法语助手
2024-03-20
Alors j'ai compris cette éducation, en tout cas ce ronron avec lequel vous avez grandi,
diaboliser des aliments, mais alors maintenant,
à quel moment vraiment se sont déclenchés ces troubles ?
Est-ce qu'il y a eu une remarque sur votre physique,
une exposition, une rencontre, un événement,
quelque chose ?
Alors, j'ai pris quelques kilos après ma première tournée.
Donc, quand j'ai sorti le morceau Je ne sais pas,
j'avais une insouciance totale par rapport au poids.
Et d'ailleurs, je remarquais pas spécialement les morphologies.
Je voyais surtout le regard, ce qui pétille, la joie de vivre.
Et puis, j'ai pris 5 kilos après ma première tournée parce que je grignotais les choses dans les loges.
Et finalement, c'était assez normal d'avoir pris du poids de cette façon-là.
Et puis, j'ai eu une déception amoureuse avec un garçon qui aimait que les filles très minces,
et je l'ai associé à ça.
Je me suis dit, si j'avais été plus mince, peut-être que je lui aurais plu.
Il vous l'a dit ?
Non, il me l'a pas dit, mais voilà, en tout cas, je me... -Vous l'avez senti ?
Je l'ai senti.
Et puis, là, j'ai eu...
une vague de plein de souvenirs qui me sont remontées.
Et je me suis souvenu, quand j'étais petite,
qu'à la maison, on allait notifier quelqu'un qui prenait du poids et que c'était un peu dégoûtant.
Mais en plus, quand c'était pas quelqu'un d'obèse,
c'était vraiment que quelques kilos et que c'était dégradant pour cette personne d'avoir pris quelques kilos.
À quel point c'était...
Voilà, on allait beaucoup plus notifier quelqu'un qui prenait du poids que quelqu'un qui était trop maigre.
C'était quoi ?
C'était un signe d'échec, de faiblesse ?
C'est fort les mots que vous utilisez, c'était dégoûtant.
C'était dégoûtant, c'est ça ?
C'est ce que j'entendais, mais je pense que c'est des codes avec lesquels on grandit,
et c'est souvent plus fort que nous.
De toute façon, cette maladie est plus forte que nous, c'est pour ça qu'elle est écrasante.
Et puis je me suis dit, je vais faire un régime,
et là j'ai commencé le régime Dukan,
qui m'a complètement déréglé.
Qui était un régime hyper protéiné.
C'est un régime hyper protéiné.
Qui a été très dénoncé et décrit après.
Voilà, qui est très mauvais pour les reins.
Je passais ma vie à aller faire pipi,
et puis en plus j'étais faible, je faisais des siestes dans la journée.
Et en parallèle de ça, je préparais mon deuxième album.
Et c'est vraiment à ce moment-là que je suis tombée malade sur 《Ça Ira》.
Alors, on voit qu'on a fait un plan américain où je suis assise dans le clip,
mais j'avais des jambes filiformes et ça ne me dérangeait pas.
Oui, c'est ce que j'allais dire.
Est-ce que vous vous aimiez comme ça, vous ?
Je ne m'aimais pas, non.
Mais par contre, je me préférais comme ça.
J'étais beaucoup plus fière d'avoir des jambes de sauterelles.
C'était à l'époque de Danse avec les Stars ?
Non, alors là, c'est la deuxième fois où je suis devenue maigre.
Mais ça, c'est plutôt, je pense, en 2017, tandis que la vraie première fois,
c'était en 2012-2013.
Et Danse avec les Stars, c'était plutôt 2014. Mais j'ai vraiment fait un yo-yo.
Yo, yo !
D'accord.
Parce que c'est très physique cette aventure-là, de cette aventure sportive-là.
Et puis on vous voit beaucoup, on est en tenue de spectacle,
mais souvent pas dénudée, mais très moulante.
On vous regarde vraiment.
Comment vous l'avez vécu quand on a un tel rapport au corps ?
Alors déjà, je voyais cette aventure limite comme l'occasion de faire un régime,
ce qui n'est absolument pas normal.
J'ai cru que c'était une thalasso.
Danse avec les stars, c'est pas possible.
Et en fait, j'ai commencé cette aventure avec vraiment l'envie absolue d'apprendre à danser,
d'être à l'aise avec mon corps, en ayant quand même conscience que j'avais un problème avec ça.
Mais j'étais pas du tout raisonnée, ce qui fait que je faisais un régime pendant l'émission et que je continuais le régime du camp.
J'alternais protéines pures, protéines légumes, donc je mangeais aucun féculent.
Je m'autorisais des compotes à boire sans sucre ajouté,
en me disant que ça allait me donner de l'énergie,
mais franchement j'étais très affaiblie.
Vous n'aviez jamais des malaises ou vous faisiez jamais des malaises ?
Je m'arrêtais quand je sentais que j'avais la tête qui tournait,
et puis pour les directs, je mangeais quelques amandes,
mais par contre à la fin des directs,
c'est là que je craquais.
