法语助手

Quand on parle des français avec les étrangers,
on peut très vite se retrouver dans un véritable festival de clichés.

Sales, dragueurs, râleurs, mais d'où viennent ces clichés ?

Est-ce qu'ils sont vrais ?

On va débunker tout ça.

Chiffre à l'appui.

Les français sont sales.

Lui, c'est Pépé le putois.

Il est français, il est hyper lourd en termes de drague,
mais surtout, Pépé, il pue.

Il pue.

Et même le plus puissant parfum n'y peut rien.

D'ailleurs, au Royaume-Uni, on dit « French bath »
pour dire d'une personne qu'elle est trop parfumée.

Sous-entendu, les Français préféreraient
camoufler leur odeur plutôt que de se laver.

D'où sort ce cliché très répandu chez nos amis anglo-saxons.

Un homme pourrait être responsable de cette réputation, Louis XIV.

L'histoire court que Versailles était extrêmement sale
et que le roi lui-même n'aurait plus qu'un seul bain dans sa vie.

Alors évidemment c'est faux, on n'en a pas pris beaucoup,
mais il n'a pas pris qu'un seul bain.

A l'époque on avait peur de l'eau,
on savait que l'eau était facteur de maladie,
et donc s'immerger totalement dans l'eau était fait sous contrôle médical.

Pour se laver, le roi faisait plutôt une sorte de toilette sèche.

Il était frotté avec des linges imbibés d'alcool,
et à l'époque, ce qui compte, c'est d'avoir l'air propre.

Les mains, le visage et les dents doivent être impeccables.

Le même soin est apporté aux linges,
c'est pourquoi le roi pouvait changer de chemise jusqu'à 5 fois par jour.

Évidemment, ce n'est pas l'hygiène telle qu'on l'imagine aujourd'hui,
mais finalement, Versailles est au top de ce qui existe de l'hygiène à l'époque.

Mais le cliché sur l'hygiène douteuse des Français
n'est pas tout à fait infondé non plus.

Jusqu'à la fin du XIXe siècle,
nos standards d'hygiène étaient plus bas que ceux des pays anglo-saxons,
notamment en ce qui concerne l'accès à l'eau courante dans les villes.

Les choses s'améliorent par la suite,
mais les destructions causées par la Seconde Guerre mondiale n'ont pas aidé.

Par exemple, à la fin des années 40, 6% des foyers français ont une salle de bain,
contre environ 65% des Américains.

Et forcément, les Français se lavaient moins.

Et cette réputation a été colportée par les touristes anglo-saxons et les soldats américains.

Mais qu'est-ce que ça donne aujourd'hui ?

Eh bien, les Français ne sont pas les pires en la matière,
puisqu'ils sont 76% à faire une toilette complète tous les jours,
contre 53% des Italiens.

Petite nuance quand même, chez les hommes,
c'est moins folichon, puisque presque un tiers d'entre eux
ne changent pas de sous-vêtements tous les jours,
le pire score par rapport à nos voisins européens.

Ça va pas, non ?

Il est impeccable, il est ce matin.

Donc ce cliché, si on exclut les changements de slip, est plutôt faux.

La France est nulle à la guerre.

Selon les Anglo-saxons, les Français seraient trouillards,
lâches et incapables de gagner une guerre par eux-mêmes.

Bonjour !

Et ça ne s'est pas vraiment arrangé
lorsque la France a refusé de faire la guerre en Irak en 2003.

Notre pays est alors accusé par les Américains d'ingratitude,
alors qu'ils nous auraient sauvé des nazis en 1944.

Cette réputation d'une armée plus prompte à lever le drapeau blanc
que les armes est énormément liée à la débâcle de l'armée française en 1940.

Et selon cet historien britannique,
ces préjugés, qui vont bien au-delà de la Seconde Guerre mondiale,
sont carrément exagérés.

Et une très sélective lecture d'une très longue histoire militaire
permet aux gens qui le veulent de construire une théorie de défaites militaires françaises.

La guerre de Waterloo, la guerre des 100 ans:
c'est Crécy, c'est Poitiers, c'est Azincourt...

Les Américains prennent une vue très très similaire,
malgré le fait, bien sûr,
qu'ils ont leur indépendance très largement à l'intervention militaire française.

