法语助手
2022-03-22
1°C, 2°C, 2,5°C, 4°C.
Au cours du siècle à venir, la température de la planète va continuer de monter.
Plus les émissions de gaz à effet de serre seront importantes, plus la hausse sera forte.
Mais en quoi est-ce un problème?
Pourquoi doit-on se soucier de quelques degrés de plus?
Parce que le changement climatique menace les infrastructures où nous
vivons, l’agriculture qui nous nourrit et il peut nous tuer de plusieurs manières.
On le sait, la température globale a déjà commencé à grimper.
En l’espace de 40 ans, elle a augmenté d’un degré.
Cette température globale est une construction mathématique.
C’est la moyenne sur l’ensemble de la planète des températures
de l’air proche de la surface.
Si on sépare l’évolution sur les terres et les océans,
on voit que les continents se réchauffent bien plus vite.
Et si on regarde l’évolution des températures entre cette période
et celle-ci, voilà ce que ça donne sur une carte.
On voit que les continents, en rouge plus sombre,
se sont davantage réchauffé que les océans, en jaune,
mais on voit également qu’une région comme l’Arctique est plus touchée que l’Afrique.
Dans quelques zones assez réduites, en bleu, la température moyenne a en revanche diminué.
L’augmentation des températures n’est donc pas la même partout,
mais elle n’est pas non plus la même tout le temps.
Prenons ce graphique.
Il montre la distribution de l’anomalie de température pendant l’été dans
l’hémisphère nord entre 1951 et 1980.
Voilà ce que ça veut dire.
Si un été correspond aux normales saisonnières, il va se retrouver
au milieu de cette courbe.
Si un été est plus chaud en moyenne, il va se retrouver de ce côté,
et s’il est plus froid, de l’autre côté.
Avec le changement climatique, les normales de saison augmentent
au fil du temps, mais on voit aussi que cette distribution s’aplatit.
Résultat, il y a plus d’étés anormalement chauds et leurs
températures augmentent plus vite que la moyenne.
Et ces étés très chauds, tout à droite, s’accompagnent souvent
de canicules qui sont de plus en plus fréquentes, sévères et longues.
Or, en plus d’être particulièrement pénible, les canicules peuvent tuer.
Sur ce graphique de la mortalité française annuelle, on observe un pic,
ici, sur la courbe de 2003.
Ce sont les 15 000 personnes mortes de la canicule cette année-là.
En tout, en Europe, cette vague de chaleur a tué 70 000 personnes.
Depuis 2003, on a appris à vivre avec ces canicules.
On recommande de limiter les activités physiques, de rester au frais et
surtout, de boire beaucoup d’eau.
Et s’il faut boire beaucoup, c’est pour une raison simple.
Quand il fait chaud, le corps a besoin d’eau pour
transpirer, car c’est l’évaporation de cette transpiration qui permet de nous refroidir.
Cette évaporation va dépendre de l’humidité de l’air.
Si l’air est très sec, la transpiration peut facilement
s’évaporer, mais si l’air est saturé en vapeur d’eau, elle ne peut pas s’évaporer.
Il devient alors impossible pour le corps de se refroidir.
Pour avoir un repère, un être humain, dans un environnement
à 35 degrés saturé en humidité, meurt en quelques heures.
En analysant les conditions d’humidité et de température ayant tué des
humains par le passé, des chercheurs ont mis au point cette courbe.
Les conditions à droite de cette courbe induisent presque toujours une surmortalité.
Des vagues de chaleur mortelles peuvent aussi survenir à gauche,
mais dans ces conditions, ce n’est pas systématique.
On voit que plus l’air est humide, moins la température est supportable.
Les chercheurs ont ensuite regardé le nombre de jours dans l’année
où les conditions de température et d’humidité étaient à la droite
de cette courbe, donc mortelle.
On voit qu’aujourd’hui, il y a déjà certaines régions du
monde qui connaissent ces évènements, mais pour un nombre de jours limité.
En faisant la même analyse pour différents scénarios d’augmentation
de température, on voit, sans surprise, que le nombre de
jours où les conditions sont mortelles, augmente.
Dans un monde à 4 degrés, ça concerne la majeure partie de
l’année pour certaines régions que le changement climatique va
rendre littéralement invivables.
Or, les zones concernées abritent aujourd’hui des centaines de millions de personnes.
