法语助手
2024-10-08
Quand Albert Camus reçoit cette lettre, il est bouleversé.
Mon cher petit, j'imagine sans peine que ma lettre va te surpendre...
Car l'instituteur qui lui écrit, c'est celui qui a changé sa vie.
Sans lui, il ne serait jamais devenu le Albert Camus qu'on connaît.
L'histoire commence dans un quartier pauvre d'Alger,
au début des années 1920.
L'élève Albert Camus rencontre un homme qui va changer sa vie,
Louis Germain.
Car rien ne destine cet enfant des quartiers populaires,
orphelin de père et dont la mère, analphabète,
tente de faire survivre ses enfants, à recevoir un jour le prix Nobel.
Son avenir est tout tracé:
travailler au plus tôt pour aider financièrement sa famille.
Mais ses compétences exceptionnelles sont repérées par son instituteur.
Louis Germain est professeur par vocation.
Son objectif: faire naître la curiosité chez ses élèves.
Il croit en l'émancipation par l'éducation
et ne peut se résoudre à ce que la famille du jeune Albert ne le laisse pas entrer au lycée.
Il a fallu l'intervention de Louis Germain.
Donc il est allé les voir.
Il a pris sur lui pour aller les voir.
Et les convaincre que ça ne leur coûterait rien,
qu'il aurait des bourses, que lui donnerait des cours gratuitement, etc.
Louis Germain est l'instituteur de Camus seulement pendant une année,
et après lui avoir permis d'accéder aux études,
il se perdent de de vue.
Mais 20 ans plus tard, après la guerre,
Louis, engagé volontaire, malgré ses presque 60 ans,
est de passage à Paris.
Il écrit à son ancien élève qui connaît déjà quelques succès.
Paris, le 15 octobre 1945.
Mon cher petit, j'imagine sans peine que ma lettre va te surprendre.
Tu dois te demander qui peut t'écrire de cette façon et se permettre ses familiarités.
C'est quelqu'un qui t'aime bien et à qui, j'en suis convaincu, tu rends cette affection.
Tu ne devieneras jamais que c'est monsieur Germain d'Alger, ton ancien maître.
Je suis en instrance de départ pour Alger et serai très heureux de te voir avant de partir.
Comme un fils retrouve son père, les deux hommes se redécouvrent.
Commence alors une amitié faite d'admiration,
de reconnaissance et d'engagement commun entre Camus,
le résistant, et Germain, le militant à la Ligue des Droits de l'Homme.
1957, quand Camus reçoit le prix Nobel de littérature,
il ne le dédie pas à son ancien professeur comme on le croit parfois,
c'est son livre "Les Discours de Suède" qui l'est.
Mais surtout, l'écrivain à succès lui écrit cette lettre.
Cher Monsieur Germain,
quand j'ai appris la nouvelle, ma première pensée après ma mère, a été pour vous.
Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue aux petits enfants pauvres que j'étais,
sans votre enseignement, et votre exemple,
rien de tout cela ne serait arrivé.
Vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants
chez un de vos petits écoliers qui,
malgré l'âge, n'a pas cessé d'être votre reconnaissante élève.
Je vous embrasse de toutes mes forces.
L'un à Paris, l'autre à Alger, les deux hommes se voient peu,
mais ils correspondent régulièrement jusqu'à la mort brutale d'Albert Camus en 1960,
dans un accident de voiture.
Avec lui dans une sacoche, un manuscrit incomplet,
celui d'un roman sur lequel il travaille depuis des années.
L'histoire?
Celle d'un orphelin, Jacques,
né à Alger, dans une famille pauvre et illettrée,
et qui va changer de vie grâce à son instituteur,
monsieur Bernard.
Cet homme-là, qui parlait aujourd'hui à son canari,
et qui l'appelait petit alors qu'il avait 40 ans,
Jacques n'avait jamais cessé de l'aimer.
Même lorsque les années, l'éloignement,
puis enfin la Deuxième Guerre mondiale l'avaient en partie,
puis tout à fait séparé de lui, dont il était sans nouvelles.
Heureux comme un enfant, au contraire,
lorsqu'en 1945, un territorial âgé en capote de soldats était venu sonner chez lui,
à Paris.
Et c'était M. Bernard.
Et Jacques allait le voir chaque année depuis 15 ans.
Chaque année, comme aujourd'hui,
où il embrassait avant de partir le vieil homme ému qui lui tenait la main sur le pas de la porte.
Et c'était lui qui avait jeté Jacques dans le monde,
prenant tout seul la responsabilité de le déraciner,
pour qu'il aille vers de plus grandes découvertes encore.
Si vous voulez en savoir plus sur la relation entre Albert Camus et son instituteur,
vous pouvez écouter cet épisode d'Une histoire particulière.
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