Et donc, quand je vois des blagues sur la France qui s'en va,
ma réponse est « Vous devriez aller à Verdun, ou prendre un livre ! »

Mais que disent les chiffres ?

Eh bien, difficile à dire.

Parce que les spécialistes n'ont pas forcément
le même point de vue sur ce qu'est une guerre,
ou encore l'issue d'une bataille.

Mais selon un premier décompte,
la France serait le pays européen le plus belliqueux
en participant à 50 conflits majeurs sur 125 depuis 1495,
suivi par l'Autriche et l'Espagne.

Et question victoire, eh bien,
il y a plusieurs tentatives de calcul,
elles sont plutôt en faveur de la France.

Par exemple, selon un décompte amateur,
sur 142 guerres, la France a 101 victoires,
22 défaites, et 19 n'ont pas de résultats clairs.

Et une autre liste recensant
« Toutes les batailles connues de l'histoire de l'humanité nous classent
comme le pays ayant le plus remporté de batailles.
Sur 10 624 batailles, la France en aurait remporté 1115. »

Bilan, ce cliché est donc faux.

Les Français sont les champions de la séduction.

Là, c'est avant tout une affaire de langue, celle que l'on parle.

« Voulez-vous coucher avec moi, ce soir ? »

Car un tiers de la planète considérerait la langue française comme la plus sexy.

Et puis, il y a la langue que l'on fourre dans la bouche de son partenaire,
plus connue sous le nom de « French Kiss ».

L'expression serait apparue dans les années 20,
grâce à des Américains ayant voyagé en France,
puis serait devenue particulièrement répandue
après la Seconde Guerre mondiale,
avec le retour au pays des G.I.s qui ont libéré la France.

Mais sous la couette, les Français sont-ils vraiment les plus coquineaux ?

Selon une étude mondiale,
les Français feraient l'amour en moyenne 120 fois par an.

C'est plus que la moyenne globale,
mais moins que les Grecs qui prennent la première place.

Et nous ne sommes pas non plus les champions de l'infidélité.

Les Italiens, par exemple,
sont en moyenne plus infidèles que nous.

Par contre, ce sont les Français qui sont le plus ouverts à l'infidélité.

26% pourraient être infidèles,
à condition que leur partenaire ne soit pas au courant.

C'est le double de nos voisins britanniques et espagnols.

Bilan, ce cliché est donc plutôt vrai.

Les Français sont obsédés par la nourriture.

La France et la bouffe, c'est une grande histoire d'amour.

Nous sommes le pays qui passe le plus de temps à table,
avec 2h13 par jour.

C'est deux fois plus que les Américains.

Et nous faisons de vrais pauses déjeuners.

À 12h30, 57% des Français sont en train de manger,
contre 38% des Belges,
20% des Allemands et 14% des Britanniques.

Et si le repas gastronomique français
a été classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2010,
le monde entier pense que nous passons notre temps à manger ça.

Mais pourquoi ?

On a donc demandé à un spécialiste du pain,
et on ne pourra pas nous accuser de chauvinisme,
parce qu'il est américain.

L'association du français avec le pain, c'est une association de survie.

Pendant des siècles, le pain était la source de la plupart des calories,
et même de la plupart des protéines de la vaste majorité des Français.

Et évidemment, si on appelait en France le roi le boulanger,
c'était pas un accident.

Le roi était un prince nourricier
parce que la France nourrissait parce que la France était menacée
pendant des siècles par la disette, par la famine.

L'enjeu était majeur, c'était la stabilité politique, c'était le bien-être social.

Ce n'est pas Louis XVI qui dira le contraire.

En octobre 1789, des milliers de femmes marchent sur Versailles
pour ramener à Paris le roi et sa famille.

Parmi leurs slogans, nous ne manquerons plus de pain.

Nous ramènerons le boulanger, la boulangère et le petit mitron.

Le mitron, pour info, c'est un apprenti boulanger.

Mais la baguette ?

Elle arrivera bien plus tard, entre le XIXe et le XXe siècle.

A l'époque, la demande évolue.

Plutôt que d'acheter une énorme miche de pain qui va rassire,
les citadins aisés veulent manger du pain frais plusieurs fois par jour.

Et pour ça, le format de la baguette est idéal.

Chaque année, 10 milliards de baguettes sont vendues en France,
soit 320 par seconde.

