ça, que ce soit pour un organisme unicellulaire ou pour l'Homme ou pour le blé par exemple.

Ça a un côté absolument fascinant je trouve comment un organisme peut se construire, cette espèce de gros légo se construit avec cette même information à la base.

Pour décoder l'ADN,

Etienne en introduit un bout dans un séquenceur, une machine capable de fournir la liste des molécules G, C, T, A présentes dans ce bout précis.

On répète alors l'opération pour obtenir la liste des molécules d'un brin d'ADN entier.

Le séquençage en lui-même c'est une chose.

Mais la phase la plus compliquée derrière, c'est ce que l'on appelle l'assemblage, ce qui revient à essayer de mettre chaque mot à sa place dans le génome pour avoir une histoire qui se tient.

Une fois les séquences de lettres décodées et le génome reconstitué,

Etienne tentera de déchiffrer quelle séquence de lettres définit chaque caractéristique d'une cellule : sa taille, sa couleur, ou sa fonction dans l'organisme.

Et c'est bien là tout l'enjeu, car d'autres chercheurs pourront alors reprendre la main pour tenter d'améliorer l'organisme en question.

Et dans cette quête, pour le blé, 2018 fût une année cruciale.

Cette année, on a enfin publié la séquence de référence du génome du blé.

Et ce n'est pas un mince exploit !

Le génome du blé est 5 fois plus grand que celui de l'Homme, 500 fois plus complexe que celui du riz. . .

Attendez, vous êtes sûr de votre coup là ? Ouais ouais, c'est bon.

Ok. Le génome du blé est donc 5 fois plus grand que celui de l'Homme, 500 fois plus complexe que celui du riz, tenter de le reconstituer, c'est s'attaquer à un gigantesque puzzle.

Dans le blé, le puzzle faisait 32 milliards de pièces avec 85% de pièces noires et simplement 15% des pièces sur lesquelles il y a un petit dessin.

Et pourtant, il faut essayer de remettre tout dans le bon ordre.

Ça fait donc 14 ans que l'INRA et Etienne en particulier qui ressemblait alors à ça. . .

Ah oui, j'étais plus jeune, c'est sûr. J'avais des cheveux. . . . travaillent sur ce projet.

Puis plus de 200 autres chercheurs, de 20 pays différents, se sont joints à cette quête.

Et le salut est venu de l'une des capitales du pain pita, lui aussi à base de blé évidemment.

Été 2015, est arrivée cette société israélienne qui nous a dit « Nous avons développé un algorithme qui est capable d'assembler ce puzzle de 32 milliards de pièces ».

En novembre, ils avaient fini de produire la séquence et en décembre, ils avaient fini le puzzle.

Ils venaient de faire en moins de 6 mois, ce que nous on avait mis plus de 10 ans à faire. . .

Il y avait un côté un petit peu agaçant mais passé ce temps d'agacement, on s'est dit « c'est super ».

L'enjeu valait la baguette.

Le génome du blé a été décodé ! ! !

Le 17 août un article dans la prestigieuse revue Science fût publié.

On y trouve le nom d'Etienne, juste là, en petit, mais quand même.

Le soir, j'ai quand même bu un petit verre de whisky pour fêter ça.

Mais, ce n'est pas à base de blé le whisky ?

Non, c'est de l'orge.

Des fois, je me dis, je devrais travailler sur l'orge.

Le séquençage du génome pourrait ainsi aider à résoudre des problèmes de nutrition majeurs : faire face à l'augmentation de la population mondiale, permettre la culture du blé dans des zones inhospitalières ou encore lutter contre certaines allergies comme le gluten.

Reste alors une crainte, que le séquençage soit utilisé pour créer des OGM.

Non, le séquençage n'a rien à voir avec les OGM.

L'amélioration variétale chez le blé, elle se fait par des méthodes d'amélioration, de sélection conventionnelles où on prend deux variétés de blés, on les croise.

L'une est résistante avec un mauvais rendement, l'autre est sensible avec un bon rendement et dans la descendance on espère avoir une résistante avec un grand rendement.

La méthode a beau être classique, le séquençage va grandement l'améliorer.

Et votre baguette aussi par la même occasion.

Et ça, ça crée des vocations, par exemple, chez Tristan le petit dernier de la famille.

Mon fils voulait être paléontologue.

Plus récemment, il a décidé qu'il voulait être boulanger, on verra si l'idée lui tient suffisamment longtemps.