Mais le changement climatique ne se réduit pas à une augmentation des températures.
Il a des effets très importants sur le cycle de l’eau.
Pour le comprendre, il faut revoir quelques bases.
L’évaporation a lieu au niveau du sol.
C’est là que l’air se réchauffe et se charge en vapeur d’eau.
Il faut ensuite savoir que plus une masse d’air est chaude,
plus elle peut contenir de vapeur d’eau.
Les masses d’air chaudes et humides s’élèvent ensuite dans l’atmosphère en se refroidissant.
Si une masse d’air humide se refroidit, elle peut contenir de moins en moins de vapeur d’eau.
L’eau finit donc par se condenser pour former des nuages qui,
plus tard, donneront de la pluie.
Le changement climatique aura des conséquences différentes sur ce
cycle de l’eau en fonction des zones concernées.
Regardons d’abord près des océans ou dans les régions humides,
où il y a beaucoup d’eau disponible.
La hausse des températures va y augmenter l’évaporation et la quantité
d’eau que peut contenir l’atmosphère, ce qui implique davantage de précipitations.
L’augmentation de ces précipitations peut entraîner une multiplication
et une intensification d’inondations qui peuvent tuer, mais affectent
surtout l’infrastructure et l’agriculture.
Par contre, les conséquences sur les périodes où les régions sèches seront opposées.
L’évaporation va certes augmenter, mais vu la faible quantité d’eau
disponible, cette eau qui s’évapore ne sera pas suffisante pour former
des nuages et induire des précipitations, ce qui provoquera
une aridification de ces zones et de ces périodes sèches.
En plus de réduire l’accès à l’eau dans certaines régions où c’est
déjà un problème, la réduction des précipitations et les sécheresses
vont avoir des impacts importants sur l’agriculture.
Ces phénomènes auront également des conséquences sur les forêts
et les feux continueront de se multiplier, endommageant fortement
ces écosystèmes et les activités humaines qui en dépendent.
Si on regarde cette carte projetant l’évolution du cycle de l’eau dans
un monde à + 4 degrés, on voit bien les deux effets.
Parmi les régions exposées à l’aridification, il y a le pourtour
méditerranéen, l’Afrique du Sud, l’Australie ou encore la Californie,
des régions qui subissent déjà des manques d’eau importants.
À l’inverse, dans d’autres régions, les précipitations vont augmenter,
ce qui est une bonne nouvelle pour certaines régions arides d’Afrique
ou du Moyen-Orient, mais beaucoup moins pour des régions ayant déjà
des précipitations très abondantes, comme l’Inde ou l’Asie du Sud-Est.
Une fois encore, de très nombreuses populations seront concernées.
Les conséquences sur le cycle de l’eau ne s’arrêtent pas là.
Le changement climatique affecte les glaciers qui reculent partout dans le monde.
Dans un premier temps, ces fontes vont venir alimenter
les cours d’eau pendant les périodes chaudes, ce qui est plutôt positif.
Mais au fur et à mesure que les montagnes se réchauffent,
il va pleuvoir au lieu de neiger.
Résultat, pendant l’hiver, la pluie coulera directement vers les océans.
Elle ne pourra plus être stockée sous forme de neige.
Conséquence, pendant l’été, il y aura moins d’eau de fonte
disponible pour alimenter les fleuves.
Concrètement, voilà ce que ça donne pour l’Indus, un fleuve coulant
depuis les montagnes de l’Himalaya.
En bleu, c’est l’eau provenant aujourd’hui de la fonte des glaces
et en rouge, le débit provenant directement des précipitations.
Dans un monde à 4 degrés de plus, moins de neige peut se former,
ce qui a deux effets: plus de débit pendant les périodes
humides et moins d’eau de fonte pendant les périodes chaudes.
Et vous voyez bien que cette évolution est problématique.
En 2015, à l’échelle mondiale, 600 millions de personnes vivaient
dans des zones où plus de la moitié du débit des fleuves dépend de la fonte des neiges.
Dans ces régions, l’agriculture sera fortement affectée par cette
évolution du cycle de l’eau.
La fonte des glaciers a une autre conséquence.
Elle contribue à l’élévation du niveau des océans, tout comme la
dilatation des océans due à la hausse des températures de l’eau qu’ils contiennent.
