法语助手
2022-09-21
Ils sont déjà beaucoup trop présents dans nos vies, vraiment beaucoup trop!
Ils ponctuent Facebook, Instagram, TikTok, Twitter et j'en passe.
On dirait qu'ils résument, pour ne pas dire réduisent et condensent un élément de culture populaire
en offrant un prêt à penser sur tel ou tel autre sujet.
Allez, aujourd'hui, à l'Histoire nous le dira,
on s'intéresse à quelque chose de fondamentale dans la culture populaire:
l'ancêtre des Mèmes !
Mème, qu'est-ce que ça veut dire?
Pour y aller simplement, on peut dire que c'est utilisé
pour décrire un élément, un phénomène,
qui est repris et décliné en masse sur internet.
Ils se présentent sous forme d'images ou de vidéos créées
à partir d'éléments qui ont « trendé » fort sur les réseaux sociaux
- ouais c'est un néologisme, trendé, vous allez voir.
- Ok, mais d'où ça vient tout ça ?
Ben, en 1976, le biologiste Britannique Richard Dawkins publie
Le Gène égoïste, The Selfish Gene.
Dawkins affirme que la théorie darwinienne de l'évolution
s'applique d'abord et avant tout non pas au niveau des espèces,
mais au sein même de l'ADN façonnant les cellules.
En fait, certains traits génétiques obtiennent plus de succès que d'autres
parce que nos gènes sont en compétition,
et Dawkins va plus loin en affirmant que
le comportement des êtres vivants est déterminé d'abord par leurs gènes
qui suivent leur propre chemin évolutif égoïste
- ben oui, encore une fois l'égoïsme, mon dieu qu'on est égoïste dans cette société-là !
- Mais c'est pas fini, Dawkins pousse encore le bouchon plus loin.
Dans son dernier chapitre
il affirme que les idées qui forment la culture peuvent très bien se comprendre
comme autant de « gènes égoïstes » et,
le dit biologiste, va même jusqu'à inventer un néologisme :
Mème, ben oui, c'est de là que ça vient.
Le mot mème vient d'une association entre gène et mimesis, du grec « imitation »,
mais Dawkins souligne aussi la parenté de son terme avec le mot français « même ».
Même, c'est mème ?
Non attendez, mème, ça veut pas dire même.
Je recommence : mème c'est même, et mème, ça veut pas dire même, c'est clair là?
Non ? On se dirait vraiment dans un dîner de cons.
Pour Maxime Coulombe :
« Un mème est aussi un objet culturel intéressant parce qu'il renvoie à une sous-culture.
Il y a des mèmes qu'on ne comprend pas nécessairement et c'est voulu,
c'est une sorte d'idiome qu'on peut employer pour être capable de
communiquer avec des amis pour renvoyer à une blague précise
et cette capacité-là est aussi une source de valorisation ».
D'où le grand succès des félins.
Tout le monde aiment les félins,
même ceux qui disent ne pas les aimer - ouais je vous le jure –
pour y aller plus simplement,
les idées, les images ou les concepts se comportent comme des parasites :
elles ont besoin d'hôtes, les cerveaux, pour se reproduire.
Comme tout organisme vivant,
les idées mutent plus ou moins à chaque fois
qu'elles se reproduisent avec un effet de contagion et de sélection.
Certaines idées se reproduisent plus vite que d'autres,
donc certaines idées mutent plus vites que d'autres.
Pensez aux chats sur internet en comparaison aux posts politiques.
Certains mèmes sont repris ad nauseam
alors que d'autres s'éteignent rapidement.
Eh oui, c'est la dure loi ou plutôt, l'absurde loi de la Cyber-Jungle.
Le livre de Dawkins a connu une seconde vie
dans les milieux intellectuellement branchés :
les geeks, au début des années 2000.
À l'époque, les réseaux sociaux – ces grands disséminateurs de mèmes – se développent :
Facebook est lancé en 2004, Twitter en 2006, Instagram en 2010.
Et il a fallu peu de temps pour que
le rapprochement entre les théories de Dawkins et le nouveau phénomène s'opère.
Mais on va retrouver ici et là quelques ancêtres de la pratique des mèmes.
Par exemple, un extrait d'une bande-dessinée de 1921
où on retrouve ce qui s'apparente au modèle du mème :
« What You Think You Look Like vs. What You Actually Look Like ».
Dans celui de 1921 on peut lire d'un côté :
« Ce à quoi tu penses ressembler quand on te prend en photo»
et de l'autre côté :« Ce à quoi tu ressembles vraiment .»
