法语助手

Salut je m'appelle Sarah.

J'ai 23 ans aujourd'hui même, et pour moi c'est un anniversaire un peu spécial.

La voix m'a prêté sa voix, et Maïda, son coup de crayon.

Tout commence le 7 avril 1994.

Ce jour-là, je venais casser les oreilles de mes parents avec 3 semaines d'avance.

Mon père dirait de moi dès mon deuxième jour: "Cette petite sera chanteuse c'est sûr!"

Arrivée en CP, je me découvrais une passion pour les madeleines, fourrées au chocolat.

Et je développais une haine profonde pour le découpage, et Madame Percule, ma maitresse de l'époque. . .

Pendant les grandes vacances, juste avant d'entrer en CM2, je passais de petite princesse à son papa à grande sœur en chef. . . Et franchement, sur le coup, j'ai eu un peu de mal à encaisser la nouvelle.

Heureusement, la même année je faisais la connaissance d'Hugo, qui deviendrait très vite mon meilleur ami pour la vie, le temps d'une année scolaire.

Hugo et moi on avait trois passions communes, auxquelles on s'adonnaient à chaque instant de liberté. Harry Potter, sonner à toutes les portes du quartier et les pains beurre chocolat.

Quand le papa de Hugo fut muté à Toulouse. C'est tout notre petit monde qui s'effondrait.

Veronica Mars et ses aventures extraordinaires prirent alors tout la place. Posters, mugs, T-shirt, livres, soirées spéciales. . .

Rien ne fut épargné à mes parents.

La 5ème B fut l'année la plus mémorable de toute ma scolarité.

C'est là où j'ai rencontré mes deux meilleures amies, Maïa et Lola.

Là aussi, où j'allais faire mes premières conneries, mais rien qui ne m'empêcherais de rester une plutôt bonne élève.

L'entrée au lycée fut accompagnée de l'immense joie du retour de Hugo dans ma vie.

Apres le divorce de ses parents, il était revenu vivre dans la région avec sa mère.

Au début, il y avait comme un malaise entre lui et moi, nous étions les mêmes mais pourtant. . . différents.

Mais rapidement on retrouvait la complicité qui ne nous avait jamais vraiment quittée.

Avec un petit quelque chose en plus, d'indéfinissable. . .

A une soirée organisée par Maïa, Hugo sut définir ce petit quelque chose.

Nous nous aimions.

La suite c'est comme un tunnel jusqu'à ce jour.

Peu avant l'entrée en première, j'avais beaucoup réfléchit pendant les vacances.

Je voulais que ma première fois se passe avec Hugo.

Je savais que pour lui aussi se serait la première fois, et j'étais prête.

On avait un rituel: le vendredi après midi après les cours. On rentrait ensemble chez lui, pour regarder des séries. Puis, vers 20h ma mère passait me chercher.

Ce vendredi là, devant un épisode de Pretty Little Liars, j'ouvrais mon cœur à Hugo.

Aucun de nous deux n'était vraiment à l'aise, mais je ne sais par quel miracle.

Oulala mais. . ça se met comment ça?

J'arrive pas à le mettre! ! !

Laisse tomber, c'est notre premiere fois à tout les deux. . . aucun risque. . .

Au final. . ce fut une très belle première fois, loin d'être parfaite probablement, et pas du tout comme je l'imaginais, mais idéal à sa façon.

Ce soir soir-là, je me souvient que devant le gratin de coquillette servi par ma mère, je ne pouvais pas penser à autre chose qu'à ce moment hors du temps qui m'avait pour toujours changée.

Les fois suivantes apprirent à Hugo comment mettre un préservatif dans le feu de l'action, et m'apprirent à moi qu'avec le temps et la pratique, ce que je trouvais super pouvait devenir encore meilleur.

Et puis, un jour, difficile de savoir comment ça a commencé, mais. . .

J'ai reçu un texto d'Hugo, je crois, j'ai. . . J'ai tout de suite senti que quelque chose clochait.

En arrivant chez lui, il m'attendait sur le canapé avec sa mère.

Il avait les yeux rouges, comme s'il avait beaucoup pleuré mais. . . Il ne pleurait plus. . .

La suite est floue comme dans un rêve stupide. . .

Il me demande de le pardonner, j'ai la tête qui tourne.

J'essaie de comprendre, mais mon cœur s'est serré.

J'ai peur qu'il me quitte et j'entends mal. . .

Il parle de son amour pour moi, des vacances de l'année dernière, de cette fille avec qui ils l'ont fait. Mais, mais c'est personne, rien du tout. Mais il m'aime, il est désolé.

Il voulait tellement que ce soit notre première fois à tous les deux qu'il a préféré ne rien dire, et puis, un dépistage prescrit par le docteur un peu par hasard.

Une prise de sang et le résultat est arrivé ce matin même, qu'il laisse pas place au doute

Trois heures et une conversation avec ma mère plus tard, nous étions toutes les deux au centre de dépistage

J'avais le sentiment que si le test revenait positif je mourrais dans l'instant.

De cette période tout me semble encore aujourd'hui irréel.

J'avais tellement besoin de réconfort, mais impossible d'en parler à Hugo

Entre nous c'était un champs de ruines.

Tout avait été piétiné par une force extérieur, aveugle, injuste et sauvage.

Un océan de culpabilité semblait emporter Hugo dès qu'il croisait mon regard.

Et peut-être que ce n'était pas trop tard. . Quelque temps près j'apprenais qu'il était vraiment trop tard.

Trop tard pour tout.

Ma vie et ce qu'elle aurait pu être était derrière moi, tout était fini.

Je me souviens du regard de mes parents, leur bouche qui disait "ça va aller, on est là"

Et leurs yeux qui criaient la peur et l'ignorance.

Je consacrais la fin de ma terminale à établir la liste de ce que je ne ferais jamais.

C'est à peu près à ce point de non retour que j'ai fais sa connaissance.

Elle s'appelait Diane.

C'était une conseillère d'éducation à la retraite devenue bénévole du Sidaction.

Elle m'a sauvé ma vie, elle a sauvé ma vie rêvée en me permettant de la rêver autrement.

J'ai appris ce jour-là ce qu'était le Sidaction.

Et ce fut une sorte dé révélation; moi aussi je voulais aider, partager et prévenir.

Alors aujourd'hui pour vous les Roses, je vais rétablir la vérité sur quelques préjugés qui me font frémir.

Non, la pilule ne protège pas du virus du Sida.

Non, le Sida n'est pas qu'un virus d'homosexuel, comme si ça existait.

Non, le Sida n'est pas un virus de vieux qui ne s'attrape que quand on a eu plusieurs partenaires.

Oui, on peut attraper le VIH au premier, et ou en un seul rapport.

Aujourd'hui, 7 avril 2017, j'ai 23 ans et c'est un anniversaire un peu spécial. Car c'est aussi celui du Sidaction.

L'idée folle d'une poignée de gens qu'ensemble on peut vaincre le Sida.

Souvent, je me demande si vraiment un jour, enfin je sais qu'un jour on pourra vaincre le Sida, mais ce dont je suis sûre les Roses, c'est que si un jour on y arrive, ce sera ensemble.

Grâce à Diane, Alizée, Flavio, Jade, Zoé, Youssef, Lou, Lilou, Soukaina, Nadège, Léna, Lola, Margot, Thérèse, Elsa, Gabriel, Mathis, Diane. . .

Le combat continue.