Cette élévation du niveau de la mer serait comprise entre plusieurs
dizaines de centimètres et près d’un mètre d’ici 2100 et se poursuivra après.
À terme, certains territoires risquent d’être recouverts par les eaux,
mais cette élévation va poser des problèmes bien avant ça.
Car aujourd’hui déjà, dans certains cas extrêmes,
comme des tempêtes, l’eau de mer peut recouvrir les zones côtières.
C’est ce qu’on appelle des submersions marines.
Plus l’eau va monter, plus elles vont être fréquentes.
Elles concerneront des dizaines de millions de personnes
supplémentaires d’ici la fin du siècle si on ne met pas en place des mesures d’adaptation.
Parmi les zones les plus touchées, on pense souvent aux petits États
insulaires et aux zones côtières.
Ces submersions seront également de plus en plus fréquentes dans
certains grands deltas, dont l’élévation limitée met en
danger des zones agricoles extrêmement importantes.
C’est le cas notamment du delta du Mékong, où est produite près
de la moitié de la production céréalière vietnamienne.
Tout cela est d’autant plus préoccupant que le réchauffement des eaux et
de l’atmosphère va également avoir une influence sur les ouragans.
Selon le cinquième rapport du GIEC paru en 2013, il devrait y avoir
une réduction du nombre d’ouragans, mais une augmentation du nombre
d’ouragans les plus violents.
Les ouragans semblent également se rapprocher des côtes et
s’accompagnent de plus de précipitations, ce qui augmente leurs impacts.
Évidemment, les effets du changement
climatique ne vont pas se limiter aux sociétés humaines.
Les animaux et les végétaux sont aussi concernés.
Ils subissent déjà la destruction des habitats naturels,
la surexploitation et les effets de nombreuses pollutions.
Et le changement climatique est une pression supplémentaire qui
va affecter particulièrement certains écosystèmes.
Par exemple, les récifs coralliens risquent de disparaître à cause
de l’augmentation de la température des océans, mais aussi à cause
de l’acidification due à la dissolution, dans les océans,
d’une partie du CO2 émis par les activités humaines.
Or, ces récifs coralliens abritent aujourd’hui une biodiversité très
riche et certaines de ces espèces fournissent des moyens de subsistance
à des millions de personnes vivant de la pêche.
C’est par exemple le cas de 40 % des 360 millions de personnes
vivant aux Philippines et en Indonésie.
Les espèces animales et végétales tenteront de s’adapter aux changements
climatiques en migrant vers les pôles, à condition qu’il leur reste des
espaces naturels pour ça et si le changement climatique est
suffisamment lent pour le leur permettre.
Ces adaptations, elles aussi, réservent de mauvaises surprises.
Par exemple, l’Organisation mondiale de la santé estime que,
dès 2030, la migration des moustiques entraînera 60 000 morts supplémentaires
à cause du paludisme, chaque année.
Voici donc un aperçu des conséquences pour l’ensemble de l’humanité d’une
hausse de quelques degrés.
La liste n’est bien sûr pas exhaustive, mais elle permet de comprendre
l’ampleur du problème.
Les zones concernées, surtout les populations, sont très nombreuses.
Bien sûr, nous nous adapterons en partie à ces conséquences,
mais vu le nombre de personnes impliquées, ça ne se fera pas sans
difficulté, d’autant que certaines populations n’auront pas d’autre
choix que la migration, par millions.
Une chose est sûre, chaque dixième de degré aura des
conséquences dramatiques pour des millions de personnes.
Pour limiter ces conséquences, il y a une chose à faire:
réduire, le plus rapidement possible, les émissions de gaz à effet de serre.
Merci d’avoir regardé cette vidéo.
J’espère qu’elle vous a plu et que vous avez appris plein de choses.
Pour ceux qui ne me connaissent pas, je fais de la vulgarisation approfondie
des enjeux environnementaux sur la chaîne YouTube Le Réveilleur.
Quand on m’a proposé cette collaboration, j’ai tout de suite
accepté parce que c’est l’occasion, pour moi, de toucher un public
plus large et de voir mon propos joliment illustré.
N’hésitez pas à nous dire si ce format vous a plu et quels autres
sujets vous aimeriez voir traiter.
C’était Rodolphe Meyer pour Le Monde et à bientôt sur le Net.
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