- ouais, on le voit là, c'est assez évident
- Les mèmes ont été popularisé par des forums de partages comme 4chan, Tumblr, Reddit ou encore, 9Gag.
On dit même, qu'en Mai 2017,
la mention « mème » a dépassé Jésus sur Google
- ok, ça veut dire que ça trende solide.
Les plus célèbres aujourd'hui sont sans aucun doute :
Grumpy Cat, Salt Bae, Roll Safe, Nyan Cat ou encore Rickroll.
Le Québec a aussi créé ses propres mèmes, vous en voulez un exemple ?
« Awaille Kevin, continue comme ça !» , « J'ai l'droit, chu mécanicien » ou encore « Mon père est riche en tabarnaque ».
Cependant, il faut pas oublier que le Star Wars kids est un Québécois
et il a connu tout un succès planétaire dès 2003.
Ok, mais le plus vieux mème dans tout ça vient d'où ?
Il n'a pas fallu attendre internet pour qu'un phénomène apparenté au mème s'observe.
La technologie n'a fait qu'accentuer la dissémination,
mais le concept même du même est bien antérieur.
C'est toujours difficile de déterminer la genèse d'un objet culturel.
Il y a rarement une première fois unique.
C'est souvent un ensemble de petits évènements
se passant parfois en même temps et parfois en différé.
Dans les fais, les origines sont souvent multiples et prennent plusieurs formes.
Ce qui permet d'établir les antécédents c'est d'abord la pérennité dans le temps.
Le proto-mème lui, par exemple, il existe bien, il s'appelle : KILROY WAS HERE.
Rien de bien méchant me direz-vous,
rien qui ne renvoi à une référence culturelle bien connue.
Non, non, détrompez-vous !
Détourné et réutilisé à toutes les sauces,
Kilroy peut prétendre au titre d'archétype universel.
CONTEXTE !
La Seconde Guerre mondiale fait rage.
L'Allemagne nazi conquiert une bonne partie de l'Europe.
La France conquise est occupée par l'armée Allemande.
Juin 1944, les Alliés Américains, Anglais et Canadiens
accompagnés des forces Françaises libres et
des troupes de diverses brigades de volontaires
débarquent dans le nord de la France, en Normandie.
Quelques troupes Américaines en campagne découvrent tagué sur les murs
un drôle de bonhomme au long né se cachant derrière un mur
accompagnée de la mention « Kilroy Was Here ».
Kilroy serait donc déjà arrivé?
Mais c'est qui Kilroy?
Une rumeur commence à se répandre.
La rumeur devient bientôt une légende.
L'existence d'un super-GI,
l'équivalent d'un Captain America prénommé Kilroy,
va circuler un peu partout dans les rangs de l'armée.
Dans l'édition de Mai 1948 du magazine Amércain " LIFE ",
on rapporte que des soldats " whatever beach-head they stormed,
they always found notices chalked up ahead of them,
that 'Kilroy was here'".
En gros, ils trouvaient tout le temps des mentions que Kilroy était là avant eux.
Kilroy devient une célébrité et tout le monde sait à quoi fait référence Kilroy.
À la conférence de Postdam, en Juillet-Août 1945,
Staline, le leader de l'URSS aurait même demandé à son assistant :
« Mais qui est ce Kilroy ?»
Personne ne dit si le Petit Père des peuples voulait ajouter Kilroy sur l'une de ses listes sanglantes.
Et pendant tout ce temps-là, les GI vont laisser des traces de leur passage un peu partout en Europe
avec ce petit Monsieur aux yeux bien ronds et au nez proéminant.
Ces inscriptions sont probablement le fruit d'une concurrence amicale entre les GI Américains.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le graffiti atteint le statut de culte.
Il surgit dans les endroits les plus improbables.
On le retrouve même dans certaines installations militaires classées « Top Secret »,
par exemple, les latrines des camps militaires en France
ou encore les bunkers des plages des îles du Pacifique
et les murs des ruines Allemandes sont tous recouverts
- pas tous mais certains –
du fameux tague "Kilroy Was Here".
Mais t'es-tu venu Kilroy?
C'est qui Kilroy?
- Dans un film de 1946 sur les essais nucléaires dans l'atoll de Bikini,
on constate que Kilroy fait partie intégrante de la culture populaire.
Pourtant, la pratique n'est pas inédite.
« Foo was here » s'avère l'équivalent Australien
et le tague date pourtant de la Première Guerre mondiale.
On pourrait aussi relier notre Kilroy à un certain « Mr. Chad »,
ce personnage Anglais qui commente sur un ton humoristique les pénuries
et le rationnement de la guerre en Angleterre.
La ressemblance est frappante, non ?
Le caricaturiste Britannique George Chatterton peut prétendre à la paternité de « M. Chad »
qui griffonne à la fin des années 1930 un personnage aux traits similaires.
L'hypothèse serait donc que des soldats Américains particulièrement créatifs ont détourné « M.Chad».
En le renommant Kilroy,
le personnage se saurait doté d'une signification toute autre.
Plutôt que de commenter les tracas du quotidien en temps de guerre,
le graffiti serait devenu un symbole du passage triomphant des troupes libérant l'Europe.
Ok, mais c'est qui « Kilroy » ?
Le Oxford English Dictionary range Kilroy dans la case des personnages mythiques.
Pourtant, loin d'être uniquement un personnage de fiction,
ce n'est pas moins d'une demi-douzaine, voire plus de personnes,
qui ont prétendu être le véritable « Kilroy ».
En Décembre 1946, l'American Transit Association (ATA)
organise un concours radio pour rétablir les faits.
Un travailleur au chantier naval Bethlehem Steel
de Quincy, Massachusetts, sort de l'ombre.
James J. Kilroy était chargé d'inspecter les réservoirs et les coques des navires de guerre.
Après qu'on l'est accusé de mal faire son travail,
dans un élan de bravade narcissique,
l'ouvrier naval aurait pris l'habitude de marquer à la craie jaune : « Kilroy was here ».
Plusieurs de ses collègues vont corroborer l'anecdote.
Et pour sa peine, l'ATA lui offre un tramway.
Oui, oui, une voiture de 12 tonnes est livrée au domicile de Kilroy.
L'ouvrier va même en faire une rallonge
qui servira d'espace de jeux à six de ses neuf enfants.
Au-delà de l'anecdote,
la marque « Kilroy was here » intègre complètement la culture populaire.
Loin d'être un simple graffiti, la marque a laissé des empreintes durables.
En 1948, le poète Peter Viereck écrit :
« Dieu est comme Kilroy. Lui aussi voit tout »
En 1953, l'auteur Tennessee Williams, dans sa pièce Camino Real,
a donné à un de ses personnages le nom de Kilroy en référence à « Kilroy Was Here »
Vous le savez, j'arrête pas de dire : Kilroy Was Here !
- En 1955, dans la nouvelle de science-ficiton « The Message », Isaac Asimov raconte
qu'un voyageur temporel en provenance du 30e siècle,
un certain George Kilroy, serait le véritable auteur du graffiti.
Si la popularité de Kilroy a semblé s'effacer dans les années 1950,
son retour périodique dans les décennies suivantes est remarqué.
En 1983, le groupe de rock Américain Styx sort son album qui s'appelle :
Kilroy Was Here
et la chanson "Mr. Roboto" révèle l'identité de Kilroy.
Ce serait nul autre que la véritable identité de Mr. Roboto, ce robot Japonais hors de contrôle.
Or, derrière le masque, on ne retrouve personne d'autre
que Dennis DeYoung, le chanteur principal de Styx,
dont Kilroy est le surnom,
ouais, toutes est dans toutes !
En 1997, on retrouve Kilroy sur un timbre Néozélandais.
Vingt ans plus tard, Kevin Smith commence à
tourner une comédie d'horreur intitulé Killroy Was Here.
La sortie était prévue à l'origine pour cette année,
mais 2020 est arrivée, ouais cette année-là, maudite année !
En 2007, le jeu vidéo Halo 3 va même faire un clin d'œil à Kilroy.
Même la célèbre comédie de situation dans les années 1990 Seinfeld
fait allusion au célèbre graffe.
Kilroy a même fait sa place au Washington Memorial.
Derrière un mur, par-delà un grillage, gravé dans un recoin,
on peut apercevoir dans la pierre la preuve que Kilroy était bien là avant nous.
Allez, c'est fini pour aujourd'hui.
Je suis Laurent Turcot de l'Histoire nous le dira, j'espère que ça vous a plu.
Si c'est le cas, ben dites-le moi, faites un commentaire,
faites un pouce ou encore, partagez la dite vidéos sur tous les réseaux sociaux puis,
je vous mets au défi, mettez le mème que vous préférez en dessous de cette vidéo-là.
Allez, salut, bye.
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