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Chapitre 20 GABRIELLE OU LA LIBERTÉ

Conquérir, maîtriser, aimer.

Pour Gabrielle Chanel, ces trois verbes conjuguent la liberté.

Sa liberté.

Farouche, précieuse, souveraine. Inconditionnelle.

Conquérir son indépendance.

Ne la devoir qu'à soi-même

en travaillant chaque jour pendant plus d'un demi-siècle,

poussant l'élégance jusqu'à mourir un dimanche.

« Rien ne remplace le travail,

ni les titres, ni le culot, ni la chance » disait Gabrielle.

Maîtriser sa liberté en la cultivant.

Lui offrir un cadre,

comme on dessinerait les contours d'un jardin

pour que s'y épanouissent l'audace, la lucidité et l'exigence.

Aimer cheminer sur une voie irrégulière sans contrat ni mariage,

joue contre joue avec les passions,

main dans la main avec les amitiés.

Et faire du Ritz son foyer.

Conquérir la liberté du corps parce que c'est celle de l'esprit :

ensembles en jersey, pyjamas de soleil,

tailleurs souples et chaussures allégées.

Maîtriser souverainement ses refus :

Hollywood et ses règles, Paris et ses mondanités,

le luxe et ses conventions.

Se moquer des couturiers qui se prennent pour des artistes.

Aimer la caresse du soleil sur la nuque.

Débarrassée de chignons trop lourds et de chapeaux pâtissiers.

Conquérir et sans cesse reconquérir sa liberté

avec pour seules armes la singularité, la hardiesse et l'obstination.

Révolutionner l'univers de la parfumerie avec N° 5

et s'imposer dans l'octogone des joailliers de la place Vendôme.

Maîtriser les codes pour les transgresser en toute liberté.

Faire du naturel un complice et de l'instinct un garde-fou.

Aimer la solitude comme le don : dans la discrétion.

Risquer la liberté sans jamais baisser les yeux.

Conquérir son destin,

quitte à en inventer délibérément certains épisodes.

Devenir ce que l'on est.

« Si vous êtes née sans ailes,

ne faites rien pour les empêcher de pousser. »

Maîtriser chaque battement d'ailes.

Aimer l'instant, la seconde à venir, aimer la liberté.