Pourtant, on en mange de moins en moins.

En 1900, nos ancêtres en consommaient 900 grammes par jour,
soit 3 baguettes et demie, contre 105 grammes aujourd'hui,
soit un peu moins d'une demi-baguette.

Mais alors, pourquoi reste-t-elle un symbole de la gastronomie française ?

C'est surtout ce qu'on appelle le « feedback ».

C'était le retour de l'étranger.

C'était des gens qui passent par la France et qui ont associé cette baguette
avec leur moment parisien ou leur moment français.

Oui, oui, baguette !

Bilan donc de ce cliché sur l'alimentation, il est globalement vrai.

Les Français fument et boivent tout le temps.

Et oui, la France fait partie des gros buveurs.

Nous consommons 12,6 litres d'alcool pur par an,
ce qui nous range à la 8e place parmi nos voisins européens.

Nous buvons aussi 36 litres de vin.

Mais ce n'est rien comparé aux 128 litres consommés dans les années 60.

Il faut dire que jusqu'en 1956, du vin était servi dans
les cantines scolaires aux enfants de moins de 14 ans.

Et il faudra même attendre 1981 pour que l'alcool soit interdit dans les lycées.

Hélas !

Cigarette dans tout ça !

L'image du Français, toujours la clope au bec, a-t-elle aussi vécu ?

À l'échelle européenne,
le pays est loin d'être le plus mauvais élève avec 22,2% de fumeurs.

C'est plus que la moyenne et nos voisins directs,
mais cela nous met à la 13e place du classement,
loin derrière la Bulgarie.

En fait, ce qui a très probablement joué
dans cette perception du Français fumeur de l'extrême,
ce sont les films français classiques
où il est vrai que les personnages fument clope sur clope.

Ce cliché semble donc aujourd'hui un peu exagéré,
même s'il y a une part de vrai là-dedans.

Les Français font tout le temps grève.

La grève à la française, ça fascine un peu les autres pays.

Mais au-delà du style, est-ce que cette réputation est justifiée ?

Eh ben, ça dépend des méthodes de calcul,
mais aussi des périodes étudiées.

Par exemple, quand on prend 7 cartes recensant les jours de travail perdus,
quelle que soit la période étudiée,
la France fait toujours partie du peloton de tête.

Mais nous ne sommes pas forcément les premiers.

Par exemple, c'est Chypre qui est à la tête du classement,
avec presque 275 jours de grève entre 2010 et 2019,
contre 128 jours pour la France.

Et surtout, ce qui nous distingue de nos voisins,
c'est notre culture de la manifestation.

Pourtant, on fait grève de moins en moins.

Entre 2005 et 2010, on comptait plus d'une centaine de jours de grève par an,
avec un pic à 308 jours en 2010, avec la réforme des retraites.

Depuis, il devient plus exceptionnel de dépasser la barre des 100 jours,
le taux le plus élevé étant de 161 jours en 2019.

Mais l'image du Français qui râle en manifestation a tout de même de beaux jours devant elle.

Bref, on est donc sur du plutôt vrai.

Ce qui nous amène à notre dernier cliché,
les Français ne sont jamais contents.

Selon un sondage, 93% des répondants,
considèrent que les Français râlent souvent, voire très souvent.

Contre quoi râlent-ils ?

Eh bien, en premier, l'administration,
suivi des grèves, tiens donc, et des hommes politiques.

Et râler ?

Eh bien, il semblerait que ça rende pessimiste.

Selon le dernier rapport mondial sur le bonheur,
la France se classe à la 21e place,
ce qui nous met entre la Lituanie et la Slovénie.

C'est loin derrière le leader, la Finlande,
qui avait pourtant l'un des plus forts taux de suicide dans les années 90.

Il est donc clair ici que ce cliché des Français râleurs et pessimistes est vrai.

Il y a quelques jours, on vous a posé une question :
combien de douches prenez-vous par semaine ?

Eh bien, on est ravis de vous annoncer que vous êtes plutôt propres.

Vous êtes 51% à en prendre 5 à 7 par semaine.

Par contre, vous êtes quand même 14% à n'en prendre qu'une à trois par semaine.

Bref, dites-nous en commentaire si vous connaissez d'autres clichés sur les Français.

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