Donc c'était absurde, mais c'est tout d'un coup je décompensais, et puis mon corps criait plus fort.
C'est-à-dire, vous mangez quoi après, par exemple ?
Je mangeais toutes les bêtises qu'il y avait dans les loges,
les gâteaux, les trucs, ce qui était débile,
parce que pendant toute la semaine,
je m'étais vraiment restreinte.
Mais là-dessus, j'aimerais dire aux personnes qui nous regardent que,
justement, c'est des restrictions souvent trop extrêmes qui vont nous emmener,
en tout cas dans mon cas, qui m'ont menée à un trouble du comportement alimentaire.
J'ai été beaucoup trop extrême dans ce régime, beaucoup trop stricte.
Et il faut faire très attention à se fixer des objectifs atteignables et réalisables,
et surtout qu'ils soient viables avec notre personnalité.
À quel moment vous avez identifié que vous étiez malade ?
Parce qu'il y a en effet le rapport complexe qu'on peut avoir avec son poids,
et vraiment, comme vous le dites, je suis tombée dans des troubles.
C'était une maladie qui vous dépassait, qui était écrasante, ce sont vos mots.
Est-ce que vous avez identifié ce moment où la maladie vraiment s'est imposée ?
En fait, je pense que ça a vraiment été de 2012 à 2021, à peu près, que j'ai été malade.
J'avais l'impression que la semaine suivante, ça allait s'arrêter.
Je procrastinais le concept de me dire que c'était une maladie.
Donc je me disais, non, non, c'est bon, la semaine prochaine, tout ira bien.
Et en fait, j'ai prononcé le mot maladie seulement quand j'étais sur la voie de la guérison.
Et ce moment est arrivé quand je suis tombée enceinte,
parce que tout d'un coup, j'étais fière de prendre du poids pour une bonne raison.
Et surtout, je n'avais plus besoin de justifier mes kilos.
Je n'avais plus besoin de dire pourquoi j'avais grossi autour de moi.
Ce n'était pas lié à une crise de boulimie, je n'avais pas besoin de me cacher.
J'étais fière en fait de mes kilos et je me sentais profondément épanouie.
Et puis c'est la première fois aussi que j'allais prendre soin de moi pour quelqu'un.
Et puis que la maman, c'était plus seulement ma maman, mais que je devenais la maman.
Et vraiment, ce switch a tout changé dans ma vie parce que ça m'a rendu beaucoup plus responsable de mes actes.
Et puis évidemment, je pense que ça a comblé l'immense vide qu'il y avait en moi.
Que vous essayez de combler avec la nourriture.
Exactement.
À l'époque, quand vous étiez très très maigre,
est-ce que quelqu'un a été témoin de cette maladie,
de ses excès ?
Est-ce qu'on a essayé de vous alerter ?
Ne serait-ce que même sur les réseaux,
quand on voyait cette photo, on vous a beaucoup reproché cette maigreur.
Est-ce qu'il y avait quelque chose qui raisonnait quand même en vous ?
Mais j'étais dans mon monde, absolu.
Encore une fois, là, ce que je suis en train de dire, j'ai peur que ça soit mal compris.
Je dis pas que vous étiez dans le...
Enfin, que vous le faisiez à dessein ou que vous auriez pu contrôler parce qu'on vous a dit,
là, vous êtes maigre.
Encore une fois, c'est une maladie.
Elle est écrasante et vous n'aviez pas le choix.
Néanmoins, est-ce que quelqu'un a pu vous alerter comme quoi ça n'était pas normal et que vous deviez vous en inquiéter ?
Oui, bien sûr, on a essayé de m'en alerter.
Alors, la première fois qu'on m'en a alerté, c'est quand j'avais trop grossi.
Et justement, en 2012, j'ai fait 34 kg à un moment,
et autour de moi, on me disait juste,
t'as beaucoup maigri, mais on me disait pas...
On vous a pas alerté.
On va régler.
Personne ne vous a dit, attention, danger pour ta santé ?
Non.
Non, mais moi je faisais bonne figure.
Mais non, tout va bien !
J'ai regardé quand même j'ai toujours été très passionnée par mon métier,
heureusement, parce que je pense que c'est ce qui m'a gardée debout.
Mais voilà... J'essayais de convaincre tout le monde autour de moi que tout allait très bien,
et j'étais, je pense, convaincante.
Alors que physiquement, vous aviez des symptômes,
à part ces malaises, il y avait des choses,
votre corps,
disait qu'il n'y arrivait pas à tenir ?
J'ai pas eu mes règles pendant cinq ans quand même.
Justement, j'ai eu très peur de jamais pouvoir tomber enceinte.
Et puis oui, j'avais les ongles qui se cassaient tout le temps,
la moitié de mes cheveux qui sont tombés.
Oui, oui, bien sûr, j'avais des signes physiques.
Et puis, comme je vous disais, je faisais des siestes la journée.
Parfois, j'étais crevée, en fait.
Je ne m'alimentais pas comme il fallait, je n'avais pas le carburant nécessaire.
Mais voilà, je n'ai pas eu de remarques à ce moment-là.
Les remarques sont vraiment venues quand je suis passée à 74 kg assez vite.
C'est vrai que mes écarts de poids étaient toujours en trois mois, quelque chose comme ça.
Et là, en effet, tout le monde m'appelait.
Qu'est-ce qui se passe ?
Qu'est-ce qui t'est arrivé ?
Tu es méconnaissable.
Étonnamment, vous avez plus eu de remarques en prenant du poids.
C'est ça, exactement.
Et donc, je l'ai signifié autour de moi.
J'ai dit, en fait, c'est incroyable.
Quand je faisais 34 kg, personne ne s'est manifestée.
Et là, je fais 74 kg, justement, parce que je ne vomis pas.
Pour moi, je suis en train de m'imposer des challenges qui font que je veux guérir,
même si je ne me disais pas encore que c'était une maladie.
Et tout d'un coup, tout le monde se manifeste.
Là, vous ne m'aidez pas, en tout cas.
Mais c'est très dur d'aider quelqu'un qui traverse ça, surtout quand on ne l'assume pas.
Et voilà.
Et puis, ce qui m'a aidée au fil des années,
c'est le fait de m'imposer des petits challenges,
notamment le fait de ne pas vomir, le fait de m'imposer... -Le challenge de ne pas vomir?
Si, ça m'est arrivé, oui oui.
Ça m'est arrivé et c'est pour moi le plus grand piège dans cette maladie,
parce qu'on a l'impression que tout repart à zéro et que voilà,
on peut tout se permettre, parce que ça fait comme un reset.
Et ça, je conseillerais aux personnes qui traversent ce trouble que ce soit le premier challenge qui se fixe parmi les challenges réalisables et possibles,
mais qu'il ne soit pas trop dur d'un coup.
Bien sûr, du jour au lendemain, on ne peut pas se dire...
Je partageais un brunch avec tout le monde, innocemment.
Ça a été très lourd, c'est sûr.
Et lourd jusqu'à quel point, Joyce ?
Vous avez déjà eu des idées noires ?
J'ai entendu, peut-être que je peux me tromper,
mais des personnes que j'ai reçues qui me disaient que quand on est anorexique,
il y a aussi une histoire de « je veux disparaître tellement je deviens maigre ».
Vous l'avez ressenti, ça ?
Oui, en fait, dans les épisodes d'anorexie,
en effet, je pense que j'avais envie de rester la femme enfant et j'étais dans un contrôle total.
Et en même temps, j'avais aussi mes pulsions de vie,
mes pulsions gourmandes, parce que je suis profondément gourmande,
qui venaient contrebalancer ça et qui me...
faisait craquer, et donc j'étais dans le tout ou rien.
Quand je craquais, je craquais démesurément, et là, j'étais en crise de boulimie.
Et ensuite, les moments où je prenais pas trop de poids,
je compensais vraiment les deux, ou j'allais faire beaucoup de sport.
Ça m'est arrivé parce que j'avais mangé deux pains au chocolat,
de passer la journée à la salle de sport en me disant que c'était très grave,
et c'était le jour de mon anniversaire.
Donc je préférais dire à tout le monde,
je suis pas disponible aujourd'hui,
et éliminer les deux pains au chocolat pour...
Et c'est des choses que je trouve tristes,
parce que ça isole, que ça nous enlève des moments de vie qui sont précieux.
Et oui, c'est sûr que j'ai eu des idées noires,
parce que quand je grossissais, je me sentais tellement honteuse,
je me dégoûtais, je me disais que j'allais dégoûter les gens autour de moi.
Ça me rendait aussi très parano, parce que quand on est en crise,
il y a un truc physique qui se passe où je pense qu'on doit sécréter des hormones un peu dans tous les sens.
Il y a plein de stress, déjà.
Il y a l'hyperglycémie aussi qui rend ivre.
En plus, moi, je suis hyper saine dans la vie de tous les jours.
Je ne me suis jamais droguée.
Je bois très, très occasionnellement.
Et finalement, le sucre ou la boulimie, c'était mon addiction et ma folie, mon ivresse.
J'avais l'impression d'avoir une double vie.
Oui, c'est ce que j'allais dire.
C'était un secret.
Pour vous, ça a été votre secret, avec lequel vous ne l'avez partagé avec personne pendant ces 10 ans ? -Avec personne.
Personne n'a vu, n'a su, n'a même constaté dans une crise de boulimie que vous mangez anormalement pour vous remplir,
comme vous dites, cette ivresse autour du sucre.
Personne n'a pu se rendre compte ?
Si, les gens pouvaient le voir, mais en fait, quand on ne valide pas
un propos surtout qui est comme ça très personnel, ça reste des suppositions.
Donc les gens supposaient.
Ma famille supposait, mes amis supposaient,
mais ils savaient pas à quel point ça me bouffait la vie.
沙发还没有被抢走,赶紧过来坐会吧