法语助手
2023-11-29
On dit que le français est la langue de Molière.
Mais au fait, qui est Molière?
Jean-Baptiste Poquelin, de son vrai nom,
vit pendant le grand siècle celui du roi soleil, Louis XIV.
Écrivain, acteur, maître en scène, il multipliait les casquettes.
Enfin, à l'époque, c'était plutôt les perruques.
Il est né en 1622 dans une famille bourgeoise.
Son père est tapissier pour le roi.
Enfant, Jean-Baptiste aime se promener dans les rues de Paris.
Ce qu'il préfère, ce sont les foires,
où l'on peut voir des saltimbanques faire des acrobaties.
Le destin de Jean-Baptiste semble tout tracé.
Il prendra la suite de son père et deviendra tapissier du roi.
Pour être digne de cette place, il lui faut une formation solide et une bonne culture générale.
Il entre donc au collège de Clermont, aujourd'hui Louis le Grand, à Paris.
Dans des classes immenses, plus de 200 élèves travaillent en silence.
Comme ils sont sages!
Ils étudient les mathématiques, la philosophie et les tragédies grecques.
Le soir, avec ses camarades, Jean-Baptiste s'amuse à réciter les dialogues enflammés des pièces de Sophocle ou de Ripide.
En 1643, il rencontre la famille Béjar,
où l'on est comédien de génération en génération.
Jean-Baptiste rêve de les rejoindre.
Il hésite.
N'est-il pas déjà promis à une confortable carrière?
Et puis, c'est un choix lourd de conséquences.
A l'époque, les comédiens sont excommuniers,
ce qui veut dire renier de l'Église.
Pour Jean-Baptiste, qui est catholique, c'est une idée effrayante.
Finalement, la tentation est trop forte.
Il fonde avec les Béjars la troupe de l'Illustre Théâtre et prend un nom de scène, Molière.
Personne n'a jamais su ce que cela voulait dire.
Faire des spectacles coûte cher, surtout à Paris.
Molière a de sérieux problèmes d'argent.
Il passe même quelques jours en prison.
Heureusement, son père le fait libérer.
Puisque la capitale ne veut pas de lui, Molière part en province avec sa troupe.
Grenoble, Lyon, Nantes, Bordeaux.
Cette grande tournée dans toute la France durera une douzaine d'années.
On joue des auteurs classiques,
mais aussi les premières farces écrites par Molière,
comme Le Médecin volant ou La Jalousie du barbouillé.
Le public raffole de ces courtes pièces rigolotes.
Au XVIIe siècle, le statut d'intermittent du spectacle n'existe pas encore.
Pour survivre, les comédiens doivent trouver un protecteur,
une personnalité riche, de préférence noble,
qui va leur donner de l'argent.
Durant toutes ces années sur les routes de France,
la troupe de Molière passe de protecteur en protecteur jusqu'à ce que le prince de Conti assiste à une représentation.
Ce n'est pas n'importe qui.
Admiratif, il prend Molière et ses amis sous sa protection personnelle et leur verse une pension pendant quelques années.
Fort de ces années d'expérience et d'un succès toujours croissant,
Molière décide de retenter sa chance à Paris.
Philippe d'Orléans, qui n'est autre que le frère du roi,
accepte de devenir son protecteur.
C'est ainsi que le 24 octobre 1658, la troupe est invitée au Palais du Louvre pour jouer devant le duc en présence de son frère,
le grand Louis XIV.
Tous les comédiens le traquent.
Ils présentent Nicomède, une tragédie de Corneille,
et le public s'ennuie et bâille.
Molière enchaîne alors sur sa pièce Le Docteur Amoureux, et miracle, le roi rit aux larmes.
Louis XIV a tellement apprécié la farce de Molière qu'il le prend sous sa protection et installe la troupe au Petit Bourbon,
puis au Théâtre du Palais-Royal.
Refroidi par l'échec de Nicomède, Molière a compris que la tragédie,
ce genre noble, n'était pas pour lui.
Qu'importe!
Il rendra noble la comédie.
En 1659, il écrit Les Précieuses Rédicules,
une pièce comique où il utilise le rire comme une arme pour dénoncer les travers de son temps.
C'est ce qu'on appelle la satire.
En 1662, il récidive avec L'École des femmes,
dans laquelle il dénonce l'asservissement des femmes et la société.
Et ça ne plaît pas à tout le monde.
La même année, Molière épouse la cadette de la famille Béjar,
Armande, qui a 20 ans de moins que lui.
Elle aussi est comédienne et joue dans de nombreuses pièces de son mari.
En février 1664, le couple donne naissance à un petit Louis.
Pour montrer son amitié envers Molière,
le roi accepte d'en être le parrain.
C'est un immense honneur.
Et ce n'est pas fini.
Bientôt, la troupe de Molière devient officiellement la troupe du roi.
Et Louis XIV, qui aime la danse plus que tout,
participe même à quelques comédies-ballets.
S'il a les faveurs du roi, Molière ne cesse de provoquer des polémiques.
Il n'a pas peur de critiquer les puissants et de remettre en cause les excès de la religion comme d'Orson tartuffe.
En 1664, la pièce est jugée choquante et interdite.
Puis, l'année suivante, Don Juan est censuré à son tour.
On lui reproche de prôner le libertinage et de blasphémer.
Cela va loin.
L'archevêque de Paris annonce qu'il excommuniera tous les spectateurs.
Heureusement, Louis XIV prend sa défense.
Une nouvelle version du Tartuffe est autorisée en 1669.
À la fin de sa vie, Molière est très malade.
Le 17 février 1673, il monte, sans le savoir,
pour la dernière fois sur les planches pour jouer Le Malade imaginaire,
sa nouvelle création.
Il y tient le rôle principal.
Il joue si bien que, lorsqu'il s'écroule sur scène,
la foule applaudit avec joie.
Molière ne se relèvera pas.
En réalité, il a fait un très grave malaise et meurt quelques heures après.
Se doutait-il que, des siècles plus tard,
ses comédies auraient toujours autant